Pour se faire vacciner au pop-up de la gare de Luxembourg, il fallait faire preuve de pas mal de patience ce lundi. (Photo: Maison Moderne)

Pour se faire vacciner au pop-up de la gare de Luxembourg, il fallait faire preuve de pas mal de patience ce lundi. (Photo: Maison Moderne)

Jusqu’à deux heures d’attente pour se faire vacciner au pop-up de la gare, de longues files devant les pharmacies ou des créneaux de rendez-vous complets: la matinée de lundi, premier jour ouvrable sous CovidCheck au travail, aura été chargée.

Des files d’attente se sont formées ce lundi 17 janvier au matin devant les pharmacies du pays. Une demande accrue de dépistage Covid en raison du premier jour ouvrable sous CovidCheck au travail. «C’est le rush», confirme Sandes, responsable parapharmacie à la Pharmacie du Globe à Luxembourg, depuis la petite tente sur le trottoir où sont effectués les prélèvements, sans rendez-vous. «Beaucoup ont anticipé et étaient là très tôt, d’autres sont arrivés plus tard dans la matinée parce que leur employeur les a renvoyés», décrit-elle.

À 8h, la file s’allongeait sur une soixantaine de mètres jusqu’à la banque BGL BNP Paribas du quartier Gare. La pharmacie a réalisé plus d’une centaine de tests en une matinée, dont une dizaine de PCR, les autres étant des antigéniques rapides certifiés. Elle s’attend à un nouveau pic en fin de journée. Même si ce n’est pas un record pour l’établissement, qui réalise en moyenne entre 300 et 400 tests par jour.

Entre tests et télétravail

La situation s’était cependant un peu calmée lors de la pause déjeuner. Un peu moins d’une dizaine de personnes faisaient la queue sur le trottoir. Dont Nermin, professeur en droit en France, qui travaille pendant plusieurs mois au Luxembourg pour fournir des conseils juridiques. «J’ai des horaires variables donc je peux m’organiser», explique-t-il. Il s’est arrangé pour rester chez lui trois jours par semaine depuis l’entrée en vigueur du CovidCheck le 15 janvier, ce qui lui évite des tests quotidiens. «Je suis d’avis que ce qui se passe ici, c’est un système totalitaire», peste-t-il. Le budget tests ne lui pose «pas de souci, mais je connais beaucoup de gens pour qui c’est un problème».

Devant, Julie (le prénom a été modifié pour l’article) attend son résultat. Pour elle, «c’est une routine», raconte cette employée d’une administration publique sous CovidCheck depuis novembre. Elle a réussi à s’accorder avec son employeur pour télétravailler trois jours par semaine, ce qui lui permet de s’en sortir avec deux tests par semaine. Elle les réalise la veille de son jour de présence, durant la pause de midi. «Il m’est arrivé d’attendre trois heures dans le froid, je ne le ferai plus.» Même si la situation se poursuivait et que son employeur ne lui permettait plus de télétravailler, «je ne céderai pas au vaccin, il y a beaucoup trop d’effets secondaires», assure-t-elle. Juste à côté d’elle, Clément vient de recevoir son certificat, qui lui permettra de voyager au Portugal. Même s’il est vacciné, il a besoin du résultat d’un test négatif pour se rendre à l’étranger dans le cadre de son travail, une fois par semaine. Il a profité du calme du midi pour le réaliser.

Quelques tests entre deux rendez-vous

De son côté, Olivier a choisi le centre de tests à 15 euros de la Ville de Luxembourg, place du Théâtre. «Je fais mon test pour cet après-midi et demain matin», explique-t-il. Son entreprise est passée sous CovidCheck depuis samedi. «Il faut faire avec», regrette-t-il, avant de retourner au travail.

Pas de file devant la Pharmacie Hamilius, puisqu’elle ne prend les patients que sur rendez-vous. Mais «c’est complet pour la journée», témoigne le pharmacien Jeremy Parofrio. Ce qui n’est pas inhabituel, la demande étant forte depuis novembre, avec une légère accalmie pendant la période des fêtes. Seulement, depuis ce lundi et la mise en place du CovidChek obligatoire au travail, la pharmacie a enregistré des demandes de test sans rendez-vous, environ 15 en une matinée. «Nous avons réussi à les prendre entre deux patients en nous organisant.» La pharmacie peut réaliser une soixantaine de tests antigéniques rapides certifiés par jour.

La vaccination, à contrecœur…

Du monde, il y en avait aussi au pop-up de la gare de Luxembourg. Certains sont arrivés de bonne heure, alors que les injections ont lieu entre 10h et 16h. À raison, puisque «dans la matinée, on a connu des pics avec deux heures d’attente». Les infirmiers n’ont guère connu de répit, un patient suivant un autre. 

L’attente est sereine, sous les yeux du personnel de sécurité des CFL. Mais dans une ambiance maussade. La plupart sont en effet venus à reculons.

«Oui, je suis là vraiment à contrecœur, pour ma seconde injection», commente Patricia (le prénom a été modifié pour l’article). Elle n’est pas anti-vaccin, ne nourrit guère de craintes, mais «je ne vois pas l’utilité de tout cela. Il y aura d’autres variants. Ne ferait-on pas mieux de laisser filer l’épidémie? À un moment, il faudra que cela s’arrête, on ne va pas se faire vacciner et revacciner jusqu’à la fin des temps.»

Tout comme Michel (le prénom a été modifié pour l’article), lui aussi travailleur frontalier, c’est le CovidCheck au travail qui lui impose la vaccination. «Nous sommes des moutons», peste Michel, qui attend depuis plus de 45 minutes. «On se laisse faire sans rien dire, sans rien faire…» Il vient lui aussi pour une seconde dose, en urgence. «Je ne pensais pas avoir atteint la date limite, mais j’ai été refusé dans un établissement horeca le week-end passé. Pas moyen de prendre un rendez-vous, c’est complet, alors je dois venir ici.»

Sa colère, il la tourne vers les experts et le gouvernement. «Si nous sommes des moutons, ils nous prennent aussi pour des ânes. On nous a dit qu’une dose suffirait. Puis deux, puis trois… Il y en a assez. Alors, on nous met au pied du mur et on nous oblige à nous vacciner. On n’est quand même pas dans une dictature ici? Il semble bien que si…»