S’opposer à ce vieil adage boursier «the trend is your friend» (la tendance est votre amie) comporte des risques. Je ne dis pas que le marché monte pour de mauvaises raisons, mais nos métiers nous invitent à la prudence pour ne pas prendre de risques excessifs. Nous tentons chaque jour de filtrer le bruit ambiant comme nous l’indiquions dans nos perspectives de début d’année pour 2024. Le but en est d’identifier les tendances sous-jacentes, tant sur le court terme que sur le long terme.
Baisse des taux: les banquiers centraux prennent leur temps
Les anticipations de baisse des taux des banques centrales restent au cœur des marchés et vu que la Réserve fédérale américaine ne semble pas prête à baisser ses taux dans l’immédiat, on aurait pu se dire que cela aurait éventuellement conduit à une correction. Il y en a eu une petite au début du mois d’avril, car les chiffres de l’inflation américaine pour mars avaient fait craindre une persistance de la hausse des prix, entraînant alors une réduction des anticipations de baisse. Depuis, les chiffres du mois d’avril ont apaisé ces craintes.
Nous maintenons notre vue que l’inflation devrait continuer de ralentir, mais que le dernier kilomètre pour atteindre la cible de la Fed pourrait prendre du temps. Une vue que les banquiers de la Fed partagent. Ils restent pour le moment unis dans leur volonté de maintenir les taux aux niveaux actuels, probablement au moins jusqu’à septembre. Mais à la fin de l’année, les taux devraient être un peu plus bas aux États-Unis, ce qui soutient le marché.
Comme je le notais lors de ma précédente chronique, la croissance américaine avait également permis au marché de tenir quand celui-ci revoyait drastiquement ses prévisions de politique monétaire entre janvier et mars. Depuis, nous avons observé une certaine modération de l’économie américaine, ce qui ne nous étonne pas dans la mesure où nous attendions un ralentissement en 2024.
Malgré tout, l’économie se tient toujours comme en témoignent les résultats des entreprises. Comment ne pas penser à Nvidia qui continue de défier les estimations les plus optimistes tout en proposant de solides perspectives de bénéfices et en soutenant la vague haussière de l’intelligence artificielle?
La reprise européenne
Récemment, nous avons augmenté notre exposition aux actions de la zone euro, car celle-ci semble être sortie d’une longue période morose, marquée par des mois de stagnation. Les indicateurs avancés tels que ceux des directeurs d’achats sont globalement orientés à la hausse.
Il semblerait également que la confiance revienne, à la fois chez les consommateurs et les entreprises. Le chômage reste donc à des niveaux historiquement bas. De plus, la Banque centrale européenne (BCE) devrait très vraisemblablement commencer à réduire ses taux directeurs dès le mois de juin étant donné le ralentissement de l’inflation et le poids des conditions de crédit restrictives. Cette baisse des taux devrait se poursuivre, même si elle sera probablement limitée. Elle permettra néanmoins de soutenir la demande de crédit et les investissements, qui ont souffert lors de cette période de remontée des taux.
Certes, les prix des actions européennes sont proches des plus hauts historiques, mais leurs valorisations sont attractives aussi d’un point de vue historique et les perspectives des bénéfices s’améliorent.