Olivier Goemans, Head of Investment Services and Innovation à la BIL.  (Photo: BIL)

Olivier Goemans, Head of Investment Services and Innovation à la BIL.  (Photo: BIL)

Au cours du premier semestre 2020, la pandémie a plongé l’économie mondiale dans la pire récession depuis les années 1930. Au second semestre, les économies commenceront à renaître de leurs cendres après la période de confinement, soutenues par les aides particulièrement généreuses des banques centrales et des gouvernements, estime , Head of Investment Services and Innovation, à la BIL.

La chute a été si vertigineuse que la richesse (PIB) perdue ne devrait, selon nous, pas être récupérée avant fin 2021, et que la croissance des bénéfices des sociétés restera probablement négative en 2020. Dans un tel environnement, une approche généraliste de la sélection d’actions est inadaptée.

Des écarts considérables apparaîtront entre les gagnants et les perdants des différents secteurs, et les entreprises leaders de leur secteur hier ne seront probablement plus les leaders de demain.

Les investisseurs doivent décortiquer les fondamentaux en passant bilans et comptes de résultat au crible afin d’identifier, dans différents secteurs, les entreprises de qualité, non plombées par la dette et affichant de solides flux de trésorerie.

Afin de préparer leurs portefeuilles pour l’avenir, dans la mesure du possible, les investisseurs doivent prendre en compte des tendances telles que la durabilité et la digitalisation, qui se sont accélérées avec l’épidémie de Covid-19 et devraient perdurer.

Transition énergétique

La pandémie a donné un coup de projecteur à l’investissement durable, qui inclut les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les analyses et prises de décision. La crise sanitaire nous a rappelé que nous sommes à la merci de la nature.

Pendant des années, les scientifiques nous ont exhortés à abandonner les énergies fossiles au profit d’alternatives plus propres.

Alors que les gouvernements tentent de reconstruire leurs économies, nous disposons désormais d’une opportunité unique de le faire de la bonne manière. Le pacte vert de l’Union européenne prévoit d’investir des milliards d’euros en faveur de la transition énergétique, tandis que la BCE envisage de se défaire des obligations «brunes» (émises par des sociétés polluantes) qu’elle détient.

Les indices ESG ont surperformé depuis le début de l’année, et les flux à destination de ce type de fonds restent soutenus.
Olivier Goemans

Olivier GoemansHead of Investment Services and InnovationBIL

Le passage à une économie plus verte concernera tous les secteurs et offrira de multiples opportunités, que ce soit pour les entreprises de construction, les fabricants de semi-conducteurs et bien d’autres.

Les problématiques telles que l’accès aux soins de santé et les filets de sécurité sociaux soulignent quant à elles l’importance de la dimension sociale de l’investissement ESG. Dans ce contexte, les indices ESG ont surperformé depuis le début de l’année, et les flux à destination de ce type de fonds restent soutenus.

Continuité de services

À un moment donné de la crise sanitaire, jusqu’à un tiers de la population mondiale était soumis à des mesures de confinement. Mais le monde est resté à portée de main, dès lors que les entreprises, écoles, universités, détaillants et même musées ont rapidement réorganisé leurs activités pour les proposer en ligne et assurer la continuité de leurs services.

Un retour en arrière est désormais très peu probable. Le big data, l’intelligence artificielle, l’internet des objets et le «tout en ligne» feront partie intégrante de notre nouvelle normalité. Nous plaidons toutefois en faveur d’une approche plus nuancée que l’achat pur et simple des valeurs technologiques vedettes.

Il est en effet possible de déceler de la valeur chez les acteurs de plus petite taille de différents secteurs qui digitalisent rapidement leurs activités, à l’image des assureurs, sociétés de paiement et autres entreprises de logistique.

À l’inverse, les réfractaires à la transformation digitale courent le risque de se voir relégués au rang d’antiquités.