Bastien Larue, Gabriel Gomes et Tom Haas sont prudemment optimistes face aux perspectives économiques du pays. (Photo: Marc Fassone/Maison Moderne)

Bastien Larue, Gabriel Gomes et Tom Haas sont prudemment optimistes face aux perspectives économiques du pays. (Photo: Marc Fassone/Maison Moderne)

Si la croissance s’amplifie, les soldes publics n’en tireront pas profit. La consommation des ménages, les investissements et la progression de l’emploi restent en deçà de leurs moyennes historiques. La politique de relance du gouvernement ne se reflète pas encore dans les statistiques.

Pour le nouveau directeur du Statec, , les perspectives économiques à moyen terme offrent des raisons d’être «prudemment optimistes». Ses services tablent sur une reprise progressive de l’activité économique (+2,5% de croissance en moyenne pour les deux prochaines années), une inflation stabilisée aux alentours de 2% et un chômage juste en dessous des 6%. Des prévisions modérément optimistes et sous la menace d’une reprise de l’inflation. Une reprise qui pourrait retarder le retour d’une croissance de qualité.

Les scénarios du Statec pour 2025 et 2026. (Source: Statec)

Les scénarios du Statec pour 2025 et 2026. (Source: Statec)

Chiffre clé en cette période durant laquelle les politiques se sont concentrés sur le budget: l’évolution du solde public. Une évolution qui va continuer à se dégrader. Si le solde public de 2024 à -0,6% a été une bonne surprise, cette bonne surprise est due à des causes non récurrentes: un solde d’impôt dû par les entreprises pour les années Covid qui a évolué fortement à la hausse – un phénomène quasi impossible à prédire, insiste le chef d’unité Gabriel Gomes – et le retour aux taux normaux de TVA – taux qui avaient été baissés d’un point de pourcentage. Des causes qui ne se reproduiront pas ces prochaines années. De plus, selon le Statec, les ressources liées aux accises sur le carburant et le tabac vont mécaniquement descendre pour différentes raisons, comme la taxe CO2 qui va faire baisser la consommation des carburants et une convergence du prix du tabac. En 2025 et en 2026, le solde public resterait négatif à respectivement -1,3% et -1,9%. Malgré un freinage des dépenses, le ratio de dépenses publiques par rapport au PIB atteindrait des niveaux là aussi historiquement élevés: presque 50% en 2026.

Pas d’index avant le deuxième trimestre 2025

Fait notable: la hausse du PIB ne réduira pas l’évolution négative du solde public.

Dans le scénario central du Statec, la croissance atteindrait 0,5% 2,5% en 2025 et 2,4% en 2025. Idem pour l’évolution du chômage, qui passerait de 5,7% en 2024 à 5,9% en 2025, pour revenir à 5,7% en 2027, dans un contexte de stagnation de l’emploi intérieur dont la progression sera «historiquement faible» pour Gabriel Gomes: 1% en 2024, 1,4% en 2025 et 2,2% en 2026. Le coût salarial moyen progressera de l’ordre de 3% en 2025 pour redescendre à 2,4% en 2026. Face à la stabilisation de l’inflation, le Statec prévoit désormais les prochaines tranches indiciaires pour les deuxièmes trimestres de 2025 et de 2026. L’inflation, en net ralentissement en 2024 à 2%, devrait rebondir à 2,1% en 2025, avant de repasser sous la barre des 2% en 2026. Un rebond à mettre au passif des prix de l’énergie, dans un contexte de disparition des protections tarifaires pour le gaz et d’une plus grande sélectivité des aides pour l’électricité.

Consommation et investissements à la peine

La variable d’ajustement? La consommation des ménages. En Europe comme au Luxembourg, elle reste faible, alors que le taux d’épargne repart à la hausse. Il a atteint 16,5% du revenu disponible au deuxième trimestre 2024. Ce taux était en moyenne de 13% avant la crise du Covid. C’est un vrai «point noir» pour le chef d’unité Bastien Larue, qui explique cette situation par la hausse des prix des produits de base, énergie comprise, et aussi par une certaine anxiété. La consommation des ménages a fortement ralenti à +1,4% en 2024 contre +4% en 2023. Dans les années 2010, le taux de croissance moyen de la consommation des ménages était de 2,5%.

Cette atonie, on la constate aussi dans le recul de 7% des dépenses d’investissements en 2024. En 2023, le recul n’avait été que de 1%.

Sous l’effet de la baisse des taux d’intérêt, l’investissement résidentiel devrait progressivement se redresser ces deux prochaines années. Pour autant, la situation dans la construction reste difficile. Depuis 2022, l’activité a chuté de 17% et reste orientée à la baisse. Le rythme de cette baisse freine cependant. Le moral des entreprises du secteur reste au plus bas, et ce d’autant plus que si l’on constate une reprise des transactions (+26% sur un an au deuxième trimestre), les transactions portant sur du neuf – là où se soutient le secteur de la construction – restent faibles.