Pour une centrale photovoltaïque de 10 kWc alimentant trois membres réunis dans une même communauté, chacun économiserait 200 euros sur la facture énergétique. (Photo: Shutterstock)

Pour une centrale photovoltaïque de 10 kWc alimentant trois membres réunis dans une même communauté, chacun économiserait 200 euros sur la facture énergétique. (Photo: Shutterstock)

Partager entre voisins l’électricité produite par le photovoltaïque et revendre ce qui est excédentaire… Une dizaine de communautés énergétiques sont actives dans le pays. Cette approche combinant bon sens écologique et factures allégées est appelée à se développer.

Wellenstein, Soleuvre, Manternach, Useldange, Blaschette, Sanem, Marnach, Eschdorf… Onze communautés énergétiques sont actives sur le territoire, selon les derniers chiffres fournis par l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR), datant de fin septembre. Des structures comptant de deux à cinq membres chacune, l’électricité produite par l’installation photovoltaïque appartenant à l’un d’eux étant partagée entre tous. L’électricité excédentaire, quant à elle, peut être revendue. Un dispositif très «transition écologique friendly» mais aussi très intéressant pour réduire sa facture d’énergie.

C’est simple

Premier impératif, d’ordre géographique. Une communauté énergétique est possible quand la distance entre les deux points d’injection ou de prélèvement de l’électricité les plus éloignés l’un de l’autre ne dépasse pas 300 mètres. Ses membres (de deux à cinq, dix, 20 ou 100…) ont obligation de se constituer en société. Les structures existantes au Luxembourg reposent sur une demi-douzaine de modèles: asbl, SCI, société coopérative, société anonyme, syndicat de copropriétaires et syndicat intercommunal, comme à Berdorf.

Viennent ensuite l’étape de la déclaration de constitution à l’ILR, puis la signature d’une convention avec le gestionnaire de réseau (type Creos).

C’est souple

Deux options sont possibles pour le partage de l’énergie produite. Le modèle de répartition «simple et statique» et le modèle dit «complexe», pour reprendre les termes de la Klima-Agence, qui recommande d’avoir recours au premier. Proposé par défaut, le modèle «simple et statique» prévoit un partage proportionnel à la consommation des points de fourniture, ou une électricité «allouée de manière prioritaire ou au pourcentage aux membres». «Le bilan énergétique est alors réalisé par le gestionnaire de réseau», renseigne la Klima-Agence.

Dans le second modèle, ce bilan énergétique est à opérer par la communauté elle-même, ses membres décidant seuls, selon des modalités à fixer entre eux, des règles de répartition.

S’agissant du rachat de l’électricité excédentaire, la communauté est également libre de signer avec le fournisseur de son choix (il y en a quinze dans le pays) si l’installation photovoltaïque dont elle dépend n’est pas associée au tarif d’injection garanti. Dans le cas contraire, «les conditions ne changent pas», ce même tarif garanti prévaut «pour chaque kWh injecté dans le réseau». 

C’est rémunérateur

«Une simulation financière d’un groupe de partage est difficile à réaliser. Les conditions peuvent être variables, dépendant du nombre de consommateurs, de leur comportement, de l’utilisation de pompes à chaleur ou de véhicules électriques, et, évidemment, de l’installation photovoltaïque», introduit le ministère de l’Énergie.

Mais «le partage est intéressant», affirment les autorités, illustrant: «En gros, l’électricité injectée est rémunérée à hauteur de 4 cts/kWh, et le prix du kWh consommé est de 20 cts. Si on s’accorde sur un prix moyen de 12 cts pour le kWh partagé, aussi bien le producteur que le consommateur gagnent 8 cts pour chaque kWh.»

Un cas de figure concret pour se rendre compte de ce que cela représente sur la facture… Soit une centrale photovoltaïque de 10 kWc (il s’agit du modèle standard pour une maison unifamiliale). Cette installation produit environ 10.000 kWh par an, une énergie partagée avec deux voisins. Si l’on considère que les trois foyers consomment la moitié de l’électricité produite, le revenu annuel dégagé par le propriétaire des panneaux solaires atteindra 400 euros, d’après des calculs de la Klima-Agence. Parallèlement, le propriétaire de l’installation comme les voisins avec qui est partagée l’électricité économiseraient 200 euros sur leur facture énergétique.

Fin 2023, selon les derniers chiffres consolidés de l’ILR, la puissance installée dans le pays représentait 394 MW (en hausse de 77 MW sur un an), via 13.622 centrales capables de produire 294 GWh (+18 GWh sur un an). Pour le premier semestre 2024, la capacité totale de l’énergie solaire atteignait 440,81 MW, . L’objectif fixé par le Plan national en matière d’énergie et de climat (Pnec) est de 1.236 MW à l’horizon 2030.

Mi-octobre, l’ILR avait indiqué qu’une exception à la future réforme réglementaire des tarifs du réseau serait appliquée aux membres de communautés énergétiques.