Pascal Rochat (à droite), CEO d'Active Niche Funds, s'est entretenu avec David Schrieberg (à gauche), CEO et cofondateur de VitalBriefing, lors de l'Efpa Finance Forum 2025. (Photo: Sylvain Barrette)

Pascal Rochat (à droite), CEO d'Active Niche Funds, s'est entretenu avec David Schrieberg (à gauche), CEO et cofondateur de VitalBriefing, lors de l'Efpa Finance Forum 2025. (Photo: Sylvain Barrette)

L'énergie solaire est passée du statut de secteur mineur et peu compétitif à celui d'activité énergétique la plus importante et la moins chère au monde. Pascal Rochat pense que la consommation d'énergie solaire gagnera encore plus de parts de marché à mesure que notre soif d'énergie s'accélérera.

«En 2007, j’ai eu le sentiment que le solaire deviendrait l’avenir de l’énergie, ou du moins de l’électricité… et c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui : il mène la transition énergétique», a déclaré Pascal Rochat, CEO d’Active Niche Funds et ancien directeur de la gestion des risques d’EOS, une entreprise suisse de distribution d’électricité. À l’époque, a-t-il expliqué, le secteur de l’énergie solaire était très petit et non compétitif. Aujourd’hui, c’est «le plus grand marché de l’énergie au monde». M. Rochat a souligné que ce marché a connu une «croissance exponentielle, multipliée par 100 depuis 2007».

Il a rappelé que rien que l’an dernier, 600 gigawatts de nouveaux panneaux solaires ont été installés dans le monde, «une capacité supérieure à la puissance combinée de l’Allemagne, de la Suisse et de l’Autriche». Cette croissance a propulsé l’énergie solaire au rang de premier secteur pour les nouvelles installations électriques mondiales, représentant 70% de toutes les nouvelles capacités ajoutées l’année dernière, «loin devant l’énergie éolienne». Enfin, il a noté que le gaz, le nucléaire et le charbon sont désormais «super petits» en termes de nouvelles installations.

Bon marché et rapide

Le principal moteur de cette évolution spectaculaire est la rentabilité de l’énergie solaire. Elle est devenue la source d’électricité la moins chère dans la plupart des pays, avec un coût de 0,03 à 0,05 euro par kilowattheure sans subvention, nettement inférieur à celui du gaz (0,08-0,18 euro), du charbon (0,10-0,14 euro) et du nucléaire (0,15-0,20 euro). Cet avantage économique, combiné à la rapidité d’installation des panneaux solaires, en a fait une force dominante dans le secteur de l’énergie.

M. Rochat a rapporté que l’Agence internationale de l’énergie considère que le monde entre dans un «âge de l’électricité», marqué par une demande croissante estimée à 4% par an, contre 2 à 2,5% au cours de la dernière décennie. Comme la décarbonisation doit être un effort mondial, il a souligné que le solaire et l’éolien sont les seules technologies capables de répondre à cette demande rapide, grâce à leurs délais de déploiement courts, comparés aux 5 ans nécessaires pour le gaz et aux 8 à 12 ans pour les centrales nucléaires.

Il a également noté que si, à l’origine, le soutien gouvernemental a joué un rôle clé dans la promotion des énergies renouvelables, l’adoption du solaire est désormais largement portée par les particuliers souhaitant réduire leurs coûts d’électricité et par les entreprises cherchant des prix stables à long terme via des contrats d’achat d’électricité de plus de 10 ans.

Les énergies renouvelables ont le vent en poupe

M. Rochat estime que les énergies renouvelables produisent environ un tiers de l’électricité mondiale, avec des projections prévoyant une augmentation de 50 à 60% d’ici 2030, l’énergie solaire étant la source de croissance la plus rapide.

Selon lui, la part du solaire devrait passer de 7% à 23-25% d’ici 2030. Non loin derrière, l’éolien devrait progresser de 10% à 18%, tandis que l’hydroélectricité resterait relativement stable, autour de 14%.

Il n'est pas vraiment logique que les Européens ou les Américains se fassent concurrence dans la fabrication de panneaux solaires.

Pascal Rochat CEOActive Niche Funds

L'énergie nucléaire, malgré les débats en cours, devrait conserver une part d'environ 9 à 10% au cours des 20 prochaines années. Il a toutefois fait remarquer que même pour atteindre ce niveau, il faudrait doubler la capacité nucléaire dans les 15 ans pour suivre l'augmentation globale de la demande d'électricité.

La Chine domine mais ne menace pas

M. Rochat a souligné que la Chine domine à la fois la fabrication—en termes de qualité et d’échelle—et l’installation de panneaux solaires. Elle représente un panneau sur deux installés dans le monde, avec un rythme stupéfiant d’un gigawatt par jour, soit «la taille d’une grande centrale nucléaire». Cette croissance rapide a impressionné même les experts les plus chevronnés du secteur.

Selon lui, dépendre de la Chine pour des panneaux solaires est différent de la dépendance au gaz russe, car l’énergie solaire est disponible partout. «Cela n’a pas vraiment de sens que les Européens ou les Américains se fassent concurrence pour la fabrication [de panneaux solaires].» Il estime que la nature décentralisée du solaire, permettant aux particuliers et aux entreprises de produire leur propre électricité, renforce encore l’indépendance énergétique.

Il a également noté que la guerre commerciale et les droits de douane américains sur les panneaux solaires chinois depuis plus d’une décennie n’ont pas freiné l’évolution du secteur, malgré des taxes atteignant 50%. «L’industrie s’est adaptée à ces mesures protectionnistes.»

Mauvaise information

Un défi majeur du secteur de l’énergie est la désinformation. M. Rochat a souligné l’importance de s’appuyer sur des sources fiables comme l’AIE. Selon lui, la connaissance générale de l’énergie, même dans la finance, est «assez faible», d’où la nécessité d’utiliser des données factuelles, comme le fait que le solaire soit la principale nouvelle source d’électricité. « C’est un fait. »

Cet article a été , traduit et édité pour le site de Paperjam en français.