Au sein des syndicats et fédérations sectorielles, tout le monde n’opère pas de la même façon lorsque les élections pointent à l’horizon.  (Photo : SIP/Jean-Christophe Verhaegen/Archive)

Au sein des syndicats et fédérations sectorielles, tout le monde n’opère pas de la même façon lorsque les élections pointent à l’horizon.  (Photo : SIP/Jean-Christophe Verhaegen/Archive)

À quelques mois des élections communales et législatives, bon nombre de fédérations, syndicats et autres associations sectorielles publient la liste de leurs revendications. Nous avons sondé l’UEL, la Fedil, l’OGBL, le LCGB et la CGFP sur leur «tactique» pour tenter de peser sur la campagne.

Le 9 février, la Chambre du commerce invitait la presse luxembourgeoise à venir découvrir . Une publication que l’on peut assimiler à une contribution au débat électoral à la veille des scrutins communaux et législatifs programmés cette année. Un cas loin d’être isolé, bon nombre de fédérations, syndicats et autres associations sectorielles faisant de même. Chacun espérant, en révélant ses revendications, réussir à placer celles-ci au cœur du débat.

Des contacts réguliers

Si tous aspirent à voir le public s’emparer de leurs propositions, c’est évidemment avant tout aux différents partis politiques que celles-ci sont adressées en première intention. La tradition veut, en effet, que ces derniers prennent le pouls des partenaires sociaux en période électorale.

«En réalité, ces échanges avec les représentants politiques se font en continu, tout au long de l’année. Même si c’est vrai que le dialogue est peut-être encore un peu plus poussé et spécifique à l’approche d’un scrutin électoral» explique , le directeur de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL).

Le but n’était pas réellement de passer avant les autres. Plutôt d’arriver avant que les groupes de réflexion des différents partis ne planchent réellement sur leurs programmes respectifs.
Michèle Detaille

Michèle Detailleprésidente Fedil

L’UEL publiera, elle aussi, ses propositions dans quelques jours. «Des propositions établies par des spécialistes actifs dans nos groupes de travail, des professionnels issus des différents secteurs que nous représentons», continue . Des propositions qui sont donc présentées aux différents partis lors de rendez-vous particuliers. «Nous sommes pour eux un relais d’informations. Nous les tenons informés de la réalité du terrain. Après, dans ce que nous leur présentons, ils retiennent ce qui les intéresse selon leur sensibilité.»

La Fedil a joué l’anticipation

À entendre le directeur de l’UEL, c’est donc «business as usual» (ou presque). Mais ce n’est pas le cas partout.

Prenons, par exemple, la Fédération des industriels luxembourgeois (Fedil), un des membres de l’UEL. Elle aussi a publié sur son site web, le 24 octobre dernier, sa propre feuille de route en vue des prochaines élections. Mais, en réalité, les mesures qu’elle reprend étaient déjà anciennes de plusieurs mois, une délégation de la Fedil étant, en effet, partie à la rencontre des principaux partis politiques… avant l’été 2022. Soit un an avant le scrutin communal de juin prochain et près d’un an et demi avant le rendez-vous législatif d’octobre. Bien plus tôt donc que les autres.


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«Le but n’était pas réellement de passer avant les autres fédérations ou syndicats. Plutôt d’arriver avant que les groupes de réflexion des différents partis ne planchent réellement sur leurs programmes respectifs», glisse , la présidente de la Fedil. «Et vu que nous restons également en contact régulier, voire continu, avec ces mêmes partis, nous savons qu’ils ne nous oublieront pas», ajoute celle dont la fédération sera partie prenante dans les (trois) tables rondes organisées prochainement par la Chambre du commerce afin de confronter les représentants politiques aux chefs d’entreprise.

Le journal de la CGFP

Dans les rangs des syndicats aussi, on est dans l’échange régulier avec les différents groupements politiques. Et pour le LCGB (Lëtzebuerger Chrëschtleche Gewerkschafts-Bond), ce dernier suffit. «On ne s’ingère pas dans le déroulement de la campagne», concède son président, . «Nos revendications sont connues puisque nous avons envoyé le programme d’actions qui avait été validé en 2021 par notre congrès national. Et nos contacts fréquents suffisent donc à les rappeler.»

Nous voulons jouer un rôle dans ces élections.
Nora Back

Nora Backprésidente de l’OGBL

Du côté de la Confédération générale de la fonction publique (CGFP), le syndicat de la fonction publique, on n’a pas non plus rédigé de document de revendications en vue des prochaines élections. Comme au LCGB, on ne prévoit pas non plus de donner de consignes de vote aux affiliés. «Mais, par contre, on a prévu d’interroger au printemps tous les partis. Et cela sur les thèmes qui nous semblent importants comme la fonction publique, la fiscalité, le logement, l’éducation...» indique , le président de la CGFP. «Afin d’informer au mieux nos membres, nous publierons ensuite toutes leurs réponses dans notre journal, “Fonction publique”.» Une publication qui sera tout de même tirée à plus de 30.000 exemplaires.

L’OGBL: programme, meeting, voire manif et consigne de vote

Ce calme relatif décrit au LCGB et à la CGFP tranche un peu avec l’agitation que ces élections semblent provoquer au sein de l’OGBL. Voici peu, , sa présidente, expliquait ainsi à Paperjam que le bureau exécutif de son syndicat «allait définir son propre programme politique. De la même manière que si nous étions un parti politique».


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Ce cahier de revendications sera soumis à l’approbation de «l’organe suprême» de l’OGBL, le comité national (qui regroupe 200 personnes dont la moitié sont des militants, ndlr), puis fourni aux politiques. «Il est ensuite prévu de passer les différents programmes au crible. Puis, il sera temps de passer à l’offensive, avec des meetings, voire des manifs si nécessaire. On peut même aller jusqu’à donner des recommandations de votes» continue une Nora Back qui évoque aussi un numéro spécial d’Aktuell, le magazine du syndicat.

«Nous voulons jouer un rôle dans ces élections», concluait Nora Back.