Pour en savoir plus, nous avons interviewé Pierre Mottion, le responsable des technologies des registres distribués (TRD) et de la stratégie pour les fonds d’investissement chez Clearstream Luxembourg.
Quels sont les principaux défis du contexte économique actuel?
Aujourd’hui, le défi qui se pose à la distribution de fonds est de faire en sorte que les sociétés de gestion d’actifs offrent une valeur ajoutée réelle à leurs clients à un prix raisonnable, tout en rémunérant correctement les intermédiaires.
Le marché est très fragmenté dans l’ensemble du secteur des fonds d’investissement européens, que ce soit en termes de produits, de canaux de distribution ou d’intermédiaires, ce qui nuit à l’efficacité des processus et se traduit par des frais plus élevés qu’aux États-Unis, par exemple. La question est de savoir si le modèle de distribution actuel et les intermédiaires permettent d’optimiser la valeur auprès des investisseurs et des gestionnaires d’actifs, et si l’on peut implémenter une solution qui permette de créer des synergies à plus grande échelle, tout en maintenant le niveau de granularité et de contrôle requis par l’industrie.
Les gestionnaires d’actifs sont soumis à une pression croissante de leurs clients, qui ont accès à un large choix de stratégies d’investissement tout aussi brillantes, pertinentes et efficaces que les leurs, parfois à des tarifs beaucoup plus bas. C’est particulièrement vrai pour la nouvelle génération d’investisseurs, qui a accès à des solutions numériques situées hors des réseaux de distribution habituels.
Comment les nouvelles technologies peuvent-elles résoudre ces problèmes?
Les technologies des registres distribués (TRD), telles que la blockchain, sont le moyen le plus simple de raccourcir le cycle des transactions en réduisant le nombre d’intermédiaires et en mettant directement le produit à la disposition des investisseurs finaux. En utilisant ce type d’infrastructure, les intermédiaires peuvent se concentrer sur leur principale proposition de valeur, comme le conseil aux distributeurs ou l’administration d’actifs pour les banques. Et ce point est clairement un avantage majeur de la blockchain lorsqu’il est associé à la confiance, à l’accès à un large réseau et à la gestion de volumes importants.
Le deuxième élément que nous apporte la blockchain, ce sont les données, à la fois pour l’investisseur et pour le gestionnaire d’actifs.
La granularité qu’offre la blockchain permet une transparence de l’information inégalée. Nous pouvons ainsi fournir au client des informations pertinentes pour qu’il/elle puisse prendre la bonne décision d’investissement, ou permettre aux gestionnaires d’actifs de mieux comprendre le comportement de leurs clients, et ainsi leur proposer des produits correspondant à leurs besoins.
Qu’est-ce que les technologies des registres distribués (TRD), telles que la blockchain, apportent au secteur des Fonds?
Actuellement, nous avons besoin de multiples registres et sous-registres pour établir la preuve de la propriété. Dans la blockchain, vous pouvez en apporter la preuve à tout moment au niveau le plus granulaire possible.
La blockchain augmente le degré d’automatisation, ce qui est important dans notre secteur tel qu’il est aujourd’hui, parce que nous comptons encore trop sur la réconciliation entre intermédiaires. La blockchain vous permet de sauter cette étape, car vous n’avez qu’une seule source de vérité, ce qui permet d’être plus efficace et de réduire les coûts.
Certains acteurs du marché ont également des problèmes liés à leurs anciennes technologies, et doivent mettre à niveau ou remplacer cette technologie vieillissante et développer de nouvelles solutions axées sur le client. L’exploitation d’une nouvelle infrastructure technologique, telle que la blockchain, pour le secteur des Fonds est clairement la solution à privilégier par les acteurs du marché pour développer leurs services.
L’environnement réglementaire est un autre élément très important à prendre en compte, et une législation favorable telle que le règlement européen MICA pour les crypto-actifs est nécessaire.
En quoi l’investissement de Clearstream dans FundsDLT va-t-il contribuer à cette transformation?
, dont le siège est à Luxembourg, met en relation des investisseurs et des gestionnaires d’actifs en numérisant les opérations de distribution de fonds via une infrastructure basée sur les technologies distribuées.
Clearstream va compléter l’offre de services de FundsDLT et lui apporter une valeur ajoutée de diverses manières. En tant qu’actionnaire, nous apportons un financement; en tant que partenaire commercial, nous apportons également notre expertise, notre présence internationale et notre réseau.
Nous aidons nos propres clients à opérer leur transformation numérique. Nous l’avons récemment , un client de Clearstream qui souhaitait améliorer les interactions avec ses propres clients grâce aux technologies et services de Clearstream et de FundsDLT.
Quelle est la position de Clearstream sur la distribution de fonds numérique?
Nous n’en sommes encore qu’aux prémices de la digitalisation de la distribution des fonds. Notre objectif est de créer une infrastructure de fonds numérique et un écosystème adapté pour rationaliser les interactions entre gestionnaires de fonds et investisseurs. Cet écosystème comprendra une large gamme de services, allant des fonctions d’appui et opérationnelles aux fonctions de gestion de portefeuilles, de règlement-livraison, de gestion d’actifs, d’émission de fonds et d’analyse de données, avec l’intégration de partenaires tels que FundsDLT.