En 2023, l’assurance maladie-maternité luxembourgeoise a remboursé 83,2 millions d’euros aux pays voisins pour des soins reçus par des frontaliers dans leur pays de résidence. (Photo: Shutterstock)

En 2023, l’assurance maladie-maternité luxembourgeoise a remboursé 83,2 millions d’euros aux pays voisins pour des soins reçus par des frontaliers dans leur pays de résidence. (Photo: Shutterstock)

Un tiers des frontaliers français choisissent désormais de se faire soigner au Luxembourg. Depuis 2015, la tendance s’accélère aussi côté belge et allemand. Face à cette hausse continue, les discussions politiques s’intensifient. Aucun mécanisme de cofinancement n’est encore arrêté, malgré des échanges engagés au sein de la Commission intergouvernementale franco-luxembourgeoise.

En huit ans, le nombre de soins médicaux délivrés au Luxembourg à des frontaliers français a bondi de 231,2%. Pour les Belges, la hausse atteint 157%, et pour les Allemands, 206,1%. Ces flux inversés s’accompagnent d’une baisse constante des soins réalisés dans le pays de résidence.

Le gouvernement luxembourgeois n’a pas validé de mécanisme de cofinancement des soins transfrontaliers. «Pour l’instant aucun projet de mécanisme de cofinancement n’est à un stade d’avancement tel que le Gouvernement devrait se positionner», précise la ministre de la Santé et de la Sécurité sociale  (CSV), dans une réponse à une question parlementaire. Les discussions menées dans le cadre de la Commission intergouvernementale franco-luxembourgeoise soulèvent des questions de légalité européenne et d’égalité de traitement.

Les soins franchissent les frontières

En 2023, un tiers des frontaliers français affiliés à la CNS reçoivent des soins au Luxembourg. Ils étaient seulement 22% en 2015. Pour les résidents allemands, cette proportion passe de 16,9% à 26,7%, et pour les Belges, de 19,6% à 28,8%. Dans le même temps, les soins réalisés dans le pays de résidence chutent. En France, la part tombe de 93% à 76,3%, en Allemagne de 87,9% à 71%, et en Belgique de 79% à 73,1%. «Une tendance décroissante […] est observée […] en combinaison avec une évolution croissante pour les soins médicaux délivrés aux assurés non-résidents au Luxembourg», souligne le ministère.

Une facture de plus de 83 millions d’euros

En 2023, l’assurance maladie-maternité luxembourgeoise rembourse 83,2 millions d’euros aux régimes de sécurité sociale français, belge et allemand pour des soins dispensés à des assurés non-résidents dans leur pays de résidence: 30,5 millions pour l’Allemagne, 24,3 millions pour la Belgique, 28,4 millions pour la France. Les remboursements pour des soins réalisés au Luxembourg par des frontaliers explosent: +231,2% pour les assurés français, +206,1% pour les Allemands, +157% pour les Belges.

Soins dentaires: des hausses encore plus marquées

Les soins dentaires franchissent aussi les frontières. Entre 2015 et 2023, la part des frontaliers soignés au Luxembourg passe de 5% à 11,6% pour les Français, de 11,3% à 18,8% pour les Belges, de 4,6% à 7,5% pour les Allemands. Dans le pays de résidence, la tendance s’inverse: en Belgique, cette part chute de 39,8% à 22,3%. En parallèle, les remboursements de soins dentaires effectués au Luxembourg progressent de 322,2% pour les assurés français, de 183,5% pour les Allemands et de 173,1% pour les Belges.

Les résidents luxembourgeois restent sur place

89% des soins médicaux des résidents luxembourgeois sont réalisés au Luxembourg. Cette part reste stable sur la période. En revanche, les soins reçus à l’étranger diminuent: de 0,9% à 0,4% pour l’Allemagne, de 0,9% à 0,5% pour la Belgique et de 0,4% à 0,2% pour la France. En 2023, le remboursement total des soins médicaux prestés au Luxembourg s’élève à 517,1 millions d’euros. À l’étranger, les montants baissent: -48,2% en Allemagne, -43,6% en Belgique, -43,6% en France.

Pour les soins dentaires, la part des résidents luxembourgeois pris en charge au Luxembourg reste proche de 54%. Les soins à l’étranger restent marginaux, autour de 0,1%. Le remboursement local passe de 70 à 115,2 millions d’euros entre 2015 et 2023, soit une hausse de 64,5%.