«En venant à Luxembourg, j’ai un peu l’impression d’être à la maison. Non pas parce que j’y ai passé des nuits comme ministre des Finances, mais parce que je m’y sens bien.»
Le Premier ministre, (DP), le ministre de l’Économie, (LSAP), et le président de la Chambre de commerce, , boivent du petit lait: devant la centaine d’entrepreneurs réunis pour un hackathon inédit, le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, déroule les vertus du Luxembourg dans le contexte européen.
«Le Luxembourg a un écosystème d’entrepreneurs: il a des talents comme nulle part ailleurs. Le pays est numéro un au monde en termes de niveau d’emploi des salariés. Des salariés qui ont toujours envie de se former pour créer l’innovation de demain et apporter leurs capacités à l’attractivité du pays. C’est là où je voulais venir pour lancer ce hackathon.»
«Nous sommes un laboratoire au cœur de l’Europe qui réunit plus de 150 nationalités», lui répondra le ministre de l’Economie, au cours d’un bref «statement», alors que les entrepreneurs ont commencé, en six groupes, à échanger sur ce qu’ils attendent de l’exercice, organisé par la Commission européenne en collaboration avec la Chambre de commerce du Luxembourg et son Enterprise Europe Network-Luxembourg.
Simplifier les règles
Le président de la Chambre de commerce et ancien ministre, , lui, n’a pas laissé passer ses quelques mots d’introduction, appelant le commissaire européen et l’Union européenne «à simplifier les règles, à les rendre claires et facilement applicables».
«Il y a encore beaucoup d’obstacles à lever pour les entrepreneurs», plaide l’avocat. «Si l’Europe veut jouer un rôle entre la Chine et les États-Unis, elle doit avoir cette ambition-là.»
Même son de cloche chez le Premier ministre, qui appelle à améliorer la politique industrielle et économique pour que «l’Europe ne soit plus tributaire des autres», sous-entendu ni des Chinois ni des Américains. «On doit revoir des règles pour voir émerger des champions européens», capables de rivaliser avec les Gafam et les BATX.
Les entrepreneurs ont aussi des devoirs
C’est sur un plan plus personnel que le commissaire, qui a salué le travail de la DG Connect, basée à Luxembourg et à l’origine du CovidCheck, a placé son intervention, rappelant qu’il était parti aux États-Unis à 24 ans afin de créer sa propre entreprise. «Pendant deux ans, j’ai eu tellement la tête sous l’eau que je n’avais qu’une envie», lâche-t-il, en relevant le menton en face du Premier ministre. «De sortir la tête. Puis j’ai embauché mon premier salarié. Ça change tout, de recruter son premier salarié, parce que ce n’est plus votre projet, mais vous avez une responsabilité. Puis le deuxième, le troisième. Plus le temps passe, plus vous êtes dans l’anticipation. Je suis venu par amour d’une Américaine, j’ai vendu mon entreprise pour revenir en Europe, en France… sans avoir épousé l’Américaine.»
Puis, plus sérieux, l’ex-CEO d’Atos – société qui rencontre nombre de difficultés en ce moment – invite les entrepreneurs à «renverser la question». «Afin que vous passiez aussi un moment à vous demander comment vous pouvez renforcer la position de l’Union européenne. Cet espace commun qui n’est pas rien. Nous sommes une fois et demie plus nombreux qu’aux États-Unis. Une fois et demie plus de consommateurs. Nous avons bâti, en 70 ans, un projet fondé sur des valeurs et sur des destins communs. Rien ne le défera! Et regardez les jalousies que cela a créées. La Russie est un ancien empire et peuplé de 142 millions d’habitants, avec le PIB de l’Espagne… La Turquie n’est plus un empire… Nos amis britanniques sont un empire sur le déclin… Nous, nous avons un projet d’avenir, un projet formidable!»
Le commissaire européen a ensuite assisté aux présentations de deux entrepreneurs luxembourgeois, Tahereh Pazouki, lauréate du prix de l’innovation sociale en Europe avec sa solution d’apprentissage Magrid, et Fabrice Testa, cofondateur de Maana Electric, start-up de l’espace capable de fabriquer des panneaux solaires avec du sable et dans le sable.