L’ambassadeur américain Randy Evans admet que le processus électoral peut sembler surréaliste pour les étrangers, mais qu’il montre à quel point les États-Unis prennent leurs élections au sérieux. (Photo: Matic Zorman/archives Maison Moderne)

L’ambassadeur américain Randy Evans admet que le processus électoral peut sembler surréaliste pour les étrangers, mais qu’il montre à quel point les États-Unis prennent leurs élections au sérieux. (Photo: Matic Zorman/archives Maison Moderne)

L’ambassadeur des États-Unis au Luxembourg a été au cœur du processus juridique lors de la longue élection présidentielle qui a finalement vu George W. Bush vaincre Al Gore en 2000. Il partage son avis.

«Cela a été un exercice de démocratie phénoménal», affirme quant aux élections américaines de 2020, qui ont vu plus de 143 millions d’Américains voter pour Donald Trump ou Joe Biden. Mais, alors que le monde attend avec impatience le résultat, l’ambassadeur des États-Unis au Luxembourg déclare qu’il est important que le processus électoral fonctionne correctement. «Je pense que vous voyez tout le monde travailler dur tout au long de ce processus», dit Randy Evans. «Pour s’assurer que le système fonctionne et que chaque bulletin soit compté. Il aurait été assez facile de court-circuiter le processus, mais cela ne s’est pas produit.

Alors que des contestations judiciaires sont lancées et après que le président Trump a menacé mercredi de saisir la Cour suprême, les commentateurs comparent inévitablement la situation à l’élection de George W. Bush contre Al Gore. Mais Evans, qui  a été l’avocat du président de la Chambre des représentants, Dennis Hastert, pendant ces semaines tumultueuses de novembre et début décembre 2000, dit qu’il est trop tôt pour faire cette comparaison.

«Nous sommes toujours dans le processus de comptage», dit-il dans une interview accordée jeudi après-midi. En 2000, le résultat n’avait été connu que des semaines après le jour du scrutin. «C’est finalement la Cour suprême des États-Unis qui avait dû trancher pour que nous ayons une décision finale. Et, honnêtement, ce ne fut pas encore un point final à ce moment-là», explique Evans. «Nous avons encore dû attendre la convocation de la session conjointe du Congrès pour compter les grands électeurs des collèges électoraux.»

Scénarios alternatifs

Mais même si le processus judiciaire traîne, Evans explique qu’une décision doit en tout cas être prise avant le 20 janvier 2021. «Parce que le 20 janvier, si le processus n’est pas encore terminé, alors le président suppléant devient le président par intérim.»

Il est tout aussi intéressant de penser que l’élection présidentielle pourrait aboutir à une égalité, aucun des candidats ne recevant les 270 grands électeurs requis. Cela pourrait arriver si Biden remporte la Géorgie et Trump remporte le Nevada, l’Arizona, la Pennsylvanie et la Caroline du Nord. Dans ce cas, la Chambre des représentants votera pour le président et le Sénat votera pour le vice-président.

«Eh bien, vous savez, c’est en effet intéressant, car j’étais là quand nous avons révisé certaines de ces règles. Et je me souviens que des gens disaient: ‘Quelles sont les chances que cela se produise?’ Mais voilà pourquoi une procédure régulière est si importante», dit Evans.

L’ambassadeur déclare encore qu’il trouve fascinant que la course à la Maison Blanche se déroule sur le fil après que les deux parties ont publiquement proclamé qu’elles gagneraient avec des marges importantes. «Et ce que nous savons maintenant, c’est que cela arrive jusqu’aux cinq derniers États. On parle de quelques milliers de voix. Nous n’avons pas d’explosion. Et je pense que cela changera à certains égards le récit de la politique américaine.»

Quant à la période de transition, entre la proclamation d’un résultat final et l’investiture du 20 janvier, l’ambassadeur explique que «rien sur le plan juridique ne change en termes de pouvoirs, soit du président, soit du Congrès, soit des tribunaux». Et de rappeler que jusqu’en 1937, l’investiture du président se faisait en mars plutôt qu’en janvier.

Position la plus puissante sur Terre

Le Congrès actuel expire, pour sa part, au cours de la première semaine de janvier, mais la nouvelle composition précise de la Chambre haute ne sera peut-être même pas connue d’ici là. C’est un autre problème. Car le premier acte que le nouveau Congrès devra accomplir sera «de recevoir, d’accepter et d’agir sur les votes exprimés par les différents grands électeurs [des collèges électoraux de chaque État]. C’est binaire, il n’y a qu’une seule option ou une autre. Soit l’un des deux candidats a 270 électeurs ou plus, soit ils ne les ont pas.»

Evans convient que pour le monde extérieur, ce processus peut sembler surréaliste, mais qu’il montre à quel point les États-Unis prennent au sérieux leurs élections, qu’il appelle «la pierre angulaire d’une république démocratique».

Il est donc essentiel de s’assurer que les bulletins de vote soient correctement comptés, puis de s’assurer que les vérifications et contrepoids appropriés jouent leur rôle. «Et ces vérifications et contrepoids consistent en un tout, du système judiciaire au système politique... pour s’assurer que la personne qui est nommée président est vraiment, complètement, de manière vérifiable, la personne qui a remporté le nombre de voix requis, tant aux urnes qu’au collège électoral… Car la présidence des USA est la position la plus puissante sur Terre.»