Ubu aurait, c’est sûr, gloussé de rire: les applications de traçage du Covid-19, qui sont globalement un fiasco en termes de téléchargements en Europe, seront désormais aussi utiles à ceux qui voyagent.
Autrement dit, un Allemand qui irait en France pourrait continuer à recevoir des notifications de son application allemande, mais aussi de l’application française, ce qui lui permettrait de prendre des mesures de précaution plus rapidement.
Après le retrait allemand du projet européen au profit de la solution développée par Apple et Google, chaque pays a fait sa cuisine dans son coin avec des fortunes diverses, selon la sensibilité de ses résidents à la question de la protection des données.
Faute d’avoir réussi à rassurer, l’application française StopCovid sera remplacée… par une application Tous Anti-Covid. L’application belge vient juste d’être lancée, l’italienne et la britannique sont celles qui, en pourcentage de téléchargements par la population, ont les meilleurs scores, et le Luxembourg n’en a pas, préférant un coûteux et parfois compliqué traçage manuel à partir des déclarations des personnes positives au virus.
Selon le communiqué de la Commission européenne, une vingtaine d’applications, qui représentent les deux tiers des téléchargements d’une application de ce type en Europe, seront interconnectées via une passerelle créée en deux semaines par T-Systems et SAP, et sera gérée à partir du centre de données de la Commission européenne au Luxembourg.
Sont déjà connectés la Corona-Warn-App allemande, le Covid Tracker irlandais et l’Immuni italienne, soit 30 millions de téléchargements. Le deuxième groupe d’applications sera connecté la semaine prochaine. eRouška en République tchèque, Smitte|Stop au Danemark, Apturi COVID en Lettonie et Radar Covid en Espagne devraient alors rejoindre le système, tandis que d’autres applications seront connectées au système en novembre.
«Aucune information autre que des clés arbitraires, générées par les applications», dit le communiqué de la Commission européenne, «ne sera traitée par la passerelle. Les informations seront pseudonymisées, cryptées, limitées au minimum requis et conservées uniquement le temps nécessaire pour assurer le traçage des infections. Il ne sera pas possible d’identifier des personnes physiques ni de suivre l’emplacement ou le mouvement des appareils.»