Le Parquet près le tribunal d’arrondissement de Luxembourg rappelle que «quiconque notamment a consulté, acquis ou détenu des objets à caractère pornographique impliquant ou présentant des mineurs risque des peines d’amende pouvant aller jusqu’à 50.000 euros, ainsi que des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans».  (Photo: Matic Zorman/archives/Maison Moderne)

Le Parquet près le tribunal d’arrondissement de Luxembourg rappelle que «quiconque notamment a consulté, acquis ou détenu des objets à caractère pornographique impliquant ou présentant des mineurs risque des peines d’amende pouvant aller jusqu’à 50.000 euros, ainsi que des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans».  (Photo: Matic Zorman/archives/Maison Moderne)

Alerté par l’ONG Coopération humanitaire Luxembourg, le Parquet de Luxembourg réagit à la mise en vente sur la plateforme Amazon de poupées sexuelles à l’effigie de fillettes.

Comme en France et en Belgique ces derniers jours, c’est une asbl qui a alerté les autorités concernant la présence sur le site du géant du commerce électronique de poupées gonflables représentant de très jeunes filles et visant sans aucun doute possible des acheteurs pédophiles.

Coopération humanitaire Luxembourg, ONG agréée depuis 1997, agit en faveur des jeunes filles abusées ou risquant de l’être au Népal avec son partenaire local SOS Bahini, et aux Philippines avec l’ONG franco-philippine Caméléon. «Nous avons détecté samedi 15 août que sur son site français, Amazon commercialisait entre autres des poupées sexuelles ‘très réalistes’ représentant des enfants entre 5 et 10 ans seulement», indique , président de l’ONG, dans son courrier au procureur d’État adjoint, David Lentz, que Paperjam a consulté.

Amazon proposant la livraison de ses produits au Luxembourg, il ne peut pas être exclu que des résidents du Luxembourg se soient procuré de telles poupées immondes.
François Prum

François PrumprésidentCoopération humanitaire Luxembourg

L’ONG joint à son courrier des captures d’écran des produits mis en vente à des tarifs allant de 100 à 1.000 euros: des poupées au visage effectivement enfantin, avec ours en peluche dans les bras ou dans des positions suggestives, sous les mots-clés «poupées sexuelles», «poupées vierges vaginales et anales à poitrine plate» et «sex toys adultes». Des images extrêmement choquantes.

Si Amazon France a suspendu la mise en vente de ces produits à la suite de l’intervention du secrétaire d’État français chargé de l’enfance et des familles, le danger n’est pas écarté. L’ONG souligne qu’«Amazon proposant la livraison de ses produits au Luxembourg, il ne peut pas être exclu que des résidents du Luxembourg se soient procuré de telles poupées immondes», en infraction avec le Code pénal réprimant toute représentation de mineurs à caractère pornographique.

Le procureur d’État adjoint responsable de la protection de la jeunesse a rapidement réagi en publiant mercredi matin un communiqué ferme. «L’idée même de présenter de jeunes enfants comme des objets sexuels destinés à assouvir les plaisirs des adultes choque profondément et va à l’encontre des diverses campagnes lancées par les autorités et les différentes associations pour sensibiliser le public au sujet de la maltraitance sexuelle d’enfants», souligne-t-il, rappelant que «quiconque notamment a consulté, acquis ou détenu des objets à caractère pornographique impliquant ou présentant des mineurs risque des peines d’amende pouvant aller jusqu’à 50.000 euros, ainsi que des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans».

Le Parquet confirme que sa position en matière de pédopornographie est la tolérance zéro.

David Lentzprocureur d’État adjoint

«Le Parquet informe et confirme que sa position en matière de pédopornographie est la tolérance zéro et que toute infraction sera enquêtée et poursuivie» par la police judiciaire, section Protection de la jeunesse et infractions à caractère sexuel.

«Il faut réagir et sensibiliser le public pour lutter contre ce fléau» de la maltraitance sexuelle des mineurs, plaide M. Prum.

C’est aussi ce qui avait convaincu les autorités judiciaires et policières de communiquer sur le sujet à la presse en juillet après avoir mené à l’encontre de pédophiles présumés âgés de 11 à 70 ans. «Notre intention est de faire en sorte que les gens prennent conscience que ce phénomène existe au Luxembourg», soulignait alors Claude Weis, commissaire en chef et responsable de la section Protection de la jeunesse et infractions à caractère sexuel au sein de la police judiciaire.