Oleksandr Dmitriyev (à gauche accompagné de son traducteur), Volodymyr Ben et Inna Perepelytsya ont martelé un message: le champ de bataille technologique est le seul sur lequel l’Ukraine peut parvenir à une victoire totale. (Photo: Marc Fassone/Maison Moderne)

Oleksandr Dmitriyev (à gauche accompagné de son traducteur), Volodymyr Ben et Inna Perepelytsya ont martelé un message: le champ de bataille technologique est le seul sur lequel l’Ukraine peut parvenir à une victoire totale. (Photo: Marc Fassone/Maison Moderne)

Si le fantassin et les opérations au sol restent la clé du succès de toute opération militaire, les Ukrainiens tentent d’exploiter leurs compétences en matière de data et de technologies pour compenser leurs faiblesses sur le terrain. Exemples collectés à l’ouverture de Nexus2050, ce mercredi à LuxExpo The Box.

«Le champ de bataille technologique est le seul sur lequel nous pouvons parvenir à une victoire totale», résumait Inna Perepelytsya, Senior Advisor auprès de Luxinnovation pour lancer une présentation sur le volet technologique de la guerre que livrent les Ukrainiens face aux Russes. Une présentation menée par Oleksandr Dmitriyev, spécialiste des systèmes militaires automatisés et coordinateur du projet EYES pour les forces armées ukrainiennes et par Volodymyr Ben, le directeur de l’agence spatiale ukrainienne.

Un changement de paradigme en matière de défense

«Il faut en même temps se battre et innover», explique Oleksandr Dmitriyev. «Nous avons connu une interruption sans précédent des infrastructures énergétiques pilonnées par les Russes au début de la guerre. La conséquence a été que les systèmes de communications et le cloud ont été mis hors ligne. Cela nous a posé un véritable défi. C’était comme si nous étions passés en apesanteur d’un coup.» Ce qui a conduit selon Oleksandr Dmitriyev à un changement de paradigme en matière de défense et à mettre l’accent sur les données et leur exploitation par l’intelligence artificielle en temps réel.

C’est ce changement de paradigme qui a conduit l’Agence spatiale ukrainienne à apprendre comment utiliser le mieux les données contre les Russes. «Un grand changement pour l’industrie spatiale ukrainienne», résume Volodymyr Ben. Sous la coordination du Comité de défense ukrainien, l’Agence a d’abord su exploiter les données d’observation spatiale pour mettre à jour les schémas d’attaques des missiles russes. Ensuite, en exploitant les données GPS fournies par des partenaires publics et privés – qu’il ne nommera pas pour des questions de sûreté militaire –, les Ukrainiens ont pu pénétrer les systèmes de navigation des missiles russes afin qu’ils ne touchent plus leurs cibles. «Les données et les partenariats publics-privés avec les acteurs du secteur sont essentiels pour nous.»

Voir loin pour réagir vite

Les données, c’est la spécialité d’Oleksandr Dmitriyev. Pour lui, le défi est d’arriver à coordonner toutes les informations collectées çà et là «pour voir au-delà de la ligne de front et suite les opérations en temps réel». Suivre les opérations et réagir immédiatement. «Avec les systèmes d’armement modernes, nous avons de moins en moins de temps pour réagir», insiste-t-il. C’est pour cela que le projet EYES a été conçu. «L’idée est de conjuguer les technologies spatiales, les technologies IT et l’intelligence artificielle pour qu’entre le moment où une information est reçue et analysée et le moment où la réponse adéquate est déclenchée, il ne s’écoule qu’une seconde.»

Oleksandr Dmitriyev en est persuadé: c’est aujourd’hui, sur le théâtre d’opérations ukrainien que se développent les systèmes d’armes de demain. «Des systèmes d’armes qui garantiront la paix.» Mais pour que ces systèmes voient le jour, l’Ukraine a besoin de l’aide de ses partenaires occidentaux. C’est le message qu’il compte faire passer durant ces deux jours à Nexus2050 où l’Ukraine est invitée.