À quelques jours des élections européennes, cela a le mérite de ranimer une campagne assez calme. Mais le Piratepartei s’en serait sans doute bien passé. Même si la polémique n’est pas tout à fait éteinte.
Suite à la publication de deux articles par nos confrères de Reporter.lu, le sang de certains membres du parti Pirate n’a fait qu’un tour.
«Dans le premier article, nous avons fait état des actions parfois controversées d’un candidat du Piratepartei, notamment dans le cadre de son activité en faveur de la cause animale. Nous avons aussi fait état de dysfonctionnements financiers internes à ce parti. Pour cela, nous nous sommes basés sur le rapport de la Cour des comptes, qui est d’ailleurs assez critique à leur égard», explique à Paperjam Christoph Bumb, journaliste et cofondateur de Reporter.lu.
Le second article était une suite du premier. «Nous avons recueilli des commentaires de certains membres critiques à l’égard de et Daniel Frères. Cela remet en cause le positionnement qu’ils ont donné au parti, les convictions qui les animent... et dépeint une atmosphère qualifiée de ‘toxique’», détaille Christoph Bumb.
C’en était trop pour certains membres du Piratepartei, qualifiant alors les informations de «fake news» sur Facebook. Ce qui a scandalisé la rédaction de Reporter.lu, qui défend un travail journalistique rigoureux.
Affirmer que ce sont de fausses informations sans le démontrer, c'est du populisme.
«Visiblement, tant le choix du sujet que l’angle n’étaient pas si mauvais. Par contre, ce qui nous inquiète, c’est que c’est la première fois qu’un média est ainsi accusé au Luxembourg de diffuser des ‘fake news’. On pensait cela réservé à certains pays, à certains présidents...», explique le cofondateur de Reporter.lu.
«En attendant, le Piratepartei pointe notre travail, mais ne dit rien d’autre sur le fond, n’a pas d’élément pour contredire ce que nous avons écrit. Dire que ce sont de fausses informations sans le démontrer c’est du populisme», conclut Christophe Bumb. Qui a par ailleurs signé un nouvel article sur ce sujet, intitulé «Un précédent discutable».
Ils n’ont pas diffusé des informations, mais une opinion.
Même dans les rangs des Pirates, on a senti que l’on avait été un peu loin. Le post Facebook a ainsi très vite été modifié..

(Photo: Capture d'écran / Reporter.lu)
«Je ne comprends donc pas l’acharnement dont fait preuve Reporter.lu.», s’étonne , député du Piratepartei. «Ils n’admettent pas qu’une personne ait pu réagir de manière humaine? Pour moi, cela confirme qu’ils nous en veulent.»
L’ex-président du parti estime en tout cas que Reporter.lu n’a pas diffusé une information, mais bien une opinion. «Ils donnent la parole à des anciens membres, visiblement aigris. Surtout, il y a de nombreuses citations dont on ne peut retracer l’origine. Impossible de savoir qui a dit quoi! Dans leurs articles, il y a une partie vraie, une partie fausse, et une partie que je ne peux retracer et donc vérifier. Et moi, cela me pose problème», développe encore Sven Clement.
Celui-ci attend l’avis de divers conseils «avant d’interroger le ministre de tutelle et éventuellement le Conseil de presse sur le fait que des médias diffusent sur Facebook et font la promotion d’articles d’opinion».
Celui qui a parlé ne restera pas au Piratepartei
De son côté, Reporter.lu affirme que la polémique n’est pas close «car elle n’a jamais eu lieu d’être. Ce qui est certain, c’est que nous continuerons notre travail, même s’il y a des pressions.»
Tout cela a en tout cas déjà fait une victime: Peter Freitag, employé du Piratepartei qui avait évoqué au sein du parti «une atmosphère de peur et d’oppression». Sven Clement confirme en effet à Paperjam que son contrat ne sera pas prolongé au-delà de la période d’essai.