Le spécimen retrouvé à Dudelange a été le seul confié à ce jour au Musée national d’histoire naturelle. (Photo: Musée national d’histoire naturelle de Luxembourg)

Le spécimen retrouvé à Dudelange a été le seul confié à ce jour au Musée national d’histoire naturelle. (Photo: Musée national d’histoire naturelle de Luxembourg)

Les résultats de l’analyse ADN de la tique géante découverte en 2018 à Dudelange ont confirmé qu’il s’agissait d’une Hyalomma marginatum. Le doute était de mise, car la famille «Hyalomma» se divise en une trentaine de sous-espèces.

L’ADN a parlé:  et qui a défrayé la chronique au début du mois d’août était bien une Hyalomma marginatum. Une tique bien plus grande que sa sœur européenne. Ce qu’a confirmé à Paperjam le Musée national d’histoire naturelle de Luxembourg. Le doute était de mise, car l’espèce Hyalomma se divise elle-même en une trentaine de sous-espèces.

Un seul spécimen retrouvé

De plus, l’analyse a permis de déterminer que «ce spécimen appartenait à une population française», avance encore le Musée. Plus précisément, la comparaison entre l’ADN dudelangeois et d’autres séquences de tiques de la même espèce ont donné le «matching» le plus important avec la sous-espèce des Hyalomma marginatum du sud de la France.

Pour rappel, la tique de Dudelange est la seule du genre à avoir été retrouvée à ce jour. Ce qui est relativement rare. À tel point que les institutions ne commandent des analyses ADN que quand elles disposent de plusieurs spécimens. Le Musée en attendait un second depuis 2018 et, de guerre lasse, a tout de même commandé l’examen en laboratoire.

Reste à savoir comment cette tique qui n’a rien d’indigène est arrivée au Luxembourg. Sans doute via un hôte temporaire, animal ou humain, qui peu avant a séjourné dans le sud de l’Hexagone. L’hypothèse d’une invasion de tiques géantes avancée par certains semble donc s’éloigner d’un seul coup.

Lente remontée vers le nord

Néanmoins, connue dans le sud de la France, en Corse ou encore au Portugal, et par une poignée d’individus en Allemagne, la Hyalomma marginatum semble progresser lentement, mais sûrement, vers le nord. «On assiste à une extension des zones par espèce», avait alors expliqué Raoul Gerend, de la Société des naturalistes luxembourgeois. «Notamment des insectes et araignées subméditerranéens. La mante religieuse, certaines libellules, l’Argiope bruennichi, des scarabées et le criquet de brousse de Méditerranée sont bien étudiés et en font partie. Voici 20 ans, d’autres espèces se trouvaient en Alsace ou en Bourgogne et sont maintenant aussi installées chez nous. Il n’est donc pas étonnant que des tiques arrivent aussi plus au nord.»

Voici quelques semaines, la tique de Dudelange avait connu son heure de gloire dans les médias. Le fait, tel que décrit par le Musée d’histoire naturelle, qu’«elle puisse ‘sentir’ l’approche d’un hôte potentiel grâce au CO2 qu’il dégage ou aux vibrations du sol, puisqu’elle s’installe à terre et non sur des herbes ou des branches» n’y était pas étranger. «Si c’est le cas, contrairement à la tique européenne, elle peut parfois essayer de trouver ou de suivre cet hôte. Son action se fera alors sur 100m au maximum.»

Heureusement, ces qualités de prédation sont l’apanage des Hyalomma qui vivent en Afrique et ne peuvent se permettre de laisser passer une occasion de sauter sur un hôte. Celle de Dudelange, on le sait maintenant, n’était «que» française.