À Dudelange, Trendy Foods dispose d’un entrepôt de 10.000 m2. (Photo: Maëlle Hamma/Maison Moderne)

À Dudelange, Trendy Foods dispose d’un entrepôt de 10.000 m2. (Photo: Maëlle Hamma/Maison Moderne)

Née en Belgique en 1970, de la fusion de six grossistes en confiseries, Trendy Foods – anciennement Specaly – est présente au Luxembourg depuis 1978. De Contern à l’Eurohub de Dudelange, l’entreprise a déployé une stratégie basée sur la proximité, pensée comme une «tripartite» avec ses fournisseurs et ses clients, qui peuvent aussi être des concurrents. Depuis 2015, l’entreprise a multiplié son chiffre d’affaires par huit.

Ces petits produits, comme des barres de chocolat, des boissons ou des accessoires divers que l’on trouve près des caisses, dans les stations-service ou les petits magasins de proximité du pays, ont de grandes chances d’avoir été livrés par Trendy Foods. L’entreprise, spécialisée dans l’approvisionnement de ses clients à J+1, est née dans la région de Liège en 1970, suite à la fusion de six grossistes en confiseries, sous le nom de Specaly. Depuis, le grossiste n’a cessé de se développer, rachetant d’autres sociétés et s’étendant dans tout le Belux. Elle s’est installée au Luxembourg en 1978 grâce à l’acquisition du grossiste en confiseries Kessler à Strassen. Elle a ensuite connu une forte croissance avec une nouvelle acquisition, Aligros Luxembourg, dans les années 1990, avant de s’installer à Contern, puis, depuis 2020, à Dudelange.

En 2003, l’entreprise a changé de nom pour devenir «Trendy Foods», un choix plus en phase avec l’air du temps et les évolutions constantes du marché. Afin de répondre à la demande de ses clients, la société a diversifié sa gamme de produits au fil des années, ajoutant aux confiseries et boissons des articles non alimentaires, du tabac et ses accessoires dérivés, des produits d’entretien automobile, ainsi que des accessoires téléphoniques. Aujourd’hui, Trendy Foods propose au Belux une gamme de plus de 20.000 produits, dont certains en exclusivité pour la distribution.

Le déménagement de Contern à Dudelange illustre son expansion. À Dudelange, Trendy Foods dispose d’un entrepôt unique de 10.000 m², contre 4.900 m² répartis sur trois sites à Contern. Ce site, actif 24 heures sur 24 avec des livraisons six jours sur sept, emploie 164 collaborateurs. «Nous sommes actifs auprès des stations-service, dans l’Horeca, le non-food, la restauration collective, le transport, le vending (machines à café, distributeurs automatiques) et le retail», résume Michel Thilmant, General Manager de Trendy Foods Luxembourg, qui a rejoint l’entreprise en décembre 2015. Pas moins de 116 camions parcourent la Belgique et 38 le Luxembourg, six jours par semaine.

Le Luxembourg n’est pas une province de Belgique, c’est un pays, et ça j’y tiens!
Michel Thilmant

Michel ThilmantGeneral Manager LuxembourgTrendy Foods

Depuis 2015, l’entreprise a multiplié par huit son chiffre d’affaires, qui devrait dépasser les 800 millions d’euros en 2024. À l’échelle du groupe, le chiffre d’affaires est de 1,85 milliard d’euros pour 2024. . Une croissance continue que le directeur attribue à une stratégie axée sur la proximité et le profilage. «Le Luxembourg n’est pas une province de la Belgique, c’est un pays – et j’y tiens! – avec des processus de vente différents, des présentations de produits distinctes, et des facing en points de vente qui varient également. Cette proximité est notre force, tout comme notre réactivité et notre forte orientation service client. D’ailleurs, notre slogan est: «Être proche pour voir loin»», insiste Michel Thilmant.

Le maillon entre la stratégie du fournisseur et les besoins du client

 Les stations-service représentent la plus grande part de l’activité de l’entreprise, qui opère aux différentes frontières – Belgique, France, Allemagne – ainsi qu’à l’intérieur du pays. «Nous avons donc cinq processus distincts selon la localisation des points de vente de nos clients. Nous sommes même capables d’adapter nos pratiques à l’échelle d’une rue», souligne Michel Thilmant.

