Alexandre Gauthy, macroéconomiste chez Degroof Petercam Luxembourg. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne/archives)

Alexandre Gauthy, macroéconomiste chez Degroof Petercam Luxembourg. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne/archives)

Élection aux États-Unis, Brexit, guerre commerciale avec la Chine, place de l’Union européenne dans le monde... les paramètres de la boussole macroéconomique risquent de s’affoler en 2020. Entre perceptions, éléments tangibles et projets politiques, nos experts donnent le cap. Cette série continue avec Alexandre Gauthy, macroéconomiste chez Degroof Petercam Luxembourg.

Différents éléments devraient grandement influencer les élections américaines de novembre 2020.

Le premier est la santé de l’économie américaine. La survenance d’une récession réduirait drastiquement les chances de réélection de Donald Trump. Le conflit commercial avec la Chine a immanquablement contribué à la décélération de la croissance économique américaine. Une escalade des tensions commerciales avec la Chine augmenterait les risques de récession économique. De plus, un échec dans les négociations avec la Chine qui durent depuis deux ans enverrait un mauvais signal à ses partisans.

À 43%, le taux d’approbation de Trump est relativement bas comparé à celui des présidents américains précédents, mesuré au même moment du cycle électoral. Plus inquiétant pour lui, la note que les Américains attribuent à sa gestion de l’économie a fortement reculé ces derniers mois. Il existe donc bel et bien un incitant à trouver un terrain d’entente avec la Chine. La défiance des Américains envers la Chine semble être partagée par les deux partis. Un accord qui ne contiendrait pas assez de concessions de la part des homologues chinois pourrait être utilisé par les démocrates comme un signe de faiblesse de Donald Trump.

La procédure de destitution lancée à l’encontre du président américain sera également primordiale. À ce jour, il est probable que la Chambre des représentants à majorité démocrate vote en faveur de la destitution. Pour que le président perde son pouvoir, il faut cependant que le Sénat vote à la majorité des deux tiers. À ce stade, Trump bénéficie toujours du soutien des républicains qui siègent au Sénat. Il faudrait donc des preuves irréfutables à son encontre pour qu’il perde le support de son propre parti. Aux dernières nouvelles, la probabilité que la procédure de destitution aboutisse reste relativement limitée.

Du côté des grands thèmes de la campagne, la santé et les inégalités restent des sujets sensibles aux États-Unis. Ces deux thèmes constituent le cheval de bataille des démocrates. Les deux partis sont en accord sur le besoin de moderniser les infrastructures américaines vieillissantes. Un Donald Trump réélu tentera, lui, probablement, de pérenniser la baisse d’impôt implémentée en 2018 en faveur des ménages.

Quel adversaire?

Enfin, la course à la nomination du candidat démocrate est lancée. Quel candidat les démocrates choisiront-ils? La décision de l’ancien maire de New York, le milliardaire Michael Bloomberg, de se lancer dans la campagne électorale rajoute un degré d’incertitude sur le choix du candidat démocrate. De par sa position modérée, M. Bloomberg pourrait soutirer des voix aux candidats démocrates tels que Joe Biden, ce qui bénéficierait à Elizabeth Warren. D’ici les élections présidentielles de 2020, de nombreux événements imprévisibles peuvent survenir, qui influenceront les intentions de vote. Le choix du candidat démocrate sera un élément déterminant dans la course à la présidence.