Thierry Raizer, rédacteur en chef de Paperjam. (Photo: Maison Moderne / archives)

Thierry Raizer, rédacteur en chef de Paperjam. (Photo: Maison Moderne / archives)

Où sont passés les messages de soutien adressés en temps réel au personnel soignant sur les réseaux sociaux? Que sont devenus les dessins placardés aux fenêtres des maisons pour remercier ici le facteur, et là les éboueurs? Les travailleurs qui, derrière leurs plexiglas ou leurs masques, ont participé à la continuité de la vie, et surtout de notre confort de vie, au plus fort de la crise seraient-ils retombés dans l’oubli collectif?

Le retour à une certaine forme de normalité donne l’impression d’avoir relégué au rang de souvenir un élan de solidarité que le Premier ministre a pourtant loué durant une Fête nationale limitée cette année à sa plus simple expression en raison de la crise.

«Le Luxembourg n’est pas une île», . Oui, le Grand-Duché fait face, comme les autres nations, à un virus à l’évolution insaisissable et aux conséquences inédites. Oui, ses habitants et les frontaliers () sont tentés de reprendre le cours d’une vie brutalement interrompue mi-mars. Quoi de plus normal que de vouloir passer du temps auprès des siens, ou, tout simplement, profiter d’un été d’ores et déjà marqué par de sérieux signes de sécheresse? Mais cette «normalité» retrouvée est en trompe-l’œil. «Notre peur diminue, notre capacité à être disciplinés aussi, alors que le virus est toujours là.» Ce constat, implacable, par le CEO du Luxembourg Institute of Health, . Il invitait chacun à se faire tester et à faire preuve de vigilance. Une attitude bienvenue pour protéger, outre les plus faibles, les travailleurs de la santé, qui risqueraient d’être remis sous pression en cas de seconde vague d’épidémie. Sans parler de l’économie, qui présente d’ores et déjà d’importants stigmates, comme nous le détaillons dans les pages de ce numéro d’un été décidément pas comme les autres.

D’une vague à l’autre, les citoyens gardent leur capacité à se mobiliser en temps de crise (quitte à flirter avec les interdits des gestes barrières), portés par une indignation souvent contenue au Luxembourg, , organisée en mémoire de . Si la situation des rapports avec la police n’a rien de comparable à Luxembourg-ville ou à Esch, la mobilisation des jeunes (à défaut de descendre à nouveau dans la rue pour défendre le climat) réunis devant l’ambassade américaine prouve, une fois de plus, que , ou toute forme de discrimination ethnique ou religieuse.

Entre deux vagues, gageons que cet esprit d’union autour de causes importantes qui a contribué à la bonne gestion de la crise puisse apporter son lot de réflexions sur le long terme. Car la prochaine vague, bien plus importante, menace déjà, .