Les entreprises qui exportent dans la Grande Région y réalisent 20% de leur chiffre d’affaires selon Tom Wirion. (Photo: Maison Moderne/Archives)

Les entreprises qui exportent dans la Grande Région y réalisent 20% de leur chiffre d’affaires selon Tom Wirion. (Photo: Maison Moderne/Archives)

La Chambre des métiers vient de publier «Le Guide pratique pour les artisans – Travailler en Grande Région», conçu et édité par l’Agence de Maison Moderne.  Un incontournable pour les artisans luxembourgeois souhaitant développer leur activité en France, en Belgique ou en Allemagne. 

Fiscalité, rémunération, facturation… Quand une entreprise luxembourgeoise souhaite travailler au-delà des frontières du pays, elle peut se trouver rapidement face à différentes difficultés. Pour aider les entreprises à les surmonter, la Chambre des métiers vient de publier «Le Guide pratique pour les artisans – Travailler en Grande Région», conçu et édité par l’Agence de Maison Moderne. Disponible en français et en allemand (mi-décembre), il va être distribué gratuitement aux plus de 8.000 adhérents de la Chambre. Il est aussi possible de le commander , pour en disposer en version imprimée ou en PDF.  , directeur général de la chambre professionnelle, aime rappeler l’importance de ce guide et du travail des artisans à l’international. Les entreprises luxembourgeoises actives dans la Grande Région y réalisent d’ailleurs 20% de leur chiffre d’affaires en moyenne.

Pourquoi est-il important, pour les entreprises artisanales luxembourgeoises, de se tourner vers l’export et particulièrement dans la Grande Région?

Tom Wirion. - «Même si au Luxembourg, avant le Covid, la situation conjoncturelle était bonne, le fait d’aller à l’étranger offre un deuxième pilier aux entreprises. Ce qui est important, notamment en temps de crise ou de difficultés, pour être moins vulnérable. Avec la crise du Covid-19, la situation est un peu compliquée partout.

En général, nos artisans ont, depuis plusieurs années, pris l’habitude d’aller en Grande Région – en Belgique, en France, en Allemagne. Il y a la proximité géographique, les langues, une connaissance du marché plus facile à avoir que si on se projette plus loin. L’artisanat est un secteur local, il y a des spécificités logistiques.

Selon 42% des entreprises interrogées, le succès à l’étranger est lié à la qualité et au service. Le prix représente seulement 5% [des réponses].
Tom Wirion

Tom WirionDirecteur généralChambre des métiers

34% ciblent ainsi le marché belge, 30% le marché français, 28% le marché allemand, et 8% vont au-delà. Ce sont les Pays-Bas, l’Autriche, la Suisse. Certaines entreprises, notamment celles qui vendent des confiseries, exportent plus loin. Cela peut aller jusqu’en Arabie Saoudite ou aux États-Unis.

En tout cas, celles qui prennent le chemin dans la Grande Région réalisent 20% de leur chiffre d’affaires à l’étranger. Ce qui n’est pas négligeable.

Comment les entreprises luxembourgeoises peuvent-elles être compétitives dans les marchés voisins?

«La qualité et le service sont, pour 42% des entreprises interrogées lors de nos enquêtes, le principal facteur de succès à l’étranger. Ce n’est pas le prix, qui ne représente que 5% [des réponses]. 40% des entreprises disent que les relations commerciales correspondent à un facteur de succès. Il y a aussi le fait que nous avons 200.000 frontaliers qui travaillent au Luxembourg, et qui peuvent solliciter les artisans luxembourgeois chez eux.

La qualité est appréciée, elle est différente d’un pays à l’autre. Sans jugement de valeur, cela fonctionne dans les deux sens. Par exemple, des frontaliers allemands peuvent chercher un style différent chez les peintres décorateurs du Luxembourg. Le prix n’est pas handicapant.

De la prise de contact, en passant par l’installation, jusqu’à la prestation: quels sont les conseils que vous donnez aux artisans dans ce guide?

«Malgré le marché intérieur européen, il reste des domaines où il y a des spécificités au niveau national qu’il faut connaître: la fiscalité, la sécurité sociale, les marchés publics, les assurances… On ne peut pas s’aventurer comme cela, il faut préparer la démarche en différentes étapes. Connaître l’environnement dans lequel on veut se lancer. Il faut préparer les contrats, voir quelles sont les immatriculations à faire, auprès de quel organisme et à quel endroit. Et puis, il y a le moment crucial: on est en train de prester les services. Là, il faut savoir comment rémunérer les gens, quelles sont les règles en termes de congés, de sécurité et santé, sachant que la majorité des entreprises qui vont en Grande Région viennent du secteur de la construction, donc sécurité et santé sont importantes, mais aussi comment gérer les déchets sur un chantier, les règles variant d’un pays à l’autre. La dernière étape, c’est celle de bien clôturer son intervention ou son chantier. S’il y a des clients qui ne paient pas, connaître les mécanismes de recouvrement des créances par exemple.

Le guide permet d’appréhender ces sujets. La Chambre peut prendre le relais pour approfondir et faire en sorte que les différentes étapes se passent bien. Nous sommes en contact régulier avec les autorités administratives des pays limitrophes pour voir si des choses changent dans les pratiques administratives.

Dans les enquêtes que nous réalisons auprès de nos membres, nous constatons qu’il y a une quinzaine d’années, le grand sujet était: ‘aller à l’étranger, c’est compliqué à cause des formalités administratives’. Ce reproche des entreprises diminue depuis 15 ans, ce qui montre que l’Europe, sur la Grande Région, fonctionne. La complexité a diminué, ces dernières années.»