Valérie Ballouhey-Dauphin a pratiqué tout au long de sa carrière une conduite responsable des affaires.  (Montage : Maison Moderne)

Valérie Ballouhey-Dauphin a pratiqué tout au long de sa carrière une conduite responsable des affaires.  (Montage : Maison Moderne)

Dans son numéro Women on board, Paperjam met en lumière plus de 100 profils de femmes prêtes à rejoindre un conseil d’administration. Tout au long du mois de mars, découvrez divers profils de femmes ainsi que leurs points de vue et leurs idées pour un meilleur équilibre des genres dans les instances de décision. 

Consultante et administratrice indépendante, occupe plusieurs mandats, comme vice-présidente du Liser, administratrice de Northern Trust Global Services SE et vice-présidente de la Fondation Prairial. 

Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés en tant que femme administratrice indépendante?

«Selon moi, comme pour tout administrateur indépendant, le principal défi rencontré est celui du développement continu de ses connaissances et en particulier la considération des mégatendances et des enjeux sociétaux.

 Comment gérez-vous les éventuelles résistances ou le scepticisme à votre égard?

«Rejoindre un conseil d’administration, c’est rejoindre une équipe, faite de personnalités et d’expériences diverses, dont la mission est de parvenir à dégager une prise de décision éclairée et commune autant que possible. Je suis convaincue qu’il est primordial de jouer la carte de l’authenticité, ‘être vrai’ et rester ouverte aux différences de chacun. 

Pensez-vous que l’égalité hommes-femmes progresse au sein des conseils d’administration? 

«Selon les données publiées pour le Luxembourg (Eurostat), la progression en pourcentage de femmes dans les conseils d’administration au cours des 10 dernières années (2013-2023) est la suivante: 11,3% à 23,5%. Cela étant, nous restons bien loin des objectifs fixés aux entreprises cotées selon à horizon 2026, soit que ‘les membres du sexe sous-représenté occupent au moins 40% des postes d’administrateurs non exécutifs’.

Au-delà du nombre de femmes dans les conseils d’administration, il est primordial sur le plan qualitatif de ne pas confondre ‘égalité’ des genres avec ‘homogénéité’ des genres. Il est essentiel en effet de considérer les spécificités et approches propres à chaque genre.

Que pensez-vous des quotas pour les femmes dans les conseils? Sont-ils nécessaires ou contre-productifs, selon vous?

«Dans l’intérêt de sa compétitivité dans le temps et considérant la situation particulière du Luxembourg, soit peu d’entreprises cotées et une progression naturelle lente de la proportion de femmes dans les organes de direction et conseils d’administration, il est indispensable de fixer un cadre légal national imposant des objectifs quantitatifs applicables à un plus large périmètre d’entreprises/institutions. À l’instar des dispositions légales en vigueur dans d’autres pays européens, comme en France par exemple avec les lois: Coppé-Zimmerman et Rixain.

En tant que femme administratrice, sentez-vous une responsabilité particulière de défendre les questions de parité et d’inclusion?

«En tant qu’administratrice, je suis notamment en responsabilité de soutenir la compétitivité de l’entreprise/l’institution, ce qui suppose de facto de disposer d’ambitions claires et de plans d’action effectifs en faveur de la diversité et de l’inclusion, facteurs clés de différenciation. Sans pour autant ressentir une responsabilité particulière liée à mon genre, je porte évidemment de tels sujets tant du fait de mes valeurs que des enjeux de performance.

 Selon vous, comment la diversité influence-t-elle la performance d’un conseil d’administration?

«Je suis d’avis que la qualité d’un board est dépendante de la diversité et de l’équilibre de sa composition tout comme de la compétence et de l’éthique de ses membres.

 Selon vous, quelles solutions ou quelle politique pourraient encourager une meilleure parité?

«Définir dans le règlement d’ordre intérieur du conseil d’administration les exigences attendues quant à la composition du conseil est une étape fondamentale de gouvernance. Il s’agit de fixer et revoir régulièrement des objectifs de représentation en genre, en expertise, ou tout autre facteur de performance identifié pour assurer la qualité des prises de décisions.

 Quel conseil donneriez-vous à une femme qui hésiterait à se lancer?

«Je recommanderais de rencontrer des administrateurs sources d’inspiration afin de bénéficier de leur retour d’expérience.

 Pour finir, avez-vous une anecdote ou un moment marquant dans votre parcours qui illustre la réalité d’être une femme dans ce rôle?

«J’ai fait le choix depuis plusieurs années de rejoindre le à Luxembourg. Cette plateforme de mise en relation entre les femmes administratrices effectives (ou en devenir) joue un rôle essentiel également pour accompagner les entreprises/institutions dans leur processus de recrutement de leurs futures membres de conseil d’administration.

Que conseilleriez-vous concrètement à une jeune femme qui voudrait prendre sa place dans la société? Que lui déconseilleriez-vous?

«En tant que mentor de plusieurs femmes, j’ai l’opportunité de les accompagner pour qu’elles identifient ‘la place’ qu’elles souhaitent occuper, au plus proches de leurs valeurs, afin que ‘l’empreinte’ qu’elles aspirent à laisser dans le temps soit pleine de sens pour elles.»