Concernant le profilage, il repose sur l’idée qu’aucun point de vente ne se ressemble. «Un point de vente situé à une frontière ou dans une rue n’a pas les mêmes flux ni les mêmes types de clients. Notre spécialité est de travailler avec les stations-service et les magasins de proximité, mais nous livrons également le retail. Nous proposons aussi des aménagements de points de vente, avec des planogrammes conçus pour mettre en avant les produits les plus performants, en s’appuyant sur notre expérience et les tendances du marché.

C’est ce service global – produit, achat, vente, finance et logistique – qui constitue notre force. Nous nous positionnons comme un point de rencontre entre la stratégie des fournisseurs, qui viennent principalement du BeLux et d’Europe de l’Ouest, et les besoins des clients. C’est une véritable tripartite. Nous cherchons à établir une politique de partenariat», explique-t-il.

En matière d’optimisation de sa chaîne logistique, le groupe a déjà largement intégré la digitalisation dans ses process. La grande majorité des commandes – qu’il s’agisse de celles passées auprès des fournisseurs ou reçues des clients – sont informatisées grâce à divers outils et protocoles, notamment un système EDI (Electronic Data Interchange).

«Automatiquement, toutes les informations sont transmises au dépôt via un système de scanners. La marchandise est ensuite sélectionnée et préparée pour la livraison à travers des chaînes optimisées, chacune dédiée à un type de produit. Aujourd’hui, notre efficacité et notre réactivité nous permettent d’atteindre un taux de service de 82% des commandes clients livrées sous un délai maximal de J+1.

Nous équipons également certains points de vente de scanners, leur permettant de scanner directement les produits souhaités. De notre côté, nous recevons la commande instantanément. Il est essentiel de continuer à développer les moyens de commande digitaux et électroniques pour fidéliser nos clients et garantir un partenariat optimal», précise le directeur.

En ce qui concerne un autre enjeu contemporain des entreprises, la durabilité, Trendy Foods avance à son propre rythme. La conversion de sa flotte, qui compte une quarantaine de camions au Luxembourg, pour réduire ses émissions, n’est pas encore à l’ordre du jour. «Il n’y a pas de bornes dans la zone. Par ailleurs, l’attente persiste concernant les avantages économiques transversaux d’un camion électrique», explique Michel Thilmant.

Cependant, il souligne quelques progrès: «Nous venons de lancer notre bilan carbone pour le groupe et travaillons au développement de nouvelles initiatives, notamment dans la gestion des déchets. Par exemple, nous reprenons chez nos clients les déchets que nous produisons, comme les cartons et les plastiques d’emballage. Nous les trions, les compactons sur place, puis les revendons. Nous aidons également nos clients à gérer les produits à dates courtes.

La construction du nouveau dépôt à Dudelange nous a permis d’intégrer un éclairage intelligent, qui s’adapte en fonction de l’activité dans l’entrepôt, ainsi qu’une ventilation à double flux pour une meilleure régulation de la température. D’autres initiatives verront le jour à court et moyen terme, sans oublier le bien-être de nos collaborateurs.»

Le retail, un client ET un concurrent 

Un défi majeur pour Trendy Foods réside dans l’emprise croissante de la grande distribution sur le commerce de proximité, ainsi que sur son principal marché, celui des stations-service. Les MyAuchan dans les stations Aral ou les Proxy Delhaize dans les stations Q8 en sont des exemples marquants. «Le retail représente pour nous une menace concurrentielle, car ces acteurs disposent de leur propre centrale et de leurs propres structures. Le retail est donc à la fois un client et un concurrent, et nous devons constamment jongler entre ces deux rôles», explique Michel Thilmant.

Par ailleurs, il n’exclut pas d’élargir le portefeuille de produits de Trendy Foods pour inclure des produits frais et surgelés, comme cela se fait déjà en Belgique, où cette activité est dirigée par Francis Plunus. «Cela nécessiterait probablement des investissements. Nous devons observer l’évolution du marché, mais c’est une piste pour l’avenir, peut-être via une joint-venture avec une entreprise déjà spécialisée dans ce domaine», précise-t-il.