Gestionnaire confirmée, 51 ans, est présidente du collège de la Commission nationale pour la protection des données. Par le passé, elle a exercé comme avocate au Barreau de Luxembourg, avant de rejoindre l’état-major de l’armée luxembourgeoise, pour intégrer l’Administration des services de secours en 2005, où elle devient chef de la division administrative, technique et médicale en 2008.
Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés en tant que femme administratrice?
«Faire reconnaître ses compétences et son expérience malgré son âge, son sexe ou son apparence physique, trouver des alliances et du support tant par des femmes que par des hommes, à différents niveaux hiérarchiques, et obtenir la garantie d’une work-life balance permettant une vie de famille tout en maintenant ses perspectives d’emploi sans se heurter au plafond de verre.
Comment gérez-vous les éventuelles résistances ou le scepticisme à votre égard?
«Un homme m’a conseillé un jour, après un incident avec un autre homme, de rentrer et revenir le lendemain comme si de rien n’était. Ce que j’ai fait et fais depuis et cela fonctionne très bien. Le cas échéant, il faut tout de même adresser des incidents ou des situations de conflit pour les clarifier et éviter qu’ils se reproduisent. La formation de médiateur m’a permis de mieux pouvoir comprendre et tenir compte des motivations des personnes résistantes ou sceptiques à mon égard, de ma façon de faire ou de mes idées. Il faut être prêt à écouter, communiquer et trouver des compromis.
Pensez-vous que l’égalité hommes-femmes progresse au sein des conseils d’administration?
«Je suis persuadée que l’égalité hommes-femmes viendra naturellement. Beaucoup plus de femmes font des études, beaucoup plus d’hommes contribuent au ménage. Une parité a dès lors vocation à s’installer. Entre-temps, des incitations et des mesures pour maintenir les progrès atteints ne sont pas dépourvus d’intérêt.
Que pensez-vous des quotas pour les femmes dans les conseils ?
«J’estime qu’il n’y a pas une solution unique qui convient à toutes les situations ou secteurs. Des quotas peuvent être utiles dans certains secteurs, mais contre-productifs dans d’autres. Il faudrait aussi réfléchir à d’autres mesures d’encouragement.
En tant que femme administratrice, vous sentez-vous investie d’une responsabilité particulière dans la défense de la parité et de l’inclusion?
«Oui, absolument, bien que parfois on est précurseur dans ce rôle et qu’il n’y a pas nécessairement de compréhension ou de gratitude, surtout immédiate.
Selon vous, comment la diversité influence-t-elle la performance d’un conseil d’administration?
«La diversité peut être très bénéfique pour la performance, surtout si elle est complémentaire et que les administrateurs agissent de concert.
Selon vous, quelles solutions ou quelle politique pourraient encourager une meilleure parité?
«Des recommandations sur la parité et l’inclusion non contraignantes pourraient contribuer à un bon résultat, à condition qu’elles soient accompagnées d’une bonne sensibilisation et de sondages et retours. Ce pourrait être des politiques stratégiques à mettre en place par des ministères et des chambres ou organisations professionnelles concernées.
Quel conseil donneriez-vous à une femme qui hésiterait à se lancer?
«Vas-y, essaie, mais prépare-toi bien, accepte de l’aide et ne soit pas trop naïve.
Pour finir, avez-vous une anecdote ou un moment marquant dans votre parcours qui illustre la réalité d’être une femme dans ce rôle?
«Quand je suis revenue de mon congé de maternité, j’ai constaté qu’on avait donné l’impression au très jeune débutant qu’il avait été embauché pour prendre ma position et non pas pour m’assister. Il n’avait fallu que trois mois pour lui faire croire cette histoire, tandis qu’il m’a fallu un peu plus longtemps pour récupérer mes dossiers et mes pouvoirs. Cet épisode donnait à réfléchir.»