Il y a des projets qui naissent dans l’urgence, d’autres dans l’intuition. Pour Vincent Darphint, c’est un peu des deux. Licencié fin 2023 après 14 années passées dans l’univers de l’électroménager, il entame une remise en question. À 50 ans, il choisit de ne pas «refaire la même chose ailleurs» et se rend, un peu au hasard, au salon de la franchise à Paris. Il ne cherche ni un secteur précis ni un produit en particulier. Mais il tombe sur une technologie qui le fascine et, avec elle, entrevoit un nouveau départ professionnel. Quelques mois plus tard, il ouvre à Leudelange le tout premier showroom La Cuisine Louise Verlaine au Luxembourg.
La franchise qu’il rejoint est née en Belgique, en 2015, dans l’atelier de deux frères liégeois, Thomas et Pierre Ioannatos. L’un est cuisiniste, l’autre informaticien. Ensemble, ils développent une technologie de visualisation en réalité augmentée qu’ils proposent d’abord à d’autres marques. Sans succès. Trop chère, trop décalée. En 2020, ils lancent alors leur propre enseigne, baptisée «La Cuisine Louise Verlaine», en hommage à leur grand-mère.
Depuis, le réseau compte environ 25 magasins en Belgique, en France et aux Pays-Bas. L’arrivée au Luxembourg s’inscrit dans cette dynamique, avec une approche singulière: le recrutement cible en priorité des personnes en reconversion ou venues d’horizons éloignés du secteur. L’objectif, selon les fondateurs, est de mieux former ces nouvelles arrivées à leur méthode et de miser sur un savoir-être plus que sur un savoir-faire. C’est ainsi que de nombreux points de vente sont aujourd’hui portés par des familles, à l’image de ce nouveau magasin où Vincent Darphint travaille seul avec son beau-fils, Louis.
Touch Reality, l’atout différenciant de l’enseigne
Installé dans un bâtiment sobre et lumineux de 182m², le magasin se compose de trois cuisines, d’une buanderie et d’un coin salon. Mais c’est au centre du showroom que se trouve sa particularité: une table tactile baptisée «Touch Reality», sur laquelle le client positionne des cubes physiques représentant chaque élément de la cuisine. Évier, frigo, plan de travail, colonne ou four: à chaque mouvement, le plan en 3D s’actualise à l’écran. Ludique, interactif et surtout immédiat.

Vincent Darphint et son beau-fils, Louis, présentent la table interactive Touch Reality. (Photo: Vincent Darphint)
La démonstration séduit. Elle capte l’attention, stimule la participation et réduit les délais de décision. Le client devient co-auteur de son projet, en comprend les contraintes spatiales et budgétaires, et s’implique davantage. «La 3D, ce n’est plus une nouveauté», reconnaît le gérant. «Mais la différence tient à l’interaction physique, plus intuitive, et à une approche plus inclusive qui permet au client de vraiment s’approprier son projet.»
Au-delà de l’interface, l’offre se distingue aussi par son éventail de personnalisation. Façades mates sans poignées, plans en corian ou en céramique texturée, électroménager intégré… Les budgets vont de 6.000 à plus de 80.000 euros.
J’habite au Luxembourg, je veux promouvoir l’écosystème luxembourgeois.
L’approche se veut aussi locale que possible: «On travaille avec AEG ici, à Luxembourg, pour l’électroménager, avec la Marbrerie Bertrand ou la Marbrerie Michelini pour les pierres naturelles et avec une société luxembourgeoise pour le montage des cuisines», détaille le directeur. Un choix d’ancrage volontaire: «J’habite au Luxembourg, je veux promouvoir l’écosystème luxembourgeois.»
Leudelange, un choix stratégique
Le choix de l’implantation n’est pas anodin. Après avoir envisagé le centre-ville, rapidement écarté en raison de la difficulté à trouver un local avec parking, le projet s’oriente vers Leudelange. «Le quartier bénéficie d’une bonne accessibilité, d’un carrefour routier stratégique, de la proximité de la Cloche d’Or et bientôt du tram», explique Vincent Darphint. «La présence de nombreuses entreprises alentour permet également de capter une clientèle professionnelle, déjà sensible à l’offre.»
Et la suite? «L’objectif principal est de tester le marché luxembourgeois», tempère Vincent Darphint. L’enseigne veut observer, ajuster, consolider. Mais si le démarrage est concluant, une ou plusieurs autres implantations pourraient suivre.