Les femmes sont sous-représentées dans les informations diffusées, mais sont aussi trop peu nombreuses dans les rédactions du pays. (Photo: Shutterstock)

Les femmes sont sous-représentées dans les informations diffusées, mais sont aussi trop peu nombreuses dans les rédactions du pays. (Photo: Shutterstock)

Le Projet mondial de monitorage des médias vient de publier son rapport 2020. Il démontre la sous-représentation des femmes dans les différents supports d’information. Notamment au Luxembourg, où de gros efforts doivent être entrepris.

Les femmes ne représentent qu’un quart des personnes mises en avant dans les médias au Luxembourg, et moins d’un tiers des effectifs des rédactions du pays. Cette seule phrase des conclusions de l’enquête 2020 du Projet mondial de monitorage des médias (GMMP) consacré au Luxembourg laisse deviner l’ampleur des efforts qu’il reste à faire pour arriver un jour à une parité.

D’autant que les progrès sont lents. Si le taux de représentativité des femmes était de 24,9% en 2020, il atteignait 23,9% en 2015, et 19,6% en 2010. Inquiétant? Oui, soulignent les conclusions du rapport, car «la présence des femmes reste sous la barre extrêmement basse d’un quart des personnes évoquées, l’évolution est très lente vu le long laps de temps entre les éditions (10 ans); entre les deux dernières éditions, le taux semble plutôt stagner que réellement augmenter». De plus, «malgré le contexte global des dernières années, où la thématique de l’égalité des genres a été mise au-devant de la scène, et le contexte sanitaire mettant en avant des secteurs où les femmes sont plus présentes et plus exposées, aucune évolution substantielle n’est à noter».

Il est à noter que les médias internet offrent plus de visibilité aux femmes (31%) que les médias traditionnels (20%). Une tendance qui se remarquait déjà auparavant, mais qui se renforce.

Une place toujours moins centrale

Dans les médias traditionnels, les femmes sont plus présentes dans les informations relatives à la science et à la santé, à la société et à la législation, aux célébrités, arts, médias et sports. Les médias numériques évoquent dans une même proportion les femmes en science et santé, ainsi qu’en société et législation. Mais leur présence est plus forte dans des thématiques comme crime et violence ou les questions de genre. «Ainsi, lorsque l’on tient compte des thématiques dans lesquelles les femmes sont évoquées, il apparaît que la meilleure présence des femmes dans les médias numériques au niveau quantitatif ne signifie pas une meilleure représentation ou place des femmes dans ces médias», déplore le rapport.

Autre constat: les femmes occupent une place toujours moins centrale dans l’information. Ainsi, les femmes ne représentent que 20% des sujets d’information (15% dans les médias classiques, 28% dans les médias numériques). Enfin, la portée des informations est moins favorable aux femmes qu’aux hommes. Les femmes sont plus visibles dans des informations moins importantes.

30,2% de présentatrices, reportrices ou journalistes

Au sein de la profession, les femmes sont aussi nettement moins présentes. Elles étaient 30,2% en 2020 à être journalistes, présentatrices ou reportrices. Contre 39,1% en 2015. C’est dans les médias numériques qu’elles sont le mieux représentées au Luxembourg: 43% sur internet, 14% sur Twitter. 

«La place des femmes dans les médias semble donc clairement stagner au Luxembourg. Sur certains points et en analysant des indicateurs plus précis, la situation semble même régresser. C’est le cas pour le pourcentage de femmes mobilisées comme expertes dans les informations, pour le pourcentage de femmes évoquées dans les nouvelles liées à la politique et au gouvernement, ou encore pour le pourcentage de femmes évoquées dans les nouvelles de portée nationale», développent les conclusions de l’enquête.

14 propositions pour un plan d’action

Pour inverser la tendance, 14 propositions sont formulées à travers un plan d’action 2021-2025: viser une plus grande parité parmi les journalistes, créer une association des femmes journalistes, se fixer des objectifs quantitatifs et qualitatifs en matière de diversité…

Ce sera un beau challenge pour les différentes rédactions du Luxembourg, dont paperjam.lu, qui a fait partie du panel choisi pour le coup de sonde mené par 22 moniteurs, le 29 septembre 2020, dans plus de 200 articles ou reportages de 18 médias (4 journaux, 4 chaînes de radio, 1 chaîne de télévision, 5 sites d’information, 4 comptes Twitter d’information). Le même jour, le même monitorage a été mené dans 115 autres pays à travers le monde.