«L’évolution des finances publiques au 31 août 2022 témoigne de la résilience de l’économie luxembourgeoise et montre que l’État dispose de la marge de manœuvre nécessaire pour financer les mesures retenues lors de la tripartite.» Voilà une des phrases de conclusion adressées ce lundi par (DP), la ministre des Finances, lors d’une réunion conjointe de deux commissions de la Chambre des députés, celle des finances et du budget et celle du contrôle de l’exécution budgétaire.
Une réunion dont le timing est un peu particulier, dans la mesure où elle se tient d’ordinaire trimestriellement. Et non, donc, afin d’analyser la situation après huit mois d’exercice. Mais, compte tenu des différentes crises touchant le pays, la demande était là afin de faire le point plus fréquemment et, notamment, avant le discours sur l’état de la Nation (prévu le 11 octobre) par le Premier ministre, (DP), et le dépôt du budget 2023 le lendemain (12 octobre), par Yuriko Backes.
Excédentaire de près d’un milliard
Et, selon les chiffres avancés par cette dernière, «la situation actuelle se présente plus favorablement que prévu», dixit la ministre des Finances. Au 31 août 2022, les recettes de l’Administration centrale se montaient, en effet, à un total de 15,7 milliards d’euros, soit une progression de 9,6% par rapport à la même période de l’année précédente. «Mais la dynamique n’est pas la même qu’à l’époque», tempérait le député (DP), rapporteur du prochain projet de loi sur le budget. Ce dernier faisant référence au fait que les recettes perçues par les administrations fiscales correspondent à seulement 69,8% des recettes budgétisées, alors qu’au 31 août 2021, celles-ci représentaient déjà 74,2% du budget.
Les effets de la première tripartite, celle de mars dernier, ne sont pas encore vraiment visibles dans tous ces chiffres.
En attendant, dans le même temps, les dépenses de l’Administration centrale ne s’élevaient, elles, qu’à 14,8 milliards d’euros fin août. Soit une hausse relativement faible de 2% (ou 292 millions d’euros) par rapport à 2021, mais à mettre dans la balance avec le fait que cette année 2021 avait été fortement marquée par des dépenses exceptionnelles liées à la crise du Covid-19. Cependant, les chiffres sont là: le Luxembourg se trouve donc actuellement dans une situation excédentaire de 969 millions d’euros.
Au DP: «Il faut prôner la prudence»
«Mais il faut quand même prôner la prudence», reprend un Max Hahn qui suit la ligne de son parti. «Parce que les effets de la première tripartite, celle de mars dernier, ne se sont pas encore vraiment visibles dans tous ces chiffres. Le crédit d’impôt énergie n’a débuté qu’au 1er juillet. Tandis que la subvention loyer n’a, elle, augmenté qu’au 1er août. Sans parler des mesures de la deuxième tripartite organisée la semaine dernière.»
Pour rappel, le coût de la première a été chiffré à un petit milliard, la seconde à 1,1 milliard d’euros. «On ne sait pas ce qui pourrait encore arriver dans les prochains mois», continuait le député. «Voici un an, personne ne pouvait imaginer que nous allions devoir passer par ces tripartites ou que le Statec prévoirait jusqu’à cinq indexations sur l’année 2023. Donc, agissons. Nous disposons de la marge de manœuvre pour le faire. Mais faisons-le avec sagesse. Comme le veut notre philosophie en la matière depuis quelques années déjà.» Histoire donc aussi de maintenir la dette en dessous du fameux seuil des 30% du PIB, cher au Premier ministre et à son parti. À ce propos, la ministre des Finances a rappelé ce lundi qu’elle se situait actuellement à 24,6% du PIB.
Désormais, le tabac (553,4 millions) représente quasiment le même montant que l’impôt lié aux revenus du capital (554,1 millions)…
Dans les rangs du premier parti d’opposition, le CSV, ce qui a marqué lors de la présentation du bilan après huit mois par Yuriko Backes, c’est l’augmentation constatée sur un an de l’impôt retenu sur les traitements et salaires. «Cela représente 495 millions qui, si on y ajoute les hausses de l’impôt de solidarité et de celui par voie d’assiette, représentent un montant flirtant avec les 600 millions. Soit le coût de la moitié des mesures de la tripartite annoncées la semaine dernière», tenait à souligner le député (CSV).
Les rentrées du tabac augmentent de 86 millions
Ce dernier constatait aussi que, sur trois mois, il y a eu une diminution de 15% du niveau des ventes d’essence et de diesel, ces produits ayant été, un moment, moins chers en Allemagne que chez nous. «Et cela malgré les affirmations du ministre de l’Énergie, (déi Gréng), qui disait que cette situation n’aurait pas d’impact sur le tourisme à la pompe», glisse-t-il.
Enfin, toujours concernant les accises, il pointait du doigt l’augmentation de plus de 86 millions d’euros des rentrées sur le tabac manufacturé. «Ce n’est pas une bonne chose pour la santé publique. Et cela même si cela renfloue les caisses de l’État.» Avant de conclure: «Désormais, le tabac (553,4 millions) représente quasiment le même montant que l’impôt lié aux revenus du capital (554,1 millions).»