(À nos lecteurs: la rédaction de Paperjam a pris ses quartiers à Dudelange, ces jeudi et vendredi, à la rencontre d’acteurs politiques, sociaux et économiques de cette commune de 22.000 habitants. Cet article s’inscrit dans cette démarche «concentrée». Bonne lecture. Le rédacteur en chef)
Depuis sa création en 2018, l’Innovation Hub de Dudelange poursuit une double mission. Avec le soutien de Luxinnovation, du ministère de l’Économie et de Technoport, cet incubateur accompagne les jeunes entreprises actrices de la transition verte dans les étapes cruciales de leur croissance. Ses missions: fournir un cadre propice pour tester, affiner et valider leurs idées sur le marché et améliorer l’impact écologique de Dudelange et du Luxembourg.
Son rôle principal est d’aider les entrepreneurs à franchir l’étape cruciale du «market fit», comme l’explique Martin Guérin, directeur de l’incubateur: «Le plus important, c’est d’atteindre le market fit. Il faut explorer le marché, tester différents secteurs, clients et régions pour affiner l’offre.»
Pour atteindre cet objectif, le Hub propose une gamme de services: coaching personnalisé, mise en réseau avec des experts et aide à la formalisation des offres. Ces éléments facilitent la prise de décision des clients tout en renforçant la crédibilité des start-up incubées. Contrairement à un espace de coworking, l’incubateur mise sur un véritable accompagnement stratégique pour permettre aux entreprises de se développer dans un environnement adapté.
En outre, l’Innovation Hub offre des infrastructures modernes et un accès privilégié à des réseaux locaux, favorisant les collaborations. Selon Martin Guérin, «planter la graine au meilleur endroit possible» est crucial pour permettre aux startups de croître efficacement. Il n’y a donc pas de concurrence volontaire entre les différents incubateurs du pays (House of Startups, Technoport, …), car chacun a ses spécificités.
Un vivier de startups en évolution constante
Dix startups sont actuellement dans l’incubateur de Dudelange, principalement dans le secteur de la cleantech. Et dans quelques semaines, elles seront rejointes par de nouveaux candidats (encore secrets pour le moment). Parmi elles, WeThink & WeCare développe des systèmes d’éclairage public intelligent, capables de réduire la consommation énergétique en s’adaptant à la circulation. Elle réinvente la gestion des déchets en produisant des sacs poubelle solides et écologiques à partir de matériaux recyclés luxembourgeois. Dans un registre différent, Kidola propose une application pour numériser et simplifier la gestion quotidienne des crèches, déjà adoptée par plusieurs communes du pays.
Des start-up répondent à des enjeux spécifiques d’efficacité énergétique. Novalair a conçu des robots pour nettoyer les conduits d’air, diminuant ainsi les coûts énergétiques et les risques de pollution intérieure. De son côté, Geotopar utilise des outils infrarouges pour détecter les pertes de chaleur dans les bâtiments, permettant de prioriser efficacement les rénovations. Par ailleurs, Luxem offre des produits industriels écologiques, notamment des nettoyants professionnels respectueux de l’environnement, témoignant de l’engagement du Hub envers des solutions durables. Frontier Connect propose des solutions connectées pour les villes, comme des capteurs intégrés dans les infrastructures urbaines pour surveiller la pollution ou gérer efficacement les déchets.
Les nouveaux arrivants incluent Visua, qui utilise l’intelligence artificielle pour optimiser les trajets de maintenance urbaine et réduire l’empreinte carbone des communes, et Demain Autrement, qui accompagne les entreprises et les collectivités dans leurs transitions écologiques.
Certaines start-up, après avoir été incubées, ont quitté le Hub pour poursuivre leur croissance de manière autonome, leur durée au sein du Hub ne pouvant excéder cinq ans. RSS Hydro, spécialisée dans la modélisation des risques d’inondation à l’aide d’images satellites, a gagné en notoriété en collaborant avec plusieurs communes au Luxembourg. Wasch, une lessive biodégradable créée par un couple d’entrepreneurs, est désormais commercialisée à l’international, illustrant parfaitement le potentiel de l’incubateur à transformer de petites idées en grandes réussites.
«Les premières entreprises incubées sortent, souvent en grandissant, et un peu plus rarement en disparaissant», souligne Martin Guérin. Certaines ont même créé leur spin-off, une nouvelle entreprise issue d’une start-up pour développer une innovation spécifique, comme RSS Hydro avec Wasdi.
Une collaboration unique avec la ville de Dudelange et le projet NeiSchmelz
Ce qui distingue l’Innovation Hub des autres structures luxembourgeoises, c’est son intégration directe avec la ville de Dudelange. Près de 80% des startups collaborent sur des projets municipaux, qu’il s’agisse de gestion des déchets, d’éclairage ou de solutions connectées. Ces synergies permettent de valider rapidement les innovations sur le terrain. Grâce à cette proximité, Dudelange bénéficie des dernières avancées technologiques tout en renforçant son rôle de ville modèle en matière de durabilité. , qui s’étendra sur encore dix ans, offre par ailleurs une opportunité unique de mettre en œuvre des innovations en conditions réelles.
L’année 2024 a marqué un tournant pour l’Innovation Hub, avec la récupération progressive des startups après la pandémie et le départ des premières entreprises ayant atteint leur maturité. Côté infrastructure, le projet NeiSchmelz avance concrètement avec le début des constructions, offrant de nouvelles perspectives de croissance.
Pour les années à venir, l’incubateur ambitionne de grandir en nombre de startup et d’élargir ses locaux. Il prévoit également de s’impliquer davantage dans le projet NeiSchmelz, en intégrant des technologies innovantes au cœur de l’écosystème urbain.