Comment les entreprises peuvent-elles tirer profit de la biométrie qui apparaît sur le marché?
Serge Hanssens. – «L’apparition de la biométrie (portrait, empreinte, voix, iris, veines de la main, notamment) n’est pas récente, par contre son application est en pleine explosion. Avec l’apparition de la biométrie sur les smartphones, celle-ci est entrée dans l’usage des consommateurs à grande échelle et a défini une nouvelle normalité dans l’identification d’un client; simple, rapide et sécurisée.
La biométrie était au départ vue comme un moyen de sécuriser un accès (physique ou logique). Aujourd’hui, c’est une pierre angulaire de l’expérience client personnalisée. Alors que le client est submergé de mots de passe, cartes de fidélité, identifiants en tout genre (‘token’), la biométrie simplifie sa vie.
Demain, il sera p ossible d’être reconnu , si le voyageur le souhaite, uniquement grâce à son portrait.
Que ce soit dans les secteurs du transport, de l’hôtellerie, de la finance, de la distribution, du luxe, de la location de voiture, mais aussi de la santé, la biométrie permet d’optimiser les processus d’identification et d’authentification des clients. Ces processus sont souvent longs, répétitifs et coûteux. En les fluidifiant, ils améliorent l’expérience client, différencient le service et ont un impact très positif sur leur loyauté.
Prenons le cas d’un voyage en avion. Demain, il sera possible d’être reconnu, si le voyageur le souhaite, uniquement grâce à son portrait; plus de carte d’embarquement, de passeport, de carte de fidélité ou encore de carte de crédit. Le portrait permettra de payer son parking, déposer ses bagages, s’enregistrer dans l’avion, effectuer ses achats, rentrer dans l’avion, louer une voiture et faire son check-in à l’hôtel.
Au niveau du secteur financier, l’application va de l’accueil client personnalisé (physique ou par téléphone), l’ouverture d’un compte en ligne, la détection des comportements, à l’autorisation de transaction sans devoir prouver à chaque fois son identité et tout en garantissant le plus haut degré de sécurité.
Enfin, au-delà de ces cas d’usage, la biométrie va s’imposer de plus en plus comme le moyen d’accès physique par défaut offrant une sécurité bien supérieure au badge classique à un prix qui s’en rapproche.
Quels sont les écueils législatifs/réglementaires qu’il faut éviter?
«Les caractéristiques morphologiques d’une personne physique sont des données personnelles particulièrement sensibles qui relèvent du RGPD (règlement général sur la protection des données).
Elles doivent donc être traitées et conservées dans le respect des libertés individuelles tout en garantissant le plus haut niveau de confidentialité et de sécurité. Il est indispensable que chaque solution biométrique intègre les principes de protection de données dès la conception, ce qu’on appelle le ‘privacy by design’.
Le Luxembourg a l’opportunité de devenir un centre international d’expertise biométrique, d e plates-formes d’identités et de services connexes.
Comment le Luxembourg peut-il se positionner dans ce créneau?
«La biométrie est un secteur à très forte valeur ajoutée en pleine expansion mondialement. Le Luxembourg a clairement une très belle carte à jouer pour attirer ce secteur, mais aussi héberger les données qui en résultent sur son territoire; pays neutre, au cœur de l’Europe, doté de compétences de qualité et d’infrastructures de haut niveau (centres de données sécurisés, intelligence artificielle, ‘high performance computer’, entre autres).
Le Luxembourg a l’opportunité de devenir un centre international d’expertise biométrique, de plates-formes d’identités (privées et publiques) et de services connexes.
Les applications sont multiples (transport, santé, administration publique (identité digitale, ‘eGovernment’), transactions financières, ‘ambassade’ de données identitaires, ou commerce) et sont directement liées à l’objectif du gouvernement d’accélérer et démarquer l’économie digitale du pays.
Comme l’a récemment prouvé la localisation de start-up actives dans le secteur de la biométrie, notamment chinoises, établissant leur quartier général international à Luxembourg. Un cadre juridique favorable en accord avec le RGPD permettrait de réellement booster l’émergence du secteur au Grand-Duché.»