De la préparation à l’injection, dans les coulisses de la vaccination Covid au CHL. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

De la préparation à l’injection, dans les coulisses de la vaccination Covid au CHL. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

Le CHL a déjà vacciné plus de 500 membres de son personnel contre le Covid-19 et compte atteindre les 1.500 d’ici mi-février. Du stockage à -80°C jusqu’à l’administration en cinq minutes par patient, nous avons suivi le parcours du vaccin.

Étape 1: la livraison

Tout a démarré le lundi 11 janvier, lorsqu’une livraison spéciale est arrivée au Centre hospitalier de Luxembourg (CHL). Une camionnette blanche de Pfizer-BioNTech a apporté 195 flacons de Comirnaty – le nom donné à leur vaccin contre le Covid-19 – rangés dans des cartons réfrigérés. Avant cela, «les vaccins viennent de Belgique, mais je pense que la production est américaine pour l’instant», devine le responsable de la pharmacie du CHL, Grégory Gaudillot.

Cette première étape a permis le lancement de la campagne de vaccination interne à l’hôpital dès le lendemain, le 12 janvier. Une semaine plus tard, la seconde commande de 195 flacons arrivait. La troisième est prévue pour le 3 février. De quoi vacciner environ 1.500 personnes d’ici mi-février, en comptant les 528 qui l’avaient déjà été lors de notre visite, le vendredi 22 janvier au matin. 187 ont également reçu leur première dose au centre de vaccination du Limpertsberg. Le CHL espère de nouvelles livraisons, afin d’atteindre, à terme, «70% du personnel», soit 2.520 personnes.

Étape 2: la conservation

Aussitôt arrivés, les vaccins sont manipulés avec des gants, pour être rangés en trois minutes au plus dans un grand congélateur permettant de les conserver à -80°C. L’appareil ne vient pas de la luxembourgeoise , mais de Snijders Labs, aux Pays-Bas. «Il a fallu agir vite», justifie Grégory Gaudillot. L’entreprise locale était en rupture de stock, il a donc fallu choisir avec celui qui pouvait livrer «en quinze jours», pour 16.000 euros avancés. Le CHL a quand même réussi à récupérer un appareil de décongélation de B Medical Systems, placé juste à côté du congélateur. Pour le vaccin de Moderna – dont il devrait recevoir 300 doses début février – qui doit être conservé entre -40 et -20°C, l’hôpital dispose déjà du matériel adéquat.

Les deux appareils sont sous haute surveillance, branchés sur des prises de couleur rouge, permettant de les garder alimentés en électricité «plusieurs heures» en cas de coupure de courant. Un petit toit les protège d’éventuelles fuites. Et s’il y a un quelconque dysfonctionnement au niveau de la température, un pharmacien de garde est aussitôt averti, de jour comme de nuit – un vaccin qui n’est plus congelé devant être utilisé dans les cinq jours.

Étape 3: la préparation

Chaque soir, un nuage de fumée entoure la dizaine de flacons lorsqu’ils sont sortis du super-congélateur, pour être transférés dans son antipode, qui sert à la décongélation. Le lendemain matin, à 8 heures, un préparateur (sur les deux qui sont dédiés au vaccin Covid) en récupère la moitié.

Chapeau sur la tête, masque sur le nez et gants recouvrant ses mains, il s’applique d’abord à monter les aiguilles sur les seringues, en vissant au maximum. Une manière de «diminuer le volume mort», nous explique Grégory Gaudillot. Les seringues sans volume mort ou à faible volume mort permettent de récupérer six doses par flacon au lieu de cinq. , nous explique le pharmacien, mais après avoir travaillé leur technique de vissage, les préparateurs font maintenant «systématiquement six doses par flacon».

0,3ml sont prélevés pour chaque seringue. Les flacons ne sont pas tous remplis de la même manière, et il reste parfois des surplus, que les autorités sanitaires n’autorisent pas à mélanger entre eux pour faire une septième dose. Le CHL les utilise donc pour tester les personnes qui pourraient potentiellement être allergiques à des composants du vaccin, comme le polyéthylène glycol, présent dans plusieurs produits cosmétiques.

La préparation reste stable six heures, et il faudra renouveler le processus en début d’après-midi, avec l’autre moitié de flacons.

Une fois préparées, les seringues sont étiquetées et contrôlées par un pharmacien. Le tout prend un peu moins d’une heure.

Étape 4: de la pharmacie au centre de vaccination

Après cela, le préparateur range toutes les seringues dans une petite boîte opaque, de couleur aluminium, et les transporte jusqu’au centre de vaccination, situé au rez-de-chaussée, dans une annexe du service Pédiatrie. Un trajet de quatre minutes où le vaccin reste protégé de toute lumière. «L’ARN (acide ribonucléique, ndlr) est fragile», explique Grégory Gaudillot. «Tout est cadencé», pour que les doses arrivent à destination à 9h05, heure de la première injection de la journée. Le préparateur installe quelques seringues dans des plateaux, avec pour chacune, un pansement et une compresse.

Étape 5: l’injection

Une dizaine de minutes plus tôt, le premier patient, Jean-Claude, avait déjà pris place en salle d’attente. Il a rendez-vous à 9h. «Je suis quand même une personne à risque, de par mon âge et ma profession», justifie le médecin libéral à la clinique d’Eich (appartenant au CHL), âgé de 69 ans. «C’est le moindre mal.» Lors de sa prise de rendez-vous, on lui a fourni un «questionnaire de pré-vaccination Covid». Dedans, il doit renseigner son matricule CNS, son poids, sa taille, ses allergies. On lui demande s’il a été testé positif au Covid, les personnes l’ayant été dans les trois mois précédents n’étant pas considérées comme prioritaires car immunisées. Il présente ce document à la secrétaire, avant de répondre à quelques questions supplémentaires de la médecin. Ses données sont saisies sur le logiciel MS VAC «non stockées par l’hôpital, mais par le ministère de la Santé», assure Grégory Gaudillot.

Après ces cinq minutes, le patient est envoyé dans la pièce d’à côté, où trônent trois sièges orange et gris, pour se faire vacciner. Il s’installe sur le premier et retire une manche de son pull, du côté gauche, «non dominant». «On laisse le bras mou», lui conseille l’infirmier, avant d’y piquer son aiguille, la retirer, et coller un pansement à la place.

Jean-Claude doit maintenant rester 15 minutes sous surveillance. «S’il y a quelque chose, vous me le dites tout de suite», lui demande-t-on. «Un des effets secondaires les plus fréquents, c’est une douleur dans le bras». Un sac de secours attend dans un coin de la pièce en cas de problème plus grave.

C’est le moindre mal.

Jean-Claudemédecin qui s’est fait vacciner au CHL

Le second patient arrive ensuite, et s’installe sur le siège numéro deux. Après lui, ce sera au tour du troisième. Le quatrième arrivera quand Jean-Claude aura terminé son temps d’observation et recevra son certificat de vaccination. Il devra ensuite revenir dans 21 jours pour se faire administrer la deuxième dose.

En tout, une dizaine de médecins, entre cinq et six secrétaires et le même nombre d’infirmiers se relaient ainsi, pour assurer le service du lundi au vendredi, de 9h à 17h.

Et la semaine prochaine, «nous ouvrons une deuxième ligne, pour passer de 72 à 144 vaccinations par jour», annonce fièrement Grégory Gaudillot. Le CHL gère la vaccination de son personnel soignant, mais aussi de celui de l’Institut national de chirurgie cardiaque et de cardiologie interventionnelle (Incci). Il note pour l’instant une forte demande de la part du personnel, puisque tous les créneaux sont réservés. «On a ouvert 500 plages de rendez-vous, qui ont été pris en moins de 24 heures», témoigne-t-il. Pour en savoir plus sur l’organisation de la campagne de vaccination,