Derrière la «facilité» à investir en bourse se cachent de nombreuses subtilités qui peuvent avoir une incidence sur le fonctionnement ou le rendement des placements. (Photo: Shutterstock)

Derrière la «facilité» à investir en bourse se cachent de nombreuses subtilités qui peuvent avoir une incidence sur le fonctionnement ou le rendement des placements. (Photo: Shutterstock)

Si les banques étaient autrefois des acteurs incontournables pour qui voulait faire fructifier ses économies, les Trade Republic, Swissquote et autre eToro redistribuent les cartes. Avec leurs petites subtilités, décryptées par Grégory Guilmin.

Il fallait appeler son conseiller, lui indiquer qu’on aurait bien voulu ouvrir un portefeuille en actions, être capable de bien lire la grille tarifaire, être attentif à la manière de passer un ordre et suivre, d’un autre côté l’évolution des marchés, ne pas trop s’affoler à la moindre contrariété.

Ça, c’était avant. Avant que des fintech décident d’essayer de proposer une meilleure offre à des clients particuliers, encore souvent dénués de toute culture de l’investissement en actions – et pour les ETF, c’est encore pire. «Aujourd’hui, 50% des clients de Degiro n’avaient jamais investi de leur vie et 50% des clients de Trade Republic ont moins de 35 ans», explique Grégory Guilmin, qui a fait de l’éducation financière son cheval de bataille.

Son cheval de trait, devrions-nous écrire, tant, laborieusement, le jeune financier est allé à la recherche des informations-clés des différents fournisseurs de solutions à la mode: Trade Republic, Degiro, Keytrade, Bolero, Re=Bel, Swissquote, Scalable, eToro, Bux 0, XTB et Saxo Bank – les trois derniers n’ont jamais répondu à aucune de ses 15 questions.

Jusqu’à finaliser une grille qui permet de démêler le faux de l’à peu près et l’amener à recommander de se poser quelques questions.

1. Quels sont mes besoins, tant en tant qu’instruments financiers que de montants?

«Contrairement à une idée répandue qui s’intéresse en premier à combien ça coûte, je recommande de s’intéresser d’abord à ses besoins», explique-t-il. Certains n’offrent pas la possibilité d’investir dans tous les instruments financiers, d’autres ne proposent pas une gamme très étendue d’un des instruments et les coûts sont très variables, de 1 euro par transaction (Trade Republic) à 0,10% minimum avec un minimum de 14,94 euros (Swissquote), en passant par des frais de retrait (5 dollars) ou d’inactivité pendant 12 mois (10 dollars par mois, chez eToro).

Les grilles tarifaires se trouvent là: , , , , , , , .

2. Où sont mes titres?

Une fois les étapes d’inscriptions passées, le client doit créditer son compte d’un montant de son choix pour commencer à essayer d’investir dans une action ou un fonds (ETF). Jusque-là, c’est assez facile. Mais où sont ses titres?

Trade Republic confie la gestion des titres à HSBC Allemagne et du cash à Solaris Bank et Citibank Europe, Degiro à ABN Amro et FlatexBank et Swissquote à UBS et Deutsche Bank pour les titres. D’autres ne veulent pas répondre cette question. «Comme eToro», relève M. Guilmin. «C’est un drapeau rouge pour moi, directement! Après, il y a des subtilités. Prenez Swissquote qui les dispatche sur un compte omnibus à UBS et Deutsche Bank, d’accord, mais qu’est-ce qui est où, c’est plus difficile de le savoir».

En théorie, cela peut présenter un risque opérationnel. Des clients ont eu des sueurs froides à l’occasion du rachat d’un acteur par un autre en attendant que, deux semaines plus tard environ, leurs avoirs aient été réconciliés…

3. Qui est le régulateur?

Ce n’est pas une garantie en soi mais connaître le pays qui a accordé une licence à une fintech est tout de même un premier gage de sérieux: la Bafin allemande pour Trade Republic et pour Degiro, la CSSF pour Swissquote… et le régulateur chypriote pour eToro.

«Ça peut avoir des conséquences en cas de souci», explique M. Guilmin. Outre le fait que le régulateur soit plus ou moins dynamique pour défendre les clients en difficulté, bien que ce soit sa mission de base, il est aussi question des montants de protection accordés en cas de faillite ou de défaillance. Jusqu’à 100.000 euros pour le cash dans six applications sur sept, à l’exception d’eToro; de 20.000 euros pour cinq applications à 70.000 euros pour Keytrade (filiale de la française Crédit Mutuel Arkea) et pas de chiffres pour eToro. 

eToro a, dit elle, contracté une assurance qu’elle offre à ses clients et qui les couvrirait jusqu’à un million d’euros aussi bien pour le cash que pour les titres. «Je n’ai malheureusement pas d’autre information», prévient le jeune investisseur. Globalement, les délais pour récupérer son argent vont de 7 jours pour le cash à trois mois pour les titres.

Dans la manière de s’adresser aux différents fonds de garantie, le client devra avoir en tête qu’il doit prouver qu’il détient ces titres ou ce cash. Par exemple, M. Guilmin exporte tous les trois mois les documents qui sont délivrés à l’achat d’une action ou d’un ETF dans un drive ou sur un ordinateur, en cas de besoin. La fréquence dépend de l’utilisation que le client fait de l’application et de son besoin d’être rassuré.

Les informations à connaître pour les garanties au Luxembourg se trouvent ici pour et .

4. Comment les applications gagnent-elles de l’argent?

«Il existe cinq manières: les frais de courtage, le prêt de titres, la rétrocession de fournisseurs d’ETF ou de fonds actifs, le paiement du flux d’ordres (quand une app amène ses ordres à un broker) ou le crédit dit “Lombard”.

Sur les frais de courtage, il y a à boire et à manger, donc il vaut mieux vérifier avant de se lancer.

Seules Degiro et Swissquote (si le client l’accepte) prêtent des titres, Re=Bel n’a pas répondu.

Trade Republic, Degiro, Keytrade et Scalable bénéficient de rétrocession de fournisseurs d’ETF, Re=Bel et eToro n’ont pas répondu.

5. Sont-elles disponibles et mon compte doit-il être déclaré?

Seules Degiro et Scalable ne sont pas disponibles au Luxembourg. Les clients de Trade Republic, DeGiro, Swissquote, Scalable et eToro ont l’obligation de déclarer leurs comptes s’ils résident en Belgique? La plupart (sauf Scalable et eToro) prévoient déjà le traitement des taxes locales.

Pour obtenir la grille complète, se diriger vers le site «».

Le verdict de Grégory Guilmin

Avec sa perspective d’investissement – «sa» est important parce que chaque client est différent – M. Guilmin a le cœur qui penche pour Trade Republic. Dans sa fiche qu’il propose à ses followers, il relève l’investissement systématique automatisé dans des ETF ou actions à partir d’un euro, le fractionnement d’actions et d’ETF, la facilité d’utilisation de l’interface, son faible coût (1 euro par ordre en dehors du plan d’investissement automatisé, l’ouverture de compte facile et rapide et la réactivité. Ce qui gomme l’absence de fonds actifs, celle de compte commun/société et la non-disponibilité du prélèvement automatique des diverses taxes pour les résidents belges.

Cet article est issu de la newsletter hebdomadaire Paperjam Tech, le rendez-vous pour suivre l’actualité de l’innovation et des nouvelles technologies. Vous pouvez vous y abonner