Tout le monde est-il coachable? (Photo: ICF Luxembourg)

Tout le monde est-il coachable? (Photo: ICF Luxembourg)

La mode du coaching s’est infiltrée dans une part croissante de nos vies professionnelles et privées, et ses indications sont nombreuses. Néanmoins, penser que celui-ci pourra résoudre toutes les problématiques et s’appliquer de façon égale à tout le monde est inexact. Quelles sont les limites de cette discipline et comment les détecter?

Les limites éthiques: la frontière entre coaching et pratiques connexes

Le coaching est proche de disciplines et pratiques telles que la psychothérapie, le conseil, la formation, le tutorat, le mentoring...

Les frontières entre ces différentes approches ne sont pas parfaitement étanches. Les reconnaître et les respecter fait partie intégrante du métier du coach, qui se questionnera en permanence au cours de ses interventions:

«Quelles sont les risques, dérives à éviter, quelles sont les attentions ou contre-indications particulières à considérer?»

«À quoi, à quel moment et comment dois-je dire stop et référer à un autre type de praticien?»

«À quel moment puis-je dire: là, ce n’est plus du coaching?»

Coaching et thérapie:

Quand faut -il référer?

La Fédération Internationale de Coaching (ICF) cite parmi les signes annonciateurs d’un besoin autre que le coaching:

·  Un changement d’humeur: stress, anxiété, dépression et expression d’émotions «nouvelles» telles que colère, tristesse sur une période inhabituellement prolongée;

·  Une perte d’intérêt, voire des idées suicidaires;

·  Un stress post-traumatique;

·  Une baisse de l’attention, de la performance au travail, à l’école ou à l’université;

·  Un retrait des activités sociales habituelles;

·  Une perte ou gain de poids brutal, changement d’apparence, négligence;

·  Un abus de substances, des addictions;

·   Des perturbations de l’appétit et du sommeil…

Dans ces cas (non exhaustifs), et de surcroît lorsqu’ils entravent le quotidien du coaché et constituent un sérieux obstacle à l’atteinte des objectifs du coaché, ICF considère que la problématique est d’ordre psychologique et se situe en dehors de la zone de compétence du coaching.

Comment référer?   

·   En parler calmement et de façon directe au coaché sans le culpabiliser;

·   Montrer de l’empathie et écouter le coaché;

·   L’encourager à rechercher une aide appropriée;

·    Expliquer en quoi une thérapie est pour l’instant mieux adaptée à son cas en illustrant le cas échéant par des faits constatés;

·   L’accompagner dans sa recherche d’un praticien…

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Les limites liées au coaché

Les chances de réussite d’une démarche de coaching restent suspendues à quelques conditions qui me semblent essentielles chez le coaché:

·   Une demande réelle et exprimée;

·   La volonté d’explorer ses freins et/ou points morts et d’endosser sa part de responsabilité;

·   La capacité de s’abstenir de rejeter la faute sur les autres: la société, la conjoncture, la culture d’entreprise, la politique, les collègues, la hiérarchie, etc.;

·   L’aptitude à «balayer devant sa porte» en découvrant les parties plus sombres de sa personnalité;

·   Accepter de ne pouvoir changer les autres;

·   Le courage de s’acheminer vers des horizons jusqu’alors inconnus, inexpérimentés, voire craints;

·   La capacité de faire face et dépasser ses peurs, et s’aventurer hors de la fameuse zone de confort;

·   Une bonne dose d’humilité…

Parmi les obstacles majeurs que j’ai rencontrés au cours de ma pratique, je citerais:

·  L’absence de demande: «mon entreprise me demande de venir en coaching, mais je n’ai pas de problème, moi!»

« Croyez moi, je n’ai rien contre vous, vous m’êtes bien sympathique par ailleurs ! »

« De quoi voulez vous que nous parlions ? »

« Que puis je faire pour vous ? »

·  Les séances ratées, les retards aux séances qui sont aussi d’excellents indicateurs

« Excusez moi, je cours de réunion en réunion, je suis vidé(e) par cette journée et mes neurones sont en compote, je n’ai pas eu le temps de faire la tâche que vous m’aviez demandée de faire la fois passée » qui traduisent un refus de s’engager dans le processus et vraisemblablement des mécanismes de défense pour résister au changement suggéré par le coaching,

·  Des résistances internes qui déclenchent un déferlement de « oui mais » qui constituent un barrage sérieux à l’aboutissement du coaching,

·  L’incapacité du client à reconnaître ses zones d’ombre et d’accepter le feed back, même bienveillant du coach. Ce seul cas rencontré s’est soldé par un arrêt pur et simple du coaching sous couvert d’un « je n’ai pas le temps ».

Ne dit on pas « la porte du changement s’ouvre de l’intérieur » ?

Comment le coach peut il se protéger ?

Les fédérations de coaching ont mis en place des règles et best practices que leurs membres doivent respecter, parmi lesquels :

·  Le référentiel de compétences et le code éthique de l’ICF  qui réfèrent aux obligations d’aiguiller le coaché vers d'autres professionnels de l’accompagnement si nécessaire,

·  L’information du client sur la nature du coaching, ses limites et frontières avec d’autres approches et sur la confidentialité,

·  Le contrat de coaching qui sert de cadre à la relation de coaching et indique ce qui est abordé dans le processus,

·  Le recours à un superviseur externe.

  

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