Si le Luxembourg n’augmente pas sa participation à l’effort de défense européen, Donald Trump laissera la Russie envahir le pays… (Photo: Shutterstock)

Si le Luxembourg n’augmente pas sa participation à l’effort de défense européen, Donald Trump laissera la Russie envahir le pays… (Photo: Shutterstock)

Candidat à la présidentielle américaine et talonné par les affaires politico-judiciaires, le républicain Donald Trump fait feu de tout bois. Dans son viseur aujourd’hui le Luxembourg accusé de ne pas tenir ses engagements envers l’Otan. Un discours déconnecté de la réalité.

Donald Trump l’affirme: il ne défendra pas les pays qui ne contribuent pas suffisamment au budget de l’Otan. Dont le Luxembourg. Mieux, selon ses propres mots, il encouragerait les Russes «à faire ce que bon leur semble».

Les règles en vigueur

L’alliance atlantique est financée par les contributions des États membres. Des contributions directes qui servent à financer le budget de l’organisation, soit 3,8 milliards pour 2024. Sur ce point, pas de problème. Le souci, c’est par rapport à une règle fixée en 2006 qu’on le trouve. Depuis cette date, chaque pays doit consacrer à minima 2% de son PIB afin que la disponibilité opérationnelle de l’alliance soit assurée. Actuellement, seuls 12 des 31 membres respectent ce plancher.

Et six pays ont été mis à l’index par Donald Trump: l’Allemagne qui consacre 1,6% de son PIB à la défense, l’Italie (1,5%), la Slovénie (1,4%), l’Espagne et la Turquie (1,3% chacun) et, dernier du classement, le Luxembourg qui consacre 0,58% de son PIB selon l’Otan, 0,62% selon le ministère de la Défense.

La guerre en Ukraine a incité les pays européens à consacrer plus de fonds aux activités militaires, ce qui mécaniquement fera progresser les pays en retard. Mais quid du Luxembourg? Le pays semble loin de l’objectif de 2%.

2% de quoi?

Lors de l’, tenue à Luxembourg, le gouvernement Bettel s’était donné comme objectif de consacrer en 2024 649 millions d’euros à la défense – soit 0,77% du PIB – et d’arriver à 1% en 2028 avec un niveau de dépenses de 994 millions. Si de 2014 à 2022, le Luxembourg a doublé ses engagements budgétaires, le seuil des 2% semble inatteignable.

«Augmenter les dépenses de défense à 2% du PIB, soit 1,7 milliard d’euros, reviendrait à consacrer à la défense 7,5% du budget de l’État», observait le ministre de la Défense de l’époque,  (déi Gréng). Et si tant bien même: à quoi dépenser cet argent? Dans un pays de 650.000 habitants et un PIB boosté par les frontaliers, les équipements – première source de dépenses dans les budgets militaires – ne peuvent être multipliés. Avoir à terme plus de véhicules tactiques que de soldats est-il vraiment pertinent?

Les difficultés du pays ont été prises en compte par l’Alliance. en juillet 2023, les partenaires du Luxembourg ont modifié la règle de calcul de la contribution des pays membres pour le Luxembourg. Le revenu national brut s’est substitué au PIB allégeant fortement la facture. Conséquence, pour tenir ses engagements, les dépenses militaires du pays devraient atteindre le milliard. Un montant en ligne avec les engagements du gouvernement Bettel.

Les ambitions du gouvernement Frieden

Il faudra attendre le dépôt du projet de budget, ce 6 mars, pour voir si cette promesse sera tenue. Dans l’accord de coalition, l’objectif «d’accroître, à moyen terme l’effort de défense à la hauteur de deux pour-cent du revenu national brut (RNB)» est réaffirmé. Sur les moyens de dépenser cet argent, l’accord de coalition indique, sans donner plus de détails, que «l’armée luxembourgeoise sera modernisée afin de mieux répondre aux défis géopolitiques actuels». On lit également que «dans le cadre des investissements accrus, le gouvernement adoptera une approche concertée au niveau de l’État afin de renforcer la résilience du pays face aux crises. Il veillera à créer des synergies avec d’autres secteurs en privilégiant les projets ayant des retombées positives au Luxembourg tant au niveau sociétal qu’économique… Afin de rendre justice aux avancées technologiques et pour répondre à des besoins opérationnels, le Luxembourg continuera à développer ses capacités militaires dans les domaines aériens, cyber et espace.»

Devant la Commission de la défense, la ministre de la Défense, (DP), a affirmé vouloir respecter les engagements du précédent gouvernement. La ministre a précisé que «l’objectif est d’atteindre 1% du PIB pour les dépenses en matière de défense au plus tôt à l’horizon 2028, ce qui correspond à 1.030 millions d’euros et 1,48% du revenu national brut (RNB). À moyen et à long terme, une feuille de route sera mise en place pour atteindre le seuil des 2% du revenu national brut (RNB). Celle-ci sera présentée aux membres de la commission parlementaire en amont du sommet de l’Otan prévu à Washington à la mi-juillet 2024.»

Là où le Luxembourg a une carte à jouer, c’est dans le poste équipements majeurs et R&D. Alors que l’Otan fixe comme objectif d’arriver à 20% de dépenses sur ce poste, le Luxembourg est à 52%. Et les projets se multiplient. Citons le , le projet ou la contribution au fonds technologique pour citer les plus récents.