Le Premier ministre, Luc Friden, a notamment insisté sur la nécessité pour l'Europe de «reprendre possession» de sa défense et de ne plus dépendre uniquement des États-Unis. (Photo: CSV)

Le Premier ministre, Luc Friden, a notamment insisté sur la nécessité pour l'Europe de «reprendre possession» de sa défense et de ne plus dépendre uniquement des États-Unis. (Photo: CSV)

Le CSV a tenu son congrès national samedi 22 mars à Ettelbruck, en présence de son président et Premier ministre du gouvernement, Luc Frieden. Les chrétiens-sociaux ont affirmé s’engager pour la stabilité, une économie durable et une société solidaire, malgré quelques divergences…

Voici venu le temps des congrès nationaux des partis politiques. Après le 16 mars, le CSV et avaient rendez-vous avec leurs membres respectifs ce samedi 22 mars. Environ 450 membres du CSV se sont réunis à la Däichhal, à Ettelbruck, pour leur congrès national, placé sous le thème: «Grands défis. Grande responsabilité». 

Les défis nationaux et internationaux auxquels le Luxembourg est confronté ont rythmé les discussions et les prises de parole, qui ont porté sur l'économie et la compétitivité, la nécessité d'adapter l'État-providence et le système de retraites, ainsi que l'importance croissante des dépenses de défense dans un contexte mondial instable. Ce rassemblement a permis aux chrétiens-sociaux, de retour au pouvoir depuis novembre 2023, de réaffirmer leurs priorités face aux enjeux nationaux et internationaux. Le «capitaine» , désigné tête de liste ici à Ettelbruck il y a deux ans, a donné le cap avec trois piliers: défense européenne, économie forte et cohésion sociale. «Notre navire a besoin d'un cap, effectivement, il doit être dirigé dans un certain sens, il doit avoir un objectif. Nous avons donc un programme électoral et ce programme électoral doit être mis en œuvre d'une manière ou d'une autre. Il y a des choses à adapter, bien évidemment. L'objectif, en tout cas, lui, est très clair et c'est au responsable politique de ce pays de renforcer l'économie, de renforcer le social et de miser plus de sécurité sur les énergies renouvelables. Nous avons cinq ans pour y arriver. Cela fait 16 mois que nous y travaillons. Je pense que l'année 2025, l'année 2026 seront des années décisives dans la coalition», a déclaré le Premier ministre au début de son intervention.

Plus de défense, mais pas au détriment des citoyens

Il a notamment insisté sur la nécessité pour l'Europe de «reprendre possession» de sa défense et de ne plus dépendre uniquement des États-Unis. «Nous investissons non pas dans la défense parce que nous voulons entrer en guerre, nous investissons dans la sécurité parce que nous voulons nous assurer qu'à l'avenir aussi, nous puissions vivre en paix et en liberté, c'est cela la base même de ces dépenses et ce n'est pas l'inverse», a insisté la figure de proue du parti.


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Le message était clair: il ne s’agira pas d’investir dans la défense au détriment de la population. «Dans ces dépenses additionnelles nécessaires pour la défense, on ne peut pas remettre en question le délestage fiscal des citoyens. Donc la politique fiscale restera une politique où les gens auront plus de pouvoir d'achat, les entreprises seront encouragées à investir, à créer de bons emplois. Nous maintenons notre politique fiscale. Il faudra trouver d'autres voies pour couvrir les dépenses nécessaires en matière de défense.»

Sur le plan national, Luc Frieden a mis l'accent sur le triptyque économie, social et durable, ADN du CSV. Il a souligné l'importance d'une économie compétitive pour soutenir un État social fort, qui doit être adapté aux évolutions de la société. «Si nous avons une économie forte, nous pouvons aussi avoir un état social fort. L'état social, il faut l'adapter et le réadapter de temps à autre. Et c'est tout à fait normal parce que la société n'est pas statique. C'est le but de la modernisation que nous avons prévue dans le droit du travail», a souligné le chef de gouvernement.

La lutte contre la pauvreté au cœur des priorités

Sur le plan économique, il s’agit de préparer l’avenir et de ne pas rater le train de l’innovation afin de rester compétitif. «Nous avons besoin d'un Luxembourg moderne, c'est la raison pour laquelle nous investissons beaucoup dans l'économie numérique, dans les supercalculateurs qui sont nécessaires pour développer l'intelligence artificielle», a-t-il ajouté. Luc Frieden a également évoqué les efforts du gouvernement pour soutenir les personnes à faibles revenus et lutter contre la pauvreté.

«Il n'y a pas véritablement de bonne politique, notre objectif, c'est une politique du cœur et de la compréhension, c'est une politique qui permette d'aider les gens qui sont véritablement dans le besoin.» Il a ainsi rappelé: «Par exemple, quand on a augmenté l'allocation de vie chère, quand on a triplé la prime énergie, quand on a essayé de réduire l'imposition de la charge fiscale sur les familles; pour faire en sorte que les jeunes ou les familles monoparentales, les bénéficiaires du salaire minimum puissent mieux se sentir. Ce n'est pas simplement un programme d'action qui est présenté à un moment, non, non. Dès le départ, nous avons pris compte de l'existence de ces personnes et nous avons lutté contre la pauvreté. Cela fait partie de tout un programme, de toute la politique du CSV.»

Selon lui, c’est aussi ainsi que l’on lutte contre le phénomène de montée de l’extrême droite dans les pays voisins.

Il était important de pouvoir augmenter l’âge de la pension à 65 ans. Nous n'avons pas l'intention d'aller plus loin.
Luc Frieden 

Luc Frieden Premier ministre 

Concernant la réforme des pensions, il a parlé d'une «évolution» et non d'une «révolution» du système, appuyant la démarche de consultation menée par la ministre de la Sécurité sociale, Dans notre programme électoral, nous avions indiqué que nous voulions garantir le financement de notre système de pension de retraite à long terme. Et c'est la raison pour laquelle il est important d'en débattre. Et jusqu'à présent, c'est ce que nous avons fait correctement, je pense», a t-il souligné.


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Un plan d'action plus concret est attendu en juin. Il a aussi rappelé l’ambition du gouvernement en la matière. «Notre société vieillit de plus en plus? Nous avions l'âge de la retraite à 60 ans, c'était extrêmement bas par rapport aux pays voisins. Donc il était important de pouvoir augmenter cela à 65 ans. Nous n'avons pas l'intention d'aller plus loin, nous voulons en fait faire en sorte que la base de cotisation puisse permettre de garantir ce système. Que l’on puisse, par l'effort de solidarité et en repoussant cet âge de la retraite, faire fonctionner ce bon système, parce que c'est un bon système».

Divergences sur le travail du dimanche

Le chef de fraction s’est, lui aussi, longuement exprimé, juste avant le Premier ministre. Il a exprimé des divergences avec la ligne du gouvernement sur certains sujets sociaux. Il a notamment fait part de ses réserves sur le travail dominical.

«Le projet travail du dimanche et celui des heures d'ouverture ont été traités séparément, j'aurais voulu un paquet global comprenant les conventions collectives et relier tous les aspects entre les syndicats et les patrons pour faire en sorte que l'orientation soit la bonne pour tout le monde. J'aurais préféré une autre approche, mais nous allons quand même aller de l'avant en définissant des pistes pour que tout le monde s'y retrouve», a déclaré l’ancien représentant du LCGB, «biberonné au syndicalisme» comme il le dit lui-même.

Personnellement, je ne vous cache pas que le sujet du travail de dimanche ne me revient pas.
Marc Spautz

Marc SpautzChef de fractionCSV

Il a insisté sur l’importance du dialogue social. «Personnellement je ne vous cache pas que le sujet du travail de dimanche ne me revient pas. En 1989, dans cette salle-ci, on parlait de ce sujet! Je sais qu’on ne peut pas éviter le travail pour certains métiers, mais je crois qu'il faut veiller à travailler avec les gens concernés. Ce qui me dérange le plus, c'est la possibilité de généraliser le travail du dimanche comme cela est suggéré dans les avis de la Chambre du commerce et la Chambre des métiers. Je pense que c'est une régression et j'ai un problème avec cela. Je suis d'avis que c'est une mauvaise direction», a-t-il encore appuyé. Et d’ajouter: «Ce dialogue doit être relancé, c'est important d'avoir un vrai dialogue social, ce dialogue social se porte garantie du progrès luxembourgeois.»