Le fait que le variant Gamma soit dominant au Luxembourg depuis deux semaines n’est qu’un phénomène ponctuel, dû à un important cluster, et le variant Delta devrait redevenir majoritaire à terme, selon le docteur Trung Nguyen Nguyen, du Laboratoire national de santé (LNS). Et, si le Luxembourg, désormais en zone rouge, est dans une situation inconfortable face au Covid-19, la situation n’est pas pour autant trop inquiétante, les hôpitaux étant protégés par la vaccination, qui diminue le nombre de formes sévères. Mais le risque est que la circulation du virus, toujours active, provoque des mutations aboutissant à des variants plus résistants face aux vaccins.
Dans les deux dernières études Revilux réalisées par le LNS, le variant Gamma est majoritaire dans le pays. S’agit-il d’un phénomène ponctuel ou ce variant est-il destiné à rester dominant?
Dr Trung Nguyen Nguyen. – «Avec la Fête nationale, un ou deux gros clusters d’environ 60 personnes ont eu lieu avec le variant Gamma. Puis, les gens sont revenus à la maison et ont contaminé d’autres personnes… Or, puisque le Luxembourg est un petit pays et que le virus circule faiblement, un gros cluster suffit pour modifier complètement les résultats.
Mais le variant Delta est beaucoup plus contagieux que les autres variants. Et, bien que cela soit masqué par le variant Gamma, il progresse.
Le variant Delta devrait donc redevenir majoritaire, à terme?
«Le Luxembourg est le seul pays où le variant Gamma est dominant. Dans la majorité des autres pays européens, le variant Delta est dominant. Et c’est le cas de la France, de l’Allemagne et de la Belgique. Donc d’ici quelques semaines, avec les échanges, le variant Delta submergera les autres. Mais on ne sait pas quel est le délai de basculement.
De manière générale, les hospitalisations augmentent légèrement (17 personnes hospitalisées, dont 6 en soins intensifs) et les contaminations se stabilisent sur un plateau assez élevé. La situation est-elle inquiétante?
«Avec un taux d’incidence de plus de 100 pour 100.000 habitants, le Luxembourg est actuellement considéré comme une zone rouge, donc la situation est inconfortable.
Mais 80% des contaminés ont moins de 40 ans. Et l’avantage est que, désormais, les personnes vulnérables sont vaccinées. Donc, même si quelques personnes sont hospitalisées, cela reste très faible en soins intensifs. Les capacités restent ainsi très importantes, avec seulement 5% des lits en soins intensifs utilisés pour le moment.
Mais le virus circule toujours, et le risque est qu’il mute. Or, si les vaccins fonctionnent bien sur les variants, des évolutions restent possibles, avec plus de résistance face aux vaccins.
Dans d’autres pays européens, l’épidémie retrouve une dynamique exponentielle, et certains renforcent les mesures anti-Covid. Le Luxembourg est-il dans une situation plus favorable?
«La stratégie du Luxembourg a été différente de celle d’autres pays. Certains, comme le Royaume-Uni, ont décidé d’administrer une première dose au plus grand nombre. Mais, en cherchant l’immunité collective, les personnes à risque sont moins protégées.
Au Luxembourg, l’idée était de favoriser la population à risque, en administrant en priorité deux doses aux plus fragiles et aux plus exposés. D’où cette diminution des hospitalisations.
Mais il est désormais nécessaire de vacciner les plus jeunes pendant l’été. Car, à la fin du mois d’août, avec la fin des vacances, la rentrée et des températures plus froides en automne, le virus risque de circuler encore davantage.»