«Les différents acteurs du monde professionnel s’accordent à dire que, sans la digitalisation, l’impact de la crise sanitaire sur leur activité aurait été autrement plus dramatique qu’il ne l’a été au cours des 15 derniers mois.» (Photo: DR)

«Les différents acteurs du monde professionnel s’accordent à dire que, sans la digitalisation, l’impact de la crise sanitaire sur leur activité aurait été autrement plus dramatique qu’il ne l’a été au cours des 15 derniers mois.» (Photo: DR)

En amont de l’événement «10x6 RH: Les nouvelles façons de travailler» organisé par le Paperjam + Delano Club le jeudi 24 juin, l’un des orateurs, Nathaël Malanda (Allen & Overy) nous partage sa vision sur les nouvelles façons de travailler en entreprise.

Le télétravail est-il pour vous une réelle «nouvelle façon de travailler»?

Nathaël Malanda. – «Si le télétravail constitue une pratique qui n’a cessé de se développer ces dernières années dans de nombreux secteurs, il est indéniable que la crise sanitaire a eu un effet accélérateur sans précédent sur cette pratique. Pour beaucoup d’employeurs, le télétravail presté simultanément par un nombre aussi important de salariés peut dès lors être considéré comme une ‘nouvelle façon de travailler’ à l’échelle de l’entreprise, ou même du groupe. Force est de constater que beaucoup d’employeurs, qui n’étaient pas forcément tous favorables à une pratique élargie du télétravail, ont pu se rendre compte des avantages que pouvait constituer un télétravail accessible au plus grand nombre. C’est dans ce contexte que la convention relative au régime juridique du télétravail du 20 octobre 2020, ainsi que, pour les entités surveillées, la circulaire CSSF 21/769 du 9 avril 2021 (qui entrera en vigueur le 30 septembre 2021), viennent fixer un cadre juridique plus précis sur cette pratique et les obligations qui en découlent pour les employeurs et les salariés.

On parle de digitalisation comme le «back-up numéro 1» (cf. la crise sanitaire). Est-ce réellement la solution miracle?

«Les différents acteurs du monde professionnel s’accordent à dire que, sans la digitalisation, l’impact de la crise sanitaire sur leur activité aurait été autrement plus dramatique qu’il ne l’a été au cours des 15 derniers mois. En effet, la digitalisation a permis à un nombre important d’entreprises de continuer à fonctionner avec des rendements semblables à ceux d’un contexte hors crise. Cependant, il convient de rappeler qu’au-delà du fait que certains secteurs ou certains postes de travail sont de facto exclus d’un possible recours à la digitalisation, une digitalisation accrue représente également certains risques, notamment celui de l’hyperconnectivité et d’une délimitation insuffisante entre la vie professionnelle et la vie privée.

Pour les employeurs, un des défis majeurs est donc de trouver le bon équilibre entre le développement des nouvelles opportunités que permet la digitalisation et le maintien d’une culture d’entreprise cohérente qui réponde aux exigences légales, notamment en matière de santé et de sécurité des salariés.  

Quelles sont les perspectives des «nouvelles façons de travailler» d’ici 5 à 10 ans?

«Il est probable que la tendance vers une démocratisation des nouvelles façons de travailler ne fera que se renforcer ces prochaines années, pour répondre à une demande croissante des salariés, notamment ceux issus des plus jeunes générations, de pouvoir adopter un mode de travail permettant une large flexibilité dans son organisation. Toutefois, des contraintes juridiques, fiscales, réglementaires ou de sécurité sociale viendront nécessairement imposer certaines limites aux possibilités envisageables en matière de nouvelles façons de travailler, et il appartiendra aux employeurs d’y accorder toute l’attention nécessaire pour ne pas se retrouver devant des situations non anticipées pouvant avoir des conséquences significatives pour l’entreprise.»