L’ensemble de l’Îlot gastronomique comporte quatre bâtiments destinés à une activité commerciale. Trois des neuf cellules sont actuellement occupées. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

L’ensemble de l’Îlot gastronomique comporte quatre bâtiments destinés à une activité commerciale. Trois des neuf cellules sont actuellement occupées. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Aucun des participants présents mercredi au Royal n’a émis d’offre pour racheter l’Îlot gastronomique situé derrière le palais grand-ducal. La mise en vente est donc annulée, du moins pour l’instant.

Entre rires et chuchotements, l’atmosphère était particulière, mercredi après-midi au Royal, où avait lieu .

Une quarantaine de personnes étaient réunies dans l’un des salons de l’hôtel Le Royal, où l’étude du notaire Pierre Metzler organisait la vente aux enchères. «Est-ce que quelqu’un a une mise?», demande l’adjudicateur à l’assemblée vers 15h20.

Le silence règne, devient même pesant. «J’attends une mise pour les quatre positions en bloc», ajoute-t-il plus tard en français dans le texte. L’homme déambule alors parmi les rangées de participants, ou plutôt de spectateurs.

«Nous venons juste pour regarder», rétorque une dame assise au deuxième rang. Les minutes s’écoulent, et l’atmosphère de cette partie de «roi du silence» devient de plus en plus pesante.

«Qui a de l’argent?», dit en souriant l’adjudicateur sur le coup de 15h30. Quelques rires fusent, les langues commencent à se délier aux quatre coins du salon, mais, pour Me Pierre Metzler, toujours aucun acheteur à l’horizon.

À 15h47, le notaire confirme qu’aucune mise n’a été faite. «La famille a décidé d’annuler la vente en l’absence de mise», dit-il à l’assemblée. Les participants commencent alors à se lever et à quitter les lieux.

Communication par avocats interposés

«Je ne suis pas déçue, je pense que la famille Nilles, qui est propriétaire des lieux, veut se débarrasser de quelque chose de très compliqué à entretenir, d’ailleurs ils ne remettent pas l’infrastructure aux normes», confie Verena Duhr, locataire d’une cellule au sein de l’Îlot gastronomique avec son mari, le chef Thierry Duhr.

Dans leur restaurant Le Bouquet Garni, les problèmes liés à l’infrastructure s’ajoutent à ceux et de . Absence d’eau chaude, mais aussi de grille pour empêcher des personnes mal intentionnées de commettre des dégradations dans le passage situé sous le restaurant… les soucis ne manquent pas, et le couple est lié à un contrat de bail «de longue durée» avec la propriétaire Mado Funck, la veuve de Léon Nilles.

À chaque fois que l’on demande au propriétaire de réparer quelque chose, cela passe par des échanges entre avocats.

Verena Duhrlocataire

«À chaque fois que l’on demande au propriétaire de réparer quelque chose, c’est très compliqué, et cela passe par des échanges entre avocats», peste-t-elle. Actuellement, seules trois des neuf cellules du complexe sont occupées.

De son côté, Tanja de Jager souligne la complexité de la situation: outre les manquements aux normes en vigueur, toute demande de modification doit passer par le Service des sites et monuments nationaux. Un point relevé dans son introduction par Me Pierre Metzler, qui a rappelé à l’assemblée que l’édifice est classé et qu’il doit être occupé pour des activités commerciales.

La porte reste ouverte

C’est sur l’un des murs de l’Îlot gastronomique que s’affiche un morceau de l’histoire du Luxembourg, avec la célèbre devise «Mir wëlle bleiwe wat mir sinn». Mais pour la patronne du Dipso et sa voisine Hilary Porteous du restaurant Am Tiirmschen, leur préférence porte plutôt sur «Mir wëlle bleiwe wou mir sinn». Et pour ce faire, il faudra un propriétaire déterminé à mettre la main au portefeuille.

La solution logique à venir, c’est que la Ville de Luxembourg rachète l’Îlot gastronomique.

Tanja de Jagerlocataire

«À mes yeux, la solution logique à venir, c’est que la Ville de Luxembourg rachète l’Îlot gastronomique», avance Tanja de Jager. La fin de la vente publique ne sonne pas pour autant celle de l’opération, puisqu’un acheteur peut toujours se manifester auprès du notaire. Avis aux amateurs.