La fabrication intelligente ne concerne pas seulement la mise en œuvre des technologies et des outils numériques, mais aussi le mode de fonctionnement global de l’entreprise. (Photo: www.industrieblick.net)

La fabrication intelligente ne concerne pas seulement la mise en œuvre des technologies et des outils numériques, mais aussi le mode de fonctionnement global de l’entreprise. (Photo: www.industrieblick.net)

Une récente conférence intersectorielle a mis en lumière la manière dont les entreprises peuvent utiliser les technologies numériques pour transformer leurs usines en sites de production intelligents. Une nouvelle révolution industrielle se profile.

Le monde est de plus en plus connecté, et d’énormes quantités de données sont générées chaque jour. Parfois appelées «le nouvel or noir de l’économie», ces données sont devenues une ressource centrale, et la digitalisation se pose comme un moteur essentiel de la croissance économique. Le Luxembourg est un précurseur dans ce domaine, et le gouvernement a publié, au printemps, sa stratégie d’innovation basée sur les données.

«Notre vision est de faciliter l’utilisation des technologies numériques telles que l’intelligence artificielle, couplée à l’internet des objets, au calcul haute performance et à l’analyse de données massives, afin de favoriser une croissance et une productivité durables dans tous les secteurs stratégiques clés», a expliqué , directeur général pour la recherche, la propriété intellectuelle et les nouvelles technologies au ministère de l’Économie, à l’occasion de la conférence intersectorielle organisée le 7 novembre dernier par Luxinnovation, en collaboration avec la Fedil et la Chambre des Métiers.

Pour le gouvernement, soutenir l’industrie dans l’adoption et la mise en œuvre de ces technologies constitue une priorité majeure.

Petits pas, grand impact

Les entreprises manufacturières ont généralement une connaissance approfondie de leur propre industrie, mais affichent souvent moins d’expertise lorsqu’il s’agit de digitalisation. Le passage à l’Industrie 4.0, basée sur les données, représente donc un défi.

«Le secteur de la construction est l’une des industries les moins numérisées», explique ainsi Paul Nathan, directeur technique de l’entreprise de construction Poeckes. Pression sur les prix; demande constante d’amélioration des délais de livraison; ressources humaines limitées; manque de productivité… Les problèmes rencontrés au sein de ce secteur ne manquent pas. «Ces difficultés peuvent être surmontées par la mise en œuvre d’outils numériques. La révolution digitale est un défi, mais aussi une énorme opportunité d’améliorer une situation dont nous nous plaignons depuis longtemps.»

Les grands acteurs industriels ne sont pas en reste. Husky Injection Molding Systems, par exemple, met en œuvre un grand projet de digitalisation développé sur son site de production au Luxembourg. Le projet couvre l’ensemble du processus, depuis la définition des solutions pour les clients et la création de dessins évolutifs jusqu’à la détermination des informations qui doivent être transmises à l’usine et façonner la fabrication.

«C’était quelque chose de complètement nouveau pour nous. Nous avons donc utilisé le plus petit produit de notre portefeuille pour développer une preuve de concept fonctionnelle», explique Christophe Keller, digitalisation solutions manager. «Le projet a été un grand succès: nous avons pu réduire le processus de huit semaines avec beaucoup de variation à deux semaines avec beaucoup de contrôle.» Toutefois, il a recommandé d’utiliser un projet pilote à risque limité et une équipe de projet dédiée afin d’éviter un impact négatif sur les opérations quotidiennes. «Un engagement fort de la part de la direction est également crucial, car ce n’est pas facile», souligne-t-il.

Des data et des hommes

La fabrication intelligente ne concerne pas seulement la mise en œuvre des technologies et des outils numériques, mais aussi le mode de fonctionnement global de l’entreprise. «Notre projet de digitalisation a été une bonne occasion de revoir nos processus», indique ainsi Laurent Federspiel, responsable de l’excellence opérationnelle chez Ceratizit, le producteur d’outils en carbure. «Nous étions déterminés à ne pas digitaliser un mauvais processus! Au lieu de cela, nous avons décidé de dresser la carte de nos modes de fonctionnement actuels et de décider comment nous voulions travailler avant de passer à la digitalisation.»

Dans les deux cas, l’aspect humain est également essentiel. «Quand les projets échouent, c’est rarement dû à la technologie. La raison en est presque toujours un manque de leadership, d’implication des employés et de communication», estime , le directeur du cabinet de conseil en change management Mindforest. «Si vous voulez que votre projet réussisse, vous devez parler aux gens et leur expliquer les raisons et l’importance d’un changement aussi important. Vous devez renforcer leur confiance, responsabiliser les personnes concernées et communiquer régulièrement avec elles. C’est peut-être une révolution digitale, mais c’est une évolution culturelle. Ça prend du temps!»

Le L-DIH en ordre de bataille

Les entreprises luxembourgeoises qui se lancent dans la digitalisation ne sont désormais plus livrées à elles-mêmes. Le Digital Innovation Hub (L-DIH), qui vient de voir le jour au Luxembourg, offre un soutien pratique sur tous les aspects de la transformation numérique. «Nous pouvons aider les entreprises à avoir une vision claire de leurs objectifs, à rallier toutes les parties prenantes, à choisir les bons prestataires et à trouver les compétences dont elles pourraient avoir besoin», explique Marina Guérin Jabbour, qui dirige le L-DIH chez Luxinnovation.

Cette plate-forme a pour ambition d’accompagner les entreprises dans leurs réflexions et leurs démarches. Elle vise à faciliter les contacts entre, d’un côté, les entreprises qui ont besoin d’accéder aux compétences, technologies, services et mécanismes de soutien en matière de digitalisation et, de l’autre côté, les fournisseurs de technologies et de services numériques répondant aux besoins de l’industrie.

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