L’augmentation du prix du diesel inquiète beaucoup les sociétés de transport. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

L’augmentation du prix du diesel inquiète beaucoup les sociétés de transport. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

L’augmentation du prix du diesel inquiète vivement les sociétés de transport, qui plaident pour une intervention de l’État pour limiter les conséquences sur le secteur avec, par exemple, la mise en place d’un diesel professionnel.  

«Les conséquences de cette augmentation du prix du diesel sont importantes, mais elles restent maîtrisées», assure Frédéric Russello, administrateur de la société Pinzler, basée à Aspelt. Avec une flotte de 52 poids lourds, elle est spécialisée dans le transport frigorifique de denrées alimentaires au Luxembourg et en Europe. «Nous travaillons avec des grilles d’indexation. Quand le prix du litre de diesel fluctue, le prix du transport fluctue également dans des conditions qui ont été fixées avec nos clients au préalable. C’est donc le client qui va subir cette hausse qui, je pense, va sûrement se répercuter sur ses propres clients. En tout cas, au niveau de l’activité, je n’ai pas constaté de baisse des volumes», explique Frédéric Russello.

Mais ce système d’indexation des prix n’est pas généralisé dans le domaine du transport. «Ce n’est pas un système dynamique», assure Ben Frin, chief financial officer de la société de transport Arthur Welter. «Si le diesel augmente demain, mon tarif va s’adapter au plus tôt un mois plus tard et jusqu’à trois mois après la première augmentation. Ce n’est pas une réelle couverture et il faut prévoir de la trésorerie», ajoute-t-il.


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En début de semaine, le prix du diesel affichait une augmentation de 25% depuis le début de l’année. Trois jours plus tard, et une augmentation de 0,384 euro par litre faisant passer le prix au-dessus des 2 euros le litre, le diesel affichait alors une augmentation de 52,8% depuis le 1er janvier.

Pour la société Pinzler, la facture de carburant est de plus de 1,5 million d’euros. Du côté d’Arthur Welter, la société consomme 12 millions de litres de diesel pour une flotte totale de 800 véhicules. «Chaque cent d’augmentation grève de 120.000 euros notre résultat net», précise Ben Frin.

Restituer une partie des accises

«Il n’y a pas de vent de panique, même si nous n’avions pas anticipé les derniers événements des deux dernières semaines et que nous sommes surpris par une telle explosion des prix des carburants dans un temps aussi court. Nous travaillons sérieusement et nous avons quelques réserves pour y faire face, mais il est indéniable que les tarifs vont augmenter, car les frais deviennent de plus en plus importants», souligne Ben Frin, qui assure que les dépenses superflues vont se raréfier.

Le Luxembourg reste tout de même plus avantageux que la France ou l’Allemagne au niveau du prix du diesel. Par contre, la Belgique a instauré une mesure «diesel professionnel» qui permet aux professionnels du secteur de récupérer, dans certaines circonstances, une partie des accises sur le carburant. «Ce serait une bonne idée de faire la même chose au Luxembourg», plaide Frédéric Russello.

«Au plus fort de la crise sanitaire, on a pu constater toute l’importance du transport de marchandises. On attend des réactions du gouvernement. Un système de support actif comme le diesel professionnel, où une partie des accises est remboursée, cela pourrait être effectivement une bonne idée», glisse également Ben Frin, avant d’ajouter: «L’augmentation des prix a été très rapide, donc nous n’avons pas rencontré le gouvernement sur le sujet très récemment. Mais par le passé, nous avons eu des échanges et des discussions autour de l’augmentation des accises et de la taxe CO2. Des échanges très cordiaux, mais très peu constructifs.»