«Cela fait longtemps que nous travaillons sur ce projet, mais nous sommes aujourd’hui en mesure de présenter le projet de réaménagement et de transformation de la Villa Louvigny», déclare la ministre de la Culture, (déi Gréng). Classée monument national en 2018, la Villa Louvigny a connu ses heures de gloire dans les années 1950-60 avec les retransmissions de concerts et de répétitions de l’Orchestre symphonique de RTL, mais aussi de chanteurs à la mode comme Serge Gainsbourg, Michel Polnareff et Jean-Jacques Goldman grâce à son grand auditorium dont l’acoustique est exceptionnelle.
Aujourd’hui vidée des activités du ministère de la Santé , la Villa Louvigny va pouvoir connaitre une vraie cure de jouvence. «Il s’agit d’un réaménagement et d’une transformation de fond en comble», souligne le ministre de la Mobilité et des Travaux publics, (déi Gréng). Ces travaux seront réalisés avec la complicité du bureau Jim Clemes Associates, les ingénieurs InCA (statique) et Siegel Schleimer (technique) et l’ouverture de la «nouvelle» villa Louvigny est attendue pour 2029. Mais d’ici là, il y a beaucoup à faire…
Une programmation adaptée
La Villa Louvigny est un lieu chargé d’histoire. Une première construction remonte à l’aire de la forteresse, à environ 1872. En 1937, un concours d’architectes est organisé pour le nouveau siège de la Radio CLR et il est remporté par les architectes Schmit-Noesen, Schumacher, Schaak et Reuter. Le célèbre auditoire RTL est construit en 1953, suivi de la tour en 1955.
En 1998, la villa a été transformée pour accueillir le ministère et la direction de la Santé, mais qui est logé depuis cette année dans le bâtiment Darwin II à la Cloche d’Or.
Ainsi, l’ensemble des espaces de la Villa Louvingy peuvent être repris pour accueillir des activités liées à la création artistique. «Nous voulons faire de ce lieu un espace où les professionnels du secteur peuvent trouver des espaces de création, des bureaux pour le travail administratif, mais aussi des salles de rencontre avec le public», explique Sam Tanson.
C’est ainsi que les artistes pourront utiliser le grand auditorium, complété par un plus petit studio pour créer, expérimenter et répéter les arts de la scène (musique, danse, théâtre, cirque). Le petit studio, avec ses 10 mètres sous plafond, sera particulièrement adapté à la création pour les arts du cirque, mais aussi pour le théâtre et la danse d’une manière générale.
Les étages de la tour seront réservés pour le nouveau siège de Kultur I lx, des espaces administratifs et du coworking pour les fédérations et réseaux culturels professionnels. Le public pourra se rendre dans la salle de concert historique, ainsi que dans un nouveau bar-restaurant.
«La programmation du lieu répond à plusieurs points du Plan de développement culturel (KEP) à savoir encourager les partenariats et la mutualisation des compétences, l’amélioration des conditions de travail pour les artistes qui réclament régulièrement des espaces pour pouvoir répéter et créer, notamment en ville, poursuivre la formation continue des professionnels du secteur, et renforcer la structuration des fédérations et des associations du secteur», précise encore Sam Tanson.
Une association de préfiguration
Afin de faire le lien entre les besoins de la future utilisation et les maitres d’œuvre, une asbl de préfiguration va être mise en place. Si le détail de celle-ci n’est annoncé qu’à la rentrée, l’asbl aura comme mission d’approfondir le concept de la programmation et d’accompagner les services du ministère de la Culture et de l’Administration des bâtiments publics lors de la réhabilitation de la Villa.
À sa charge également de développer les synergies avec les fédérations et les réseaux culturels professionnels, de déterminer un budget de fonctionnement, d’anticiper la programmation et d’élaborer une identité visuelle. Elle devra aussi envisager le principe du hotdesking qui permettra d’avoir une occupation maximale des locaux en évitant l’écueil des espaces fixes attribués, mais sous-occupés.
Par la suite, il est prévu que l’association de préfiguration soit transformée en établissement public, tout comme cela a été le cas pour Kultur I lx par exemple.
Des travaux de grande ampleur
Mais avant tout cela, une importante phase de travaux est à mettre en œuvre. La Villa Louvigny est un bâtiment d’une qualité architecturale remarquable, mais ne correspond plus du tout aux normes et standards actuels exigés pour ce type de lieu.
Aussi, le Grand Auditorium doit être aménagé pour accueillir toute la technique moderne nécessaire (audiovisuel, ventilation, sonorisation…) sans abimer ni la qualité architecturale du lieu ni son incroyable acoustique. Le petit studio doit totalement être recréé, sur le principe de la boite dans la boite pour éviter toute nuisance avec le grand auditorium voisin.
La Villa se situant dans le parc dessiné par Édouard André, il est également prévu que la programmation puisse trouver ses aises en extérieur. À cette fin, une scène en plein air sera aménagée dans le profil en pente du terrain, créant ainsi un auditorium extérieur.
Le restaurant sera intégré dans une des ailes de la Villa, avec l’aménagement d’une cuisine professionnelle au sous-sol.
Pour des raisons de sécurité d’évacuation, un nouvel escalier doit être intégré à l’extérieur de la tour.
«Nous pouvons intervenir ici dans un bâtiment d’une grande qualité architecturale. Aussi les nouvelles interventions doivent se faire dans le plus grand respect de l’existant et le plus discrètement possible tout en assurant une qualité d’usage optimale», précise Luc Dhamen, directeur des Bâtiments publics. Le caractère durable de ces transformations est bien entendu à l’ordre du jour: une isolation par l’intérieur est prévue derrière des façades en pierres de taille et enduits qui seront restaurées; les toitures seront remplacées et accueilleront une importante installation photovoltaïque; un nouveau système de chauffage sera mis en place avec un système de pompe à chaleur…
Des espaces extérieurs revisités
Les alentours de la Villa seront aussi retravaillés dans leur ensemble. Les nouveaux espaces extérieurs, ouverts au public, seront conçus dans la continuité du langage paysager développé par Édouard André pour le parc municipal. C’est le bureau parisien Atelier NDF qui est en charge de ce volet. «Le concept général est de retrouver le dialogue avec le parc», a précisé Luc Dhamen. Les travaux s’étendront alors sur une surface de 6.600m2 et comprendront la destruction du parking actuel, un nouveau cheminement pour les accès à l’entrée principale jusqu’à l’arrière de l’aile des artistes, la réalisation de chemins piétonniers, une nouvelle ouverture vers le parc – tout en conservant la possibilité de fermer le site pendant la nuit, la réalisation d’un amphithéâtre avec gradins métalliques et la création d’une rampe pour l’accès des personnes à mobilité réduite à l’entrée principale.
Le projet en est actuellement à la phase d’avant-projet sommaire (APS) et l’avant-projet détaillé (APD) est attendu pour la fin de l’année. «C’est à partir de ce moment-là que nous pourrons soumettre le projet de loi et le budget y relatif», indique Luc Dhamen.
À ce stade, quatre ans de chantier sont envisagés, ce qui amène à une livraison prévisionnelle du bâtiment en mi-2029. Le budget envisagé est de 70 millions d’euros.