Le secteur du transport maritime devra passer aux énergies renouvelables dans les années à venir. (Photo: Shutterstock)

Le secteur du transport maritime devra passer aux énergies renouvelables dans les années à venir. (Photo: Shutterstock)

Le dérèglement climatique impose un défi majeur au fret maritime, dont les émissions de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter. Il doit se réinventer et parvenir à bâtir de nouvelles générations de géants des mers, à la fois sobres et capables de résister à des tempêtes qui s’annoncent de plus en plus violentes.

Les pétroliers et porte-conteneurs géants sont plus de 93.000 à sillonner les mers tous les ans. Ils soutiennent à bout de coque le commerce mondial, le secteur du transport maritime pesant pas moins de 1.500 milliards d’euros. Le problème est que ces navires polluent énormément, comptant pour 3% des émissions de dioxyde de carbone dans le monde.

Si rien n’est fait, cette part pourrait atteindre 17% en 2050. Pour l’endiguer, mais aussi pour se préparer aux futures conditions de vie en mer – les prévisionnistes tablent sur des creux pouvant aller jusqu’à 40 mètres avec la montée des eaux, soit deux fois ce que l’on observe aujourd’hui –, les armateurs doivent concevoir des navires moins énergivores et capables de faire face à des conditions de navigation dégradées.

En finir avec le fioul lourd saturé de soufre

Côté GES (gaz à effet de serre), le fait de diviser la vitesse par deux permettrait de consommer jusqu’à cinq fois moins d’énergie. Quant aux bâtiments de demain, ils devront être conçus en intégrant des modifications technologiques majeures, comme l’explique Tristan Smith, expert des transports maritimes à l’UCL Energy Institute de Londres: «Il faudra passer des combustibles fossiles à une combinaison d’électricité, de combustibles renouvelables dérivés de l’hydrogène, et potentiellement bioénergie.»

Dès aujourd’hui, le remplacement du fioul lourd chargé en soufre par du gaz liquéfié permet de réduire drastiquement les émissions de particules fines. Dans les années à venir, le secteur du transport maritime devra passer aux énergies renouvelables (vent, solaire) pour parvenir à réduire à zéro les rejets de GES.

Optimiser le design des navires et les routes maritimes

Les ingénieurs planchent sur les cargos, pétroliers et super-conteneurs de demain. Au programme de leurs recherches, de nouvelles coques et superstructures à la fois plus résistantes et générant moins de friction et de traînée, pour un meilleur rendement.

Le travail d’optimisation porte également sur les systèmes de propulsion, avec des dessins d’hélices optimisés, et l’ajout de systèmes de récupération de la chaleur résiduelle. Les armateurs misent par ailleurs sur l’IA et les outils évolués de simulation météo pour tracer des routes maritimes plus intelligentes et permettre aux navires d’éviter le mauvais temps ou les vents contraires.

La logistique a aussi un rôle à jouer dans cette course aux émissions. Les bateaux continuent en effet de polluer quand ils sont amarrés dans les ports, relâchant des particules fines nocives pour la santé des personnels et des riverains. La solution passe ici par des dispositifs d’alimentation électrique capables de fournir l’énergie indispensable à la vie à bord et aux équipements de communication et de sécurité, et de se substituer aux moteurs auxiliaires.