Côté bilan, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a listé les succès de son mandat: le soutien à l’Ukraine, la naissance de l’Europe géopolitique, le Pacte vert, les législations sur la transition numérique, le plan de relance Next Generation EU de 800 milliards d’euros, la naissance d’une Union de la Santé ainsi que le travail législatif important pour rééquilibrer les droits entre les hommes et les femmes. Au rayon des chantiers inachevés, elle a cité le Pacte migratoire présenté en septembre 2020, la réforme de la gouvernance économique et la législation sur l’intelligence artificielle (IA). La Commission européenne devrait sur ce sujet présenter d’ici la fin de l’année le premier règlement au monde visant à encadrer ces innovations. Règlement qui entrerait en vigueur en 2026.
Inquiétudes face au Pacte vert
Sur le front des promesses, la présidente de la Commission a cherché dans ses annonces à désamorcer une bombe électorale à retardement de taille: le Pacte vert de l’UE. Certains responsables nationaux, Emmanuel Macron en tête ont demandé à ce qu’une pause s’opère. Une critique implicite des contraintes réglementaires pour les entreprises découlant du Pacte. C’est d’ailleurs sur ce terrain que semble s’amorcer un rapprochement entre la droite traditionnelle, le groupe du Parti populaire européen (PPE), dirigé par Manfred Weber, et la droite nationaliste et populiste, les Conservateurs et réformistes européens (ECR) de Giorgia Meloni.
La présidente de la Commission a souligné sa volonté de garder le cap tout en garantissant «une transition juste et équitable». Une réserve de taille qui donne des marges de manœuvre…
Ursula von der Leyen a annoncé un certain nombre de mesures susceptibles de rassurer les uns et les autres: un dialogue sur la transition propre avec l’industrie, le développement des clean-techs ainsi que de l’hydrogène vert et des mesures de soutien à l’énergie éolienne. Elle a également annoncé l’ouverture d’une enquête sur les subventions publiques chinoises aux automobiles électriques. Ce qui fera plaisir à l’industrie automobile.
De manière plus transversale, Ursula von der Leyen a annoncé une simplification des obligations réglementaires pesant sur les entreprises, et plus particulièrement les TPE/PME. «Il est temps de rendre la conduite des affaires plus facile en Europe», a-t-elle lancé. De quoi satisfaire Manfred Weber le président de son parti, le PPE, pour qui «la compétitivité, moins de bureaucratie et davantage de commerce» sont des priorités.
Penser l’Europe comme une entité géopolitique
L’Ukraine, cette année encore, a représenté une grande partie du discours de la présidente de la Commission.
L’occasion de présenter l’Europe comme une «entité géopolitique» et de se dire favorable à un élargissement sans perdre de temps à renégocier les traités. L’Ukraine est concernée au premier chef – «L’Ukraine a réalisé de grandes avancées sur la voie de son adhésion à l’UE. Il est temps de nous élever à la hauteur de cette détermination» a-t-elle dit aux députés européens – tout comme l’Albanie, la Macédoine du Nord et la Moldavie. La Commission voit dans l’élargissement de l’UE dans les Balkans l’occasion de développer son influence stratégique dans une région aux frontières de l’Ukraine.
Alors que demain, ce sera au tour de Christine Lagarde d’occuper le devant de la scène, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) devant annoncer une nouvelle hausse de ses taux d’intérêt, Ursula von der Leyen a reconnu que le retour à l’objectif d’une inflation à 2% dans la zone euro «prendra du temps». Le taux d’inflation annuel dans les 20 pays de la zone euro s’élevait à 5,3% en août, après avoir atteint 10,6% en octobre 2022.