L’accord passé devra encore être avalisé par l’assemblée générale du mois de juin. Surtout, il fait suite à un long bras de fer entre les actionnaires majeurs du groupe Lagardère (Bernard Arnault, Vincent Bolloré, le fonds Amber Capital…) et Arnaud Lagardère, qui avait hérité de la structure de son père Jean-Luc Lagardère et qui, en tant que gérant commandité, détenait les pleins pouvoirs. Mis sous pression par le CA peu satisfait de sa gestion et de ses choix stratégiques, «Junior», comme certains anciens du groupe l’appellent encore, faisait le gros dos. Il a finalement dû céder.
Principale nouveauté: le groupe va devenir une société anonyme. 10 millions d’actions nouvelles vont être émises en faveur d’Arnaud Lagardère et de Financière Agache (installée dans le holding personnel de l’héritier qui détient les clefs la commandite à hauteur de 27%). La nouvelle répartition du capital du groupe Lagardère sera celui-ci: Vivendi, la société de Vincent Bolloré, restera premier actionnaire avec 27% du capital, devant le fonds Amber (18%), Arnaud Lagardère (14%), Qatar (12%) et Financière Agache (7%). Les grands actionnaires du groupe pèseront donc 78% du capital de la future société anonyme.
Autre révolution: Arnaud Lagardère, qui était omnipotent, devient PDG pour une durée de 6 ans, et devra rendre des comptes à son CA.
230 millions pour mettre fin à la commandite
Des opérations âprement négociées. Lagardère a ainsi obtenu 230 millions en actions contre la fin de la commandite, un important salaire d’environ 5 millions d’euros en tant que PDG, mais surtout la quasi-impossibilité de se séparer de lui avant terme, un intéressement aux résultats…
Actuellement, le groupe Lagardère est actif dans les domaines de l’édition (Hachette), des médias (Paris Match, Le Journal du dimanche, Europe 1…), la gestion de salles de spectacle (Casino de Paris, Bataclan…)… Il est aussi le propriétaire de 4.800 points de vente dans des zones de transport dans le monde, notamment via la marque Relay.
Lagardère emploie 30.000 personnes. Face aux changements annoncés et alors que rien ne filtre quant à la future stratégie, plusieurs observateurs avancent des craintes pour l’avenir du groupe, et annoncent son démantèlement comme une suite inéluctable.