Selon le dernier rapport publié par l’Association européenne des compagnies aériennes régionales (ERA) réalisé par le cabinet de conseil en économie et en finance Oxera, le secteur de l’aviation et en particulier les compagnies européennes et régionales sont confrontés à des problématiques majeures, notamment sur le plan opérationnel.
Ce que confirme de façon très concrète l’actualité de ces derniers jours, entre Ryanair qui en appelle au gouvernement wallon pour trouver des solutions face à des milliers de passagers qui manquent leurs vols à cause d’une pénurie de personnel de sécurité à l’aéroport de Charleroi; ou Brussels Airport qui, face à une fréquentation en hausse engendrant une saturation de ses halls, décide d’investir 500 millions d’euros pour améliorer les choses et maintenir sa position de hub.
Au Luxembourg, la compagnie nationale n’est pas non plus épargnée par les difficultés, entre coûts croissants et exigences réglementaires toujours plus contraignantes qui pèsent sur Luxair et menacent «sa capacité à continuer de servir efficacement ses communautés». Un cas de figure partagé par d’autres compagnies européennes et qui s’est exacerbé par l’inflation post-pandémique et la crise énergétique. Autre difficulté mise en lumière: encouragées à devenir plus vertes, les compagnies doivent toutefois se heurter à des capacités en Sustainable Fuel Aviation (SAF) plutôt limitées, ce qui illustre aussi, selon le rapport, la nécessité de réglementations plus intelligentes et équilibrées, afin de mieux prendre en compte la réalité des transporteurs aériens, de garantir un accès égal aux infrastructures, de lutter contre les pratiques tarifaires déloyales…
Autant de pistes d’amélioration partagées par Luxair qui, de son côté, travaille à trouver des mesures pour tenter de dépasser ces contraintes, notamment en matière de durabilité avec une modernisation de sa flotte. Sur le plan de la réglementation, elle soutient les recommandations formulées par l’ERA, notamment «une mise à jour du règlement européen sur les services aériens et l’adaptation du règlement européen UE 261». La compagnie luxembourgeoise, comme l’ERA, plaide aussi pour une amélioration de la gestion de l’espace aérien dans la droite lignée du programme SES2+ afin d’unifier l’espace aérien européen, et in fine, contribuer à une meilleure efficacité des vols, à une meilleure ponctualité, à une diminution de la consommation en carburant ou plus globalement à atteindre les objectifs environnementaux qui incombent au secteur.
L’aviation régionale soutient 335.000 emplois en Europe
«Les compagnies aériennes régionales sont l’épine dorsale de la connectivité, reliant les communautés, les économies et les régions. Chez Luxair, nous sommes pleinement engagés à fournir ces services essentiels de manière responsable et durable. Cependant, la hausse des coûts et la réglementation de plus en plus contraignante menacent notre capacité à continuer de servir efficacement nos communautés. Nous avons urgemment besoin de politiques non seulement équitables, mais qui tiennent également compte des défis uniques auxquels sont confrontées les compagnies aériennes régionales, afin de garantir que nous puissions rester un partenaire fiable pour les personnes et les lieux que nous desservons», déclare le CEO de Luxair,
Il s’agit d’un enjeu clé, au-delà du simple fait de transporter des voyageurs. Pilier de l’économie européenne, l’aviation régionale génère 23,1 milliards de valeur ajoutée brute et soutient plus de 335.000 emplois, et jusqu’à 4,5 millions d’emplois indirects en y ajoutant le tourisme dont l’aviation est un moteur. Elle joue aussi un rôle sur le plan social en reliant des zones mal desservies et en garantissant l’accès à des services essentiels.