Le gynécologue, surnommé «l’homme qui répare les femmes», a également évoqué l’idée de créer un Fonds global de réparation des victimes.  (Photo: Anthony Dehez)

Le gynécologue, surnommé «l’homme qui répare les femmes», a également évoqué l’idée de créer un Fonds global de réparation des victimes.  (Photo: Anthony Dehez)

Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix 2018, a participé au forum international «Stand Speak Rise Up!» qui s’est achevé ce mercredi. Dans une keynote, il a notamment rappelé mardi l’importance d’outils de prévention comme l’éducation.

«Je tiens à saluer et à féliciter les survivantes qui ont le courage d’être debout. Vous avez bravé la peur, la honte, les normes sociales et la discrimination pour dénoncer l’infamie que sont viols et violences. Sans le courage de ces femmes, ces crimes resteraient soumis à la loi du silence.» Denis Mukwege, surnommé «l’homme qui répare les femmes», est intervenu mardi en marge du forum international «Stand Speak Rise Up!».

Dans la keynote qui lui était dédiée, celui qui est également lauréat – avec Nadia Murad – du prix Nobel de la paix 2018 a insisté sur l’importance de l’éducation «comme outil de prévention. Les hommes qui commettent des violences sexuelles ne sont qu’une minorité. Mais ceux qui ne disent rien deviennent complices. On devrait leur enseigner la masculinité positive et organiser des actions pour déconstruire la masculinité toxique. Nous devons enseigner dès le plus jeune âge que nous sommes tous égaux, et que les garçons ne sont pas supérieurs aux filles.»

Il ne faut pas confondre un État qui a les moyens et qui n’agit pas, et un État qui ne peut pas agir faute de moyens.

Denis Mukwegemédecin gynécologueprix Nobel de la paix 2018

«Dans le monde, certains pays ont de bonnes lois, d’autres non. Mais il ne suffit pas d’avoir de bonnes lois, il faudrait déjà qu’elles soient appliquées», a insisté Denis Mukwege. «Il y a des progrès à faire en matière de non-lieu pour manque de preuves, et de blanchissement des criminels. Il faut encourager les victimes à porter plainte, car la justice est une forme de réparation. Elles sont réalisatrices de leur destin et ont le pouvoir de transformer la souffrance en pouvoir.»

Le gynécologue a également évoqué l’idée de créer un Fonds global de réparation des victimes. «Il interviendrait à chaque fois que l’État de tutelle ne peut pas faire cette réparation, qu’il s’agisse de soins, d’un soutien psychologique ou juridique. Mais il ne faut pas confondre un État qui a les moyens et qui n’agit pas, et un État qui ne peut pas agir faute de moyens.»

«La question n’est plus mise à la poubelle»

Denis Mukwege a rappelé la prise en charge des victimes de violences sexuelles au sein de l’hôpital de Panzi en République démocratique du Congo, qu’il a fondé. «Elles n’ont pas à raconter à chaque personnel leur histoire, elles la racontent une seule fois, puis ont accès à des médecins, psychologues, informations juridiques ou socio-économiques.»

Interrogé par la journaliste du Monde Annick Cojean sur son récent prix Nobel de la paix, le médecin répond qu’il «est trop tôt pour évaluer ses conséquences, mais on sent que désormais, la question n’est plus mise à la poubelle ou le sujet évité. Les victimes craignent moins de parler et leurs témoignages sont rendus publics, c’est une bonne chose.»

Dans le cadre de sa venue au Grand-Duché, Denis Mukwege a également signé une déclaration d’intention avec la Croix-Rouge luxembourgeoise, qui a «décidé de s’engager à soutenir l’extension et la modernisation des infrastructures de l’hôpital» de Panzi, explique le communiqué de la Croix-Rouge. Le montant alloué n’est pas encore dévoilé.

Denis Mukwege a également signé une déclaration d’intention avec la Croix-Rouge luxembourgeoise (ici Marc Crochet, directeur général adjoint) (Photo: Jeff Bauche / Cour grand-ducale)

Denis Mukwege a également signé une déclaration d’intention avec la Croix-Rouge luxembourgeoise (ici Marc Crochet, directeur général adjoint) (Photo: Jeff Bauche / Cour grand-ducale)

La Grande-Duchesse a également signé trois conventions avec différentes organisations, dont la Fondation du docteur Denis Mukwege.