Vincent Hein: «Pour l’heure, les ordres de grandeur entre les secteurs sont les mêmes que ceux enregistrés en 2019, une année ‘normale’.» (Photo: Matic Zorman / archives Maison Moderne)

Vincent Hein: «Pour l’heure, les ordres de grandeur entre les secteurs sont les mêmes que ceux enregistrés en 2019, une année ‘normale’.» (Photo: Matic Zorman / archives Maison Moderne)

Un nouvel indicateur est disponible dans le Tableau de bord économique et social d’Idea: le nombre de faillites prononcées au Luxembourg, fourni par le Statec et le ministère de la Justice.

Force est de constater que la crise déclenchée par la pandémie n’a pas encore eu d’effets visibles sur les faillites, si ce n’est une chute spectaculaire de ces dernières au mois d’avril en raison du confinement qui a perturbé le fonctionnement des chambres commerciales. Entre janvier et octobre, 988 faillites ont été enregistrées, soit une baisse de 3% sur un an. Au premier semestre, elles ont concerné 900 salariés, soit 109 de moins qu’au premier semestre 2019.

Si l’on exclut les holdings et les fonds de placement (365 cas), c’est dans le commerce que les faillites sont les plus nombreuses (169), suivi du secteur de la construction (98), des activités spécialisées, scientifiques et techniques (85) et de l’horeca (68). Pour l’heure, les ordres de grandeur entre les secteurs sont les mêmes que ceux enregistrés en 2019, une année «normale».

C’est dans les prochains mois qu’il faudra surveiller le niveau de faillites. Pour traverser cette crise, les entreprises luxembourgeoises bénéficient de «pansements d’urgence» permettant d’assurer leurs fonctions vitales, comme le chômage partiel, les garanties de prêt, les aides directes et indirectes, les échéances fiscales et de charges sociales rallongées, etc. Certaines d’entre elles peuvent aussi compter sur des réserves accumulées par le passé. Il n’en demeure pas moins, vu la nature de la crise, qu’elles auront été nombreuses à avoir subi un choc significatif sur leur bilan et qu’elles pourraient bien manquer de liquidités pour financer les besoins en fonds de roulement qui vont augmenter… précisément lorsque l’activité économique reprendra.

Pour les entreprises les plus touchées par la pandémie, le moment de la reprise sera probablement celui de la nécessité de repasser des commandes, de rappeler les salariés en chômage partiel, de payer les factures échues, à quoi pourraient s’ajouter une baisse de l’ampleur du soutien public et les inévitables remboursements d’avance obtenus au plus fort de la récession (charges sociales, impôts, loyers, aides remboursables, crédits). Sans compter que les banques, dans un contexte de risque accru, pourraient bien resserrer les conditions de crédit, en particulier pour les entreprises dont la solidité financière s’est érodée.

Avec la reprise, il sera donc nécessaire de réfléchir à une évolution des dispositifs d’aide offrant suffisamment de souplesse pour éviter à tout prix des défauts de paiement provoqués par un éventuel débranchement sec du soutien, aussitôt que les niveaux d’activité d’avant la crise seront retrouvés. Des mécanismes de conversion des dettes en capitaux propres sont également une piste à explorer pour contrer ce risque.