Marie Melikov, Senior Estate Planner chez Degroof Petercam Luxembourg.  Maison Moderne

Marie Melikov, Senior Estate Planner chez Degroof Petercam Luxembourg.  Maison Moderne

En marge de la philanthropie traditionnelle, une pratique gagne en importance: la venture philanthropie. Si les deux peuvent cohabiter, l’apport du donateur est différent. Son engagement, le montant octroyé et les risques pris sont dans ce cas-ci bien supérieurs aux dons habituellement observés.

C’est durant les années 90, aux États-Unis, que le terme de venture philanthropie voit le jour. Au sein de la Silicon Valley, les jeunes entrepreneurs ayant fait fortune rapidement ressentent l’envie de s’impliquer dans la société et redonner à celle-ci les opportunités dont ils ont eux-mêmes bénéficié (give back). « Ces derniers souhaitaient appliquer les méthodes du capital risque à la philosophie du don. Nous avons donc vu émerger cette nouvelle notion avec des caractéristiques spécifiques », explique Marie Melikov, Senior Estate Planner chez Degroof Petercam Luxembourg.

Le philanthrope pleinement engagé

La première des caractéristiques de la venture philanthropie est son engagement très fort sur une approche à long terme. L’objectif du donateur est de supporter des projets qui vont avoir un impact social. « Nous voyons émerger d’autres types de financement que le don : emprunts à taux zéro, investissements en equity, financements hybrides, etc. Les modalités du support financier vont dépendre de nombreux facteurs comme la nature du projet, la maturité de l’ONG/entreprise sociale, son business model et la possibilité qu’elle a de fonctionner sur ses fonds propres et de devenir financièrement autosuffisante. »

En outre, ce support n’est pas uniquement financier. Pour augmenter la capacité des projets supportés, ces philanthropes ouvrent également leur réseau, assurent des coachings, mènent des réflexions sur la mise en place de stratégies de développement.  

Une troisième spécificité de la venture philanthropie est directement liée au monitoring de l’impact. « Une attention importante est donnée à la manière de mesurer les changements créés par les projets et à l’utilisation de ces informations pour redéfinir les activités et effectuer ou non des aménagements. Le soutien va être plus long, mais dans une optique de développer les capacités d’autonomie des ONG. »

Nous voyons émerger d’autres types de financement que le don: emprunts à taux zéro, investissements en equity, financements hybrides, etc.

Marie MelikovSenior Estate PlannerDegroof Petercam Luxembourg

Enfin, les montants donnés et l’implication du philanthrope sont généralement plus importants. Ce type d’engagement est donc réservé à une certaine catégorie de philanthrope. « Comme dans le venture capital, le risque fait partie de la venture philanthropie. Le donateur prend des risques, car il espère avoir un impact systémique et affiche des objectifs ambitieux qui peuvent toutefois rencontrer des échecs. » De ce fait, le processus de sélection des bénéficiaires est davantage approfondi et sélectif, le philanthrope préférant généralement se concentrer sur le financement de projets et associations différenciants et pouvant passer à une échelle supérieure.  

Un soutien aux projets prometteurs

Si la tendance de la venture philanthropie est particulièrement forte aux États-Unis, elle est encore timide en Europe. La frontière entre celle-ci et la philanthropie traditionnelle y est encore trop poreuse. Il existe toutefois l’association EPVA (European Venture Philanthropy Association) qui réunit près de 200 membres qui pratiquent la venture philanthropie dans divers domaines tels que l’éducation, la recherche, etc.

La Fondation Degroof Petercam s’attelle à mettre en pratique les principes de la venture philanthropie en collaborant avec des entrepreneurs sociaux et des innovateurs qui apportent des solutions en faveur de l'emploi et de la prospérité. Ces projets peuvent être situés au Luxembourg, en Belgique et en France. « Il y a quatre  ans, nous avons mené une réflexion profonde sur la stratégie de la Fondation afin d’y  appliquer les principes de la venture philanthropie. Son positionnement est de pouvoir octroyer annuellement à un lauréat un support financier d’un million d’euros, mais également un support extra-financier durant cinq ans. Nous lui mettons à disposition nos compétences et nos relations pour l’aider à développer un beau projet. »

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