Catherine Léglu, la vice-rectrice de l’Uni, est bien consciente du problème lié au logement de ses étudiants.  (Photo: Maison Moderne)

Catherine Léglu, la vice-rectrice de l’Uni, est bien consciente du problème lié au logement de ses étudiants.  (Photo: Maison Moderne)

Dans un pays où se loger coûte de plus en plus cher, les étudiants d’une université tournée vers l’international comme l’Uni galèrent forcément un peu. Consciente du problème, l’Université du Luxembourg planche sur une stratégie.

On connaît la problématique liée au logement au Luxembourg, et ces chiffres qui grimpent toujours un peu plus vers des sommets qu’on ne distingue toujours pas. Même si les prix à la location ont connu, en moyenne, ces dernières années, une hausse moins importante que ceux touchant la vente, trouver un logement reste très compliqué. Et encore plus pour les étudiants, tels ceux inscrits à l’Uni du côté de Belval.

1.100 logements pour 6.700 étudiants

«Nous avons environ 1.100 chambres et studios disponibles pour nos étudiants. Des biens qui ne nous appartiennent pas, mais que nous avons en gestion», explique Catherine Léglu, la vice-rectrice de l’Uni. Ceux-ci sont situés à Belval, mais aussi à Esch-sur-Alzette, Oberkorn, Mondercange, Noertzange, Dudelange et Luxembourg-ville.

Et selon les prix indiqués sur le site de l’Université du Luxembourg, il en coûte entre 275 euros pour les chambres à louer (avec salle de bains et cuisine partagées) les moins chères dans certaines résidences et un millier d’euros pour un studio.

Des prix bas et des priorités

«Des prix inférieurs à ceux du marché», continue la vice-rectrice. Mais le nombre de logements reste globalement insuffisant pour les 6.700 étudiants, dont 50% arrivent de l’étranger (35% d’un pays de l’Union européenne, 15% hors UE).

Du coup, des priorités sont forcément données. «Les étudiants en Erasmus qui ne restent pas une année complète sont, par exemple, prioritaires. Vu la durée de leur séjour, ils ne trouveraient pas d’autres logements. Et puis, il y a d’autres éléments auxquels on fait attention. Comme le fait que les étudiants qui débarquent en provenance d’un pays hors Union européenne n’ont pas le droit de séjourner en dehors des frontières du Luxembourg. Ou que certains Luxembourgeois habitent loin de la région eschoise, et ont donc besoin d’un logement sur place…»

Au final, un sixième des étudiants peut donc se loger dans ces établissements gérés par l’Uni. Ce qui est plutôt un pourcentage intéressant en comparaison avec ce qui se fait ailleurs. Mais qui laisse quand même beaucoup de monde sur le carreau. Des étudiants encouragés par l’Uni à explorer le marché de la location commerciale.

Un contrat de travail ou de stage

Un marché où, dans le domaine privé, les prix sont forcément tout autres que ceux pratiqués par l’Uni. Dans la capitale, vous pouvez compter 800 et 850 euros pour le prix moyen d’une chambre à louer. À Esch-sur-Alzette, cela redescend un peu, vers les 600 euros.

Mais au-delà du prix, un autre problème écarte les étudiants de ces locations: la demande pour ainsi dire généralisée de présentation d’un contrat de travail ou de stage. Une garantie pour les bailleurs de toucher leur loyer à la fin de chaque mois. Du coup, si des étudiants occupent parfois ces chambres, ce sont ceux surtout qui sont en stage (rémunéré) dans nos entreprises…

«C’est une problématique très luxembourgeoise. Chez nous, les jeunes adultes âgés de 20 à 40 ans vivent souvent en ‘coliving’, avant de pouvoir envisager d’acheter un bien. Et donc, dans un sens, ils prennent un peu la place des étudiants... Et mettent une certaine pression sur ce marché», explique Jérôme Ensch, directeur financier de Vauban&Fort, un des spécialistes du coliving au Luxembourg. Un marché où la demande est plus forte que l’offre…

Direction la France

Au niveau de l’Uni, les demandes d’aide de ceux qui n’ont pas pu obtenir un logement (ils sont plusieurs centaines chaque année) sont traitées au cas par cas par une équipe dédiée. Cette dernière peut fournir notamment de l’information concernant des sites de colocation adaptés aux étudiants ou sur des moyens de transport directs vers des régions frontalières.

Car, chez nos voisins, on a déjà bien remarqué un certain potentiel. Comme sur le secteur de Micheville, à mi-chemin entre Villerupt et Audun-le-Tiche, en terre française, mais à un jet de pierre de Belval, où pas mal de logements étudiants ont vu le jour ces derniers temps. Et d’autres projets sont encore dans les cartons.

Du côté de l’Université du Luxembourg, on est forcément bien conscient de cette problématique liée au logement étudiant, et on veut tenter d’y trouver une réponse. Même si ce n’est évidemment pas sa mission première.

«Nous sommes une université en pleine construction. Avec notre profil international, nous construisons une culture où les étudiants sont présents, et le nombre de ceux-ci augmente année après année. Et avec lui la demande de logements…», glisse Catherine Léglu. «Nous nous trouvons donc aujourd’hui dans une situation où on doit se doter d’une stratégie concernant cette problématique du logement. Nous en avons besoin. Et d’ici un an, on veut en avoir une!»