Franz Fayot, ministre de l’Économie, et Pascale Junker, chargée de direction de Luxembourg Stratégie, ont présenté ce mardi 18 octobre, la scénarisation des futurs possibles pour l’économie luxembourgeoise à l’horizon 2050. (Photo: MECO)

Franz Fayot, ministre de l’Économie, et Pascale Junker, chargée de direction de Luxembourg Stratégie, ont présenté ce mardi 18 octobre, la scénarisation des futurs possibles pour l’économie luxembourgeoise à l’horizon 2050. (Photo: MECO)

770.000, 1,1 million ou 1,2 million d’habitants: voilà une partie des éléments composant les trois scénarios issus des travaux de scénarisation menés par Luxembourg Stratégie et présentés ce mardi 18 octobre. L’objectif? Envisager les futurs possibles pour l’économie du Luxembourg à l’horizon 2050.

«Le caractère itératif du processus de scénarisation n’est encore qu’à mi-chemin et nous le poursuivrons jusqu’en mars prochain. Mais cela permet déjà de voir les trois scénarios qui se dégagent de nos différents groupes de travail», a expliqué ce mardi 18 octobre Pascale Junker, chargée de direction de Luxembourg Stratégie, lors d’une conférence de presse menée au Learning Center de Belval, aux côtés du ministre de l’Économie (LSAP).

Concrètement, Luxembourg Stratégie s’est appuyé sur plusieurs groupes de travail – notamment composés de chercheurs et de responsables d’entreprises – pour aboutir à ces scénarios. Depuis août 2022, la direction de prospective stratégique du ministère de l’Économie a également lancé deux études. L’une, «Soc2050» est menée en collaboration avec le Liser et porte sur la désirabilité du changement sociétal. L’autre, «Risk2050», est issue d’une collaboration avec l’Université du Luxembourg et porte sur la vulnérabilité de l’économie du Luxembourg face aux risques physiques les plus pertinents (changement climatique, déclin de la biodiversité, raréfaction des ressources, etc.).

Un budget de 320.000 euros pour cette année

Luxembourg Stratégie a lancé, en juin dernier, un vaste cycle de travail collaboratif de scénarisation des futurs possibles pour l’économie luxembourgeoise à l’horizon 2050. Le budget alloué par le ministère à Luxembourg Stratégie «était de 320.000 euros pour cette année, mais cela est notamment dû aux deux études pluridisciplinaires que nous avons réalisées, et qui ont mobilisé une dizaine de chercheurs de l’Uni et du Liser», détaille Pascale Junker.

«Il s’agit de l’extension de l’étude stratégique Rifkin, et l’idée est de réaliser des études de prospective pour une économie luxembourgeoise compétitive, inclusive et résiliente», ajoute Franz Fayot. Le groupe de travail technique «scénarios de l’économie 2050» est actuellement au stade trois de six réunions, il regroupe 70 membres, dont les Chambres et Fédérations professionnelles, la Fedil, le Syvicol, les syndicats, etc. Au cours des travaux, une vingtaine d’entités prospectives du Luxembourg et de la Grande Région ont également été consultées, en août-septembre derniers.

Il en ressort donc, pour le moment, trois scénarios: le scénario «statuquo», le scénario «circularité biorégionale», et le scénario «libéralisme techno-digital». Le premier est le scénario de la continuité: nous sommes en 2050, le Luxembourg compte 1,1 million d’habitants, le pays attire toujours plus de salariés, avec toutes les conséquences sur l’augmentation du trafic et une pression accrue sur le logement. «Les empreintes carbone, matérielles et écologiques grimpent, la gouvernance est à court terme et le Luxembourg a conservé son modèle tripartite», explique Pascale Junker.

Des ateliers jusqu’en mars prochain

Dans le deuxième scénario, celui de la responsabilité sociale et environnementale, le Luxembourg ne compte «que» 770.000 habitants. «La population et l’économie arrêtent de croître, ce qui détend le trafic et la pression sur le logement, les systèmes de santé et d’éducation, l’environnement et l’eau.» Les niveaux de salaire, de pensions et de couverture sociale, eux, stagnent, et le pays recourt largement à la démocratie participative au sein d’une Union européenne resserrée, leader mondial de la transition énergétique.

Enfin, le troisième scénario, dit «techno-optimiste», mise sur une population atteignant 1,2 million d’habitants en 2050. «Les marchés du logement et de l’emploi sont très précarisés, le système éducatif est entièrement digitalisé. La poursuite de la croissance quantitative nationale (PIB de plus ou moins 4,5% par an) permet un équilibre relatif des caisses de pensions et sécurité sociale, mais alimente aussi une concurrence mondiale effrénée pour l’accès aux ressources», commente Pascale Junker. La mondialisation est, qui plus est totale, et le réchauffement dépasse les + 2 °C préconisés par l’Accord de Paris.

«À ce stade, les scénarios en construction tiennent compte de différentes bifurcations dont l’évolution est particulièrement incertaine à long terme, comme les nouvelles formes de gouvernance, les futurs modèles “écolonomiques” ou la faisabilité de l’accélération technologique et digitale», ajoute Franz Fayot. Lors des prochains ateliers de travail, qui se poursuivront jusqu’en mars prochain, ces scénarios seront complétés par des facteurs encore manquants et certaines sous-mégatendances, dont l’impact sur l’avenir du Luxembourg est relativement prévisible. On peut par exemple citer le vieillissement de la population, la digitalisation, l’influence des réseaux sociaux ou la raréfaction de ressources. Une consultation publique avec les communes, les citoyens et les entreprises est également prévue entre décembre et février prochains.