Nicolas Mackel: «2022 a été une année particulièrement volatile, tant sur le plan macroéconomique que géopolitique, ce qui signifie que la valeur des actifs a été impactée.» (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Nicolas Mackel: «2022 a été une année particulièrement volatile, tant sur le plan macroéconomique que géopolitique, ce qui signifie que la valeur des actifs a été impactée.» (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Quelle est la contribution exacte de l’industrie financière à l’économie du Grand-Duché? Selon Luxembourg for Finance et Deloitte, un peu moins de 30% de tous les emplois sont liés, directement ou indirectement, à ce secteur.

Le secteur financier représente environ 26% de la valeur ajoutée du PIB du Luxembourg et des milliards d’euros de recettes fiscales, selon le rapport , publié ce 17 janvier par Luxembourg for Finance et Deloitte. «La société luxembourgeoise bénéficie d’un certain nombre d’avantages découlant de la présence significative de nombreuses sociétés de services financiers», a commenté , CEO de LFF, à Delano.

Des avantages sonnants et trébuchants mais également sociétaux et culturels tirés par l’internationalisation de la population. En outre, le rapport rappelle que de nombreuses personnes qui travaillent dans le secteur des services financiers vivent dans le pays. Ce qui crée, par ricochet, des emplois. L’effet de ruissellement du secteur financier atteint 70.927 emplois créés par des effets indirects ou induits. Donc pour chaque emploi directement créé par le secteur financier, 1,1 emploi est créé dans d’autres domaines de l’économie luxembourgeoise.

Le Luxembourg comptait , dont 135.519 postes liés à la finance, soit 29,5% de l’emploi national.

Pour Nicolas Mackel, «le succès de notre centre financier profite clairement à l’État et à sa population. Les recettes fiscales apportent une contribution importante aux dépenses publiques, qu’il s’agisse d’investissements dans les infrastructures publiques ou de salaires. En outre, nos excellents systèmes de sécurité sociale, de retraite et d’assurance maladie ont directement bénéficié de la présence du centre financier».

«Le secteur bancaire a fourni la contribution la plus importante, représentant une part de 51,8% de la valeur ajoutée de l’ensemble de l’industrie financière en 2021», indique le rapport. Il était suivi par le secteur des fonds (30,8%), des assurances (13,2%) et des services de conseil, d’audit et juridiques (4,2%). La valeur ajoutée est ici définie comme la combinaison des bénéfices nets, des frais de personnel et du total des impôts payés.

L’emploi global du secteur financier a augmenté de 2,5% par an entre 2011 et 2021. Une dynamique qui devrait durer tant que «Luxembourg restera compétitif».

En incluant le secteur des paiements, «à la fin de 2021, le nombre de personnes employées par l’industrie financière au Luxembourg atteignait 64.592».

La croissance de la valeur ajoutée a suivi celle de l’emploi, soit une augmentation moyenne de +5,2% par an.

Le secteur bancaire a contribué le plus aux finances publiques (2,7 milliards d’euros en 2021), suivi par le secteur des fonds (1 milliard d’euros).

Dans le secteur bancaire, le secteur de la banque d’entreprise affiche en termes de valeur ajoutée une croissance annualisée de 16,5%. En revanche, les activités de banque de détail, de banque privée et de banque liée à des fonds ont toutes enregistré une baisse de la valeur ajoutée.

Le segment de la banque privée a subi une pression particulière, avec des marges de revenus en baisse de -2,9% par an sur la période de 10 ans.

L’emploi dans le secteur des fonds connaît «une croissance limitée mais régulière», augmentant de 2,3% par an entre 2011 et 2021. La croissance a été «principalement tirée» par les professionnels spécialisés du secteur financier (PSF), (ManCos) et les entreprises d’investissement, qui ont collectivement enregistré une augmentation de +5,1% de leurs effectifs.

Les fonds d’investissement domiciliés au Luxembourg avaient environ 5,9 milliards d’euros d’actifs sous gestion à la fin de 2021.

Le montant collecté par la taxe d’abonnement a grosso modo doublé entre 2011 et 2021 pour atteindre 1,28 milliard. Cette taxe est payée par les fonds d’investissement sur la base des actifs sous gestion.

La valeur ajoutée apportée par le secteur de l’assurance a connu un pic en 2021. Cela est, selon le rapport, «principalement dû à l’augmentation notable des primes brutes (+14,4%) et du bénéfice net (+197,6%) dans le secteur non-vie en 2021 par rapport à 2020.»

Les gains notables dans le secteur de l’assurance sont «partiellement» dus au Brexit, selon Nicolas Mackel. «L’impact du Brexit sur le secteur de l’assurance est certainement pris en compte dans les séries de données de ce rapport. Cependant, la plupart des mesures liées au Brexit ont été prises bien avant la date limite du Brexit de 2020, car les acteurs devaient se préparer. Par conséquent, ce n’est pas le seul facteur expliquant l’augmentation des gains. Les compagnies d’assurance ont fait des efforts considérables pour développer leurs portefeuilles et maintenir la rentabilité des portefeuilles existants grâce à des mesures d’ajustement des prix.»

La proportion de la main-d’œuvre luxembourgeoise directement employée dans le secteur financier est restée stable – environ un employé sur sept dans le pays – entre 2011 et 2021, soit 14,1% en 2021, 0,3% de moins que dix ans auparavant.

«La valeur ajoutée du secteur financier par employé est environ deux fois plus élevée en moyenne que celle des autres secteurs de l’économie», selon le rapport.

Selon le rapport, l’industrie financière crée environ 1,1 emploi en plus de l’emploi direct. Cela comprend 52.300 emplois indirects chez les prestataires de services et les fournisseurs, et chez leurs prestataires de services et fournisseurs. Il comprend également 18.500 emplois induits par les dépenses personnelles du personnel du secteur financier et les investissements réalisés par les entreprises financières et les fournisseurs.

Le rapport qualifie ce chiffre d’«estimation relativement prudente. Il n’inclut pas, par exemple, les dépenses rendues possibles par les impôts payés par les employés du secteur financier. «L’impôt sur le revenu peut servir à financer des emplois ou des investissements publics qui contribuent à accroître la main-d’œuvre du secteur de la construction. Pourtant, ces impacts ne sont pas pris en compte dans les calculs.»

Un parcours similaire probable pour 2022

Le rapport couvre la période 2011-2021. À la question de savoir s’il avait observé des changements de trajectoire notables l’année dernière, Nicolas Mackel a répondu: «2022 a été une année particulièrement volatile, tant sur le plan macroéconomique que géopolitique, ce qui signifie que la valeur des actifs a pris un coup. Ceci étant dit, la place financière luxembourgeoise est restée résiliente et nous ne prévoyons pas de changements de trajectoire notables pour les données de 2022. Par exemple, malgré une volatilité importante, les actifs sous gestion luxembourgeois ont connu une baisse de 9,1% entre janvier et novembre, comparé à l’indice S&P 500 qui a chuté de plus de 17% sur la même période ou à l’indice MSCI World qui a chuté de plus de 18%. Nous ne nous attendons pas non plus à une détérioration significative des actifs bancaires.

Toutefois, il se pourrait que le segment de l’assurance non-vie soit exposé à des pertes plus élevées que les années précédentes, en fonction de l’évolution de la guerre en Ukraine, étant donné que les contingences sont élevées et que les responsabilités potentielles pourraient donc également augmenter. Les portefeuilles d’assurance dommages devraient rester relativement épargnés, mais selon l’évolution de la guerre, les portefeuilles d’assurance aviation et marine pourraient subir des pertes potentiellement colossales.»

Nicolas Mackel conclut: «Étant donné que nous n’avons pas encore analysé les chiffres de 2022, nous ne pouvons pas faire de commentaires spécifiques sur la façon dont ils sont susceptibles d’évoluer.»

Cet article a été rédigé par  en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.