Le Luxembourg a perdu son attractivité tarifaire pour le diesel mais pas pour l’essence, le différentiel s’avère toutefois mince avec les pays frontaliers. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Le Luxembourg a perdu son attractivité tarifaire pour le diesel mais pas pour l’essence, le différentiel s’avère toutefois mince avec les pays frontaliers. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Les évolutions fiscales couplées aux modifications du parc automobile rebattent les cartes du marché des carburants au Luxembourg. Les professionnels du secteur demandent plus de prévisibilité.

L’époque des arrêts au Luxembourg pour faire le plein de carburant semble révolue pour les touristes et frontaliers de passage. Les tarifs à la pompe côté français apparaissent actuellement comme les plus intéressants en Grande Région, avec des différentiels compris entre 16 et 31 centimes par rapport au Grand-Duché. Sur un plein de 50 litres par exemple, le gain varie entre 8 euros et 15,5 euros selon le carburant. 

«On a pu voir que les interventions sur les prix des gouvernements français et allemand ces derniers mois ont directement entraîné une perte de compétitivité des stations au Luxembourg, et donc une diminution des volumes de ventes», admet Jean-Marc Zahlen, secrétaire général du Groupement énergies mobilité Luxembourg (ex-Groupement pétrolier luxembourgeois).

Le responsable évalue la réduction des volumes de vente dans une fourchette comprise entre 35% et 45% pour les stations-service situées le long de la frontière française.

Sur les huit premiers mois de cette année, nous connaissons une baisse des volumes de diesel de l’ordre de 9%. Nous sommes donc très loin des volumes d’avant-crise.

Jean-Marc Zahlensecrétaire généralGroupement énergies mobilité Luxembourg (GEML)

L’organisation sectorielle membre de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) devrait détailler les évolutions des ventes lors d’une conférence de presse prévue ultérieurement. Mais «sur les huit premiers mois de cette année, nous connaissons une baisse des volumes de diesel de l’ordre de 9%. Nous sommes donc très loin des volumes d’avant-crise», souligne Jean-Marc Zahlen.

Le Luxembourg compte 235 stations-service environ dans lesquelles travaillent 2.200 salariés, selon les données du Groupement. «Le GEML est un acteur principal de la transformation énergétique, nous voulons activement supporter ce changement et nous demandons une prévisibilité politique de préférence en phase avec la politique européenne en la matière», ajoute-t-il.

Attraction décroissante

L’estompement du différentiel de prix avec les pays voisins ne date pas d’hier. Le Groupement avait déjà tiré la sonnette d’alarme lorsque , au printemps 2019.

Mais ces derniers mois, les rabais fiscaux octroyés sur les accises dans les pays membres ont accéléré la tendance. Il est devenu plus intéressant de faire son  tandis que l’essence est devenue  au début de l’été. 

De même, l’évolution du parc automobile, marquée par le déclin des motorisations diesel dans , se fait sentir. Sur les huit premiers mois de cette année, les volumes d’essence vendus au Luxembourg ont augmenté de 11% environ, selon le GEML.

Les carburants rapportent autant que le tabac

Du côté des finances publiques aussi, le déclin des ventes de diesel au profit de l’essence se fait sentir. En août 2022, les accises sur le gasoil routier ont rapporté 398,5 millions d’euros à l’État, soit 10,8% de moins sur un an. À l’inverse, les ventes d’essence ont rapporté 10,6% de plus qu’en août 2021, avec 153,3 millions d’euros.

À noter toutefois que si le tourisme à la pompe ralentit, le Luxembourg demeure sensiblement plus attractif que ses voisins pour l’achat d’alcool et de tabac. Les droits d’accises sur ces deux produits s’affichent d’ailleurs en nette hausse en août 2022, de respectivement 11,6% et 18,5% avec 43,3 millions d’euros prélevés sur les bouteilles et 553,4 millions d’euros sur les tabacs manufacturés. Ce montant correspond à peu de chose près à celui des accises encaissées pour l’ensemble des carburants routiers.

Mais attention, le tourisme à la pompe et l’attractivité des prix de l’alcool et du tabac