«Des contrôles ou une fermeture des frontières sont établis dans 15 pays» de l’espace Schengen, constatait, avec une certaine inquiétude, lundi, le ministre des Affaires étrangères, (LSAP), lors d’une conférence de presse faisant suite à un conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UE.
Une situation exceptionnelle pour les Européens, provoquée dans un premier temps par la crise des réfugiés, puis désormais par la pandémie de coronavirus, alors que sera célébré cette année le 25e anniversaire des accords de Schengen.
Si cette réapparition des frontières est, selon Jean Asselborn, conforme à la législation européenne, non discriminatoire et qu’elle a un «petit impact pour endiguer le virus», il s’agit tout de même d’un «grave problème»: «Si la Commission a fait la proposition de fermer les frontières extérieures de l’UE au 18 mars, la contrepartie était que les frontières intérieures devaient rouvrir. Or, ce n’est pas le cas», explique le ministre. Ce qui peut provoquer des difficultés d’approvisionnement, en bloquant des camions aux frontières. «Nous avons besoin de matériels, de médicaments. Tout doit être fait pour rouvrir les frontières.»
«La fermeture des frontières serait très grave»
Un sujet particulièrement préoccupant pour le Luxembourg, admet le ministre, puisque «nous dépendons des frontaliers. Les hôpitaux et les maisons de retraite fonctionnent grâce à eux. C’est vital. La fermeture des frontières serait très grave.»
«L’UE a été conçue pour qu’il n’y ait plus de guerre et pour créer un espace communautaire», rappelle Jean Asselborn. «Et cette communauté doit être maintenue.» Une communauté qui suppose de la solidarité. D’où l’aide apportée à la région Grand Est: des malades ont été accueillis au Luxembourg, mais aussi en Allemagne et en Suisse. «C’est un très bon signe, car la solidarité est nécessaire et cela montre qu’elle est encore de mise en Europe.»
Une solidarité qui doit d’ailleurs s’étendre au-delà des frontières de l’UE, notamment en Afrique, ou dans des pays comme Haïti, le Venezuela ou l’Iran. «Il faut faire comprendre aux États-Unis qu’ils ne doivent pas prendre de sanctions sanitaires. Avec d’autres pays, nous le leur demandons. S’ils arrêtent les aides humanitaires, alors nous courrons vers la catastrophe», prévient le ministre.
Rapatrier les Luxembourgeois de l’étranger
L’UE doit aussi se coordonner afin d’organiser le rapatriement des personnes encore à l’étranger. «Il est inacceptable qu’au sein de l’UE des gens restent coincés pendant des heures, voire des jours, dans des zones de transit», déclare Jean Asselborn. 340 Luxembourgeois qui doivent être rapatriés sont encore coincés à l’étranger. Une cellule travaillerait 24h/24 et 7j/7 pour trouver des solutions. Mais la situation serait complexe puisque certains pays n’ont plus de vols. Un vol organisé par le gouvernement en collaboration avec Luxair permettrait de ramener un groupe de Luxembourgeois, avec d’autres citoyens de l’espace Schengen, depuis le Cap-Vert. Un autre groupe important de Luxembourgeois serait encore à Cuba.
Les collaborations sont donc nécessaires à de nombreux niveaux pour faire face à la pandémie. «Tout comme face à la crise des réfugiés, nous avons besoin de solidarité dans l’UE pour faire face au Covid-19», conclut Jean Asselborn